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La finance durable cherche son chemin


Les critères ESG doivent aider le consommateur à faire un choix éclairé… même si le système a ses limites.  (Photo : archives lq)

La finance durable a le vent en poupe pour séduire les consommateurs. Mais son système d’évaluation est-il bien cohérent ?

Investir tout en protégeant la planète et les hommes. Le monde économique s’est adapté face à la prise de conscience de certains consommateurs désirant un autre modèle de développement. La finance durable était née. Les députés François Benoy et Charles Margue (déi gréng) ont néanmoins voulu pointer du doigt certains risques concernant ces investissements. Ils ont interpellé, via une question parlementaire, la ministre de la Protection des consommateurs, Paulette Lenert (LSAP), à la faveur du bilan d’une récente campagne de sensibilisation sur la finance durable. Cette action, initiée par le ministère de la Protection des consommateurs, de la Fondation ABBL pour l’éducation financière, la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (ALFI) a eu lieu du 1er mars au 15 avril. Elle visait à aider les consommateurs à mieux comprendre la finance durable et à faire un choix conscient d’investissement. L’initiative, louable, n’a pas été épargnée par les critiques de certains acteurs de la société civile. Les députés ont rappelé que le site mis en place dans le cadre de la campagne (www.finance-durable.lu) se concentrait surtout sur la mise en valeur de la considération de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) lors de décisions d’investissement, sans pour autant renseigner les consommateurs sur les risques de verdissage (utiliser de manière trompeuse l’argument écologique pour une entreprise) ou blanchiment social (quand une entreprise se donne une image trompeuse de responsabilité sociale). Pour rappel, les critères ESG permettent d’évaluer la prise en compte du développement durable des acteurs économiques comme : les émissions de CO2, la consommation d’électricité, la qualité du dialogue social, la formation des salariés pour le pilier, la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la corruption…

Pour les députés, une question se pose : la campagne ne risquait-elle pas d’induire les consommateurs en erreur sur le véritable impact carbone et social de certains investissements? En effet, la prise en compte de critères ESG ne garantirait pas nécessairement un impact carbone moindre. Ils citent en exemple une étude récente menée par le plus grand gestionnaire de données ESG, qui a dévoilé que parmi plus de 500 fonds d’investissement ESG analysés, un fonds sur sept avait un impact carbone supérieur à la moyenne de tous les fonds répertoriés dans la base de données.

Un système ESG perfectible

Pour la ministre Paulette Lenert, il est tout à fait valable de débattre du fait que «la simple prise en considération des critères ESG peut ne pas équivaloir à une approche d’investissement véritablement durable, mais il faut prendre en compte le fait que le domaine est en évolution permanente en raison des réglementations et des pratiques en constante progression, en particulier au niveau de l’Union européenne». Pour elle, «l’investissement ESG, tout en englobant une approche plus large visant à protéger un portefeuille contre les risques opérationnels ou de réputation, est fondamentalement aligné sur les principes de l’investissement durable». Elle ajoute que les fameux critères ESG permettent de promouvoir des pratiques commerciales responsables et ont un impact positif pour la société dans son ensemble. Sa diffusion «contribue à une économie mondiale plus durable et plus résiliente».

La confiance en ce système réside aussi en un contrôle des critères appliqué par les entreprises via la réglementation, européenne notamment. L’objectif : accroître la transparence des entreprises concernant ces engagements. Mais la législation est toujours en cours d’élaboration, d’évolution. Paulette Lenert précise ainsi que le 13 juin dernier, la Commission européenne a publié une proposition législative pour un règlement sur la transparence et l’intégrité des activités de notation ESG qui fait partie du paquet de nouvelles mesures visant à stimuler l’investissement dans la finance durable. Le règlement vise à harmoniser la réglementation dans l’ensemble de l’UE, étant donné qu’il n’existe actuellement aucune loi régissant les fournisseurs de notations ESG dans les différents États membres de l’UE. De plus, à partir de janvier, les entreprises devront rendre compte de l’impact de leurs activités sur les facteurs ESG, ce qui augmentera la fiabilité des données. Le système ESG, perfectible, s’améliorera donc et constituera toujours la base pour guider les consommateurs vers des entreprises prenant part à cette finance durable qui se développe. À charge également aux consommateurs de bien s’informer à travers différents canaux…

Un commentaire

  1. Isaure d ‘Archimbaud

    Dommage que la ministre ne cite pas la directive csrd ni le règlement sur la taxonomie qui exerceront une influence certaine sur la véracité des informations communiquées dans le domaine de l esg et ainsi contribueront à lutter contre le greenwashing et pour une une finance véritable thé durable