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La grande roue, l’emblème de la Schueberfouer


(photo archives Editpress/Alain Rischard)

D’un manège à sensations à une invitation à la lenteur, la grande roue est le symbole d’une foire. Au fil des siècles, elle a su s’adapter aux évolutions technologiques et sociétales.

Du haut de ses 55 mètres, elle surplombe et observe avec lenteur l’effervescence du champ de foire. Omniprésente sur les cartes postales d’antan ou les selfies d’aujourd’hui, elle est comme figée dans le temps. Véritable emblème, la grande roue de la Schueberfouer est une institution présente depuis les prémices de la foire luxembourgeoise. «Elle a fait son apparition sur les champs de foire en 1890. Elle était très différente de celle d’aujourd’hui, beaucoup plus petite et ressemblait davantage à une balançoire. D’ailleurs, on l’appelait la balançoire russe», raconte Steve Kayser, historien et spécialiste de la Schueberfouer.

À cette époque, le manège n’est pas connu pour la paisibilité de sa lenteur, mais au contraire pour sa témérité. «C’était une course très rapide. Pour les gens de l’époque, c’était même assez impressionnant», note le spécialiste.

Les années passent et la grande roue change de fonction. D’un manège à sensations, elle prend, après la Seconde Guerre mondiale, une fonction d’observation panoramique. Une vue grandeur nature sur la foire qui se veut impressionnante. Pour obtenir cet effet, elle passe d’une structure en bois à celle en acier.

«Avant cela, les roues étaient beaucoup plus petites, elles ne dépassaient pas souvent les 28-30 mètres. Dans l’histoire, il n’y a pas toujours eu de grandes roues car cela dépendait de la place, mais les premières grandes roues ont fait leur apparition dans les années 1950», explique Steve Kayser.

Dans le passé, la grande roue ressemblait davantage à un manège de balançoires. Photo : photothèque

 

La grande roue évolue ainsi au fil du temps et essaie de s’adapter aux modes des époques. Dans les années 1970, elle fait partie des plus grandes d’Europe avec près de 45 mètres de hauteur. «C’était une roue qui voyageait beaucoup dans les grandes fêtes foraines européennes. Ses nacelles étaient ouvertes, ce qui donnait un aspect différent au manège», raconte l’historien. Après plus de vingt ans de présence, la roue des années 1970 plie bagage.

Une grande roue écologique

Dans les années 1990, une autre grande roue fait son apparition sur le champ de foire. Plus moderne, elle appartient à une ancienne famille foraine originaire d’Allemagne. Les Bruch possèdent depuis plusieurs générations des manèges de tout type, comme les grands huit ou les loopings, mais aussi des grandes roues. Une tradition familiale qui commence très tôt, en 1896, avec les fameuses roues primitives, les balançoires russes.

Les premières grandes roues font leur apparition dans les années 1950. Photo : photothèque

 

Au Luxembourg, la grande roue Bruch est présente depuis 1995 et est aujourd’hui gérée par Wiebke Bruch et son père Oscar. Celle qui représente la septième génération de forains n’imaginait pas faire perdurer l’affaire familiale.

«Après mon baccalauréat, je me suis spécialisée dans le domaine bancaire et la finance. Après quelques années, j’ai fait le choix de rester dans le monde forain. Il est vrai que mes études m’aident beaucoup dans mon quotidien, car je gère la comptabilité, le personnel, la logistique, les relations publiques et tous les problèmes de maintenance», confie-t-elle.

Un quotidien fait de contrôles permanents, mais aussi d’adaptations face aux demandes des visiteurs. «Depuis 1993-1994, la grande roue a beaucoup évolué. Un de nos premiers postulats était de faire de nouvelles nacelles pour permettre aux personnes à mobilité réduite de pouvoir profiter du manège», explique Wiebke Bruch.

Les champs de foire sont des moments d’histoire collective, mais aussi individuelle

L’accessibilité aux personnes handicapées, mais aussi l’écologie. Aujourd’hui, cette grande roue est, selon sa gérante, qualifiée d’écoresponsable. «Les quatre moteurs de la roue travaillent avec une consommation très basse», assure la gérante du manège. Une réutilisation qui sert en partie à la climatisation des nacelles, un projet lancé cette année par la famille Bruch.

«On a fait cela pour le confort des visiteurs. On ne consomme rien de plus, car toute l’énergie produite par la roue est récupérée et réintégrée dans le circuit. Avec ce système, il n’y a pas d’impact sur l’environnement. On essaie aussi de réduire les nuisances sonores avec des moteurs qui font peu de bruit», assure la gérante.

D’hier à aujourd’hui, les grandes roues sont des parties «intégrantes et intégrées des fêtes foraines». Avec parfois un style vintage, «de Paris Belle Époque», comme celle de la Schueberfouer, elles représentent aussi, comme l’explique Steve Kayser, une part de nostalgie. «C’est ce qui fait encore aujourd’hui le succès des grandes roues, comme des carrousels (…). Les champs de foire sont des moments d’histoire collective mais aussi individuelle. C’est un patrimoine culturel que l’on retransmet entre générations et qui reste gravé dans notre mémoire.»