La pétition « non à la fermeture de la route entre Rédange et Belvaux » a atteint, ce mercredi 5 juin, les 4 500 signatures nécessaires pour faire l’objet d’un débat à la Chambre des députés.
Lorsque que l’avions rencontrée trois jours après le lancement de sa pétition demandant la non-fermeture de la route entre Belvaux et Rédange, Sandrine Mlodzieniak était en colère. En colère à l’idée que la petite ville dans laquelle elle réside, Audun-le-Tiche, déjà traversée par quelque 25 000 véhicules quotidiennement, se trouve encore plus engorgée, dans un avenir proche.
Car une fois la partie du CR178 fermée par des bornes rétractables, les 4 000 frontaliers empruntant cet itinéraire bis reliant le Luxembourg à la France via Belvaux puis Rédange, se rabattront sur la liaison Micheville et viendront nourrir le flot des véhicules dans les rues audunoises. Prévu par le Plan national 2035 de mobilité luxembourgeois, ce sera certes un soulagement pour les habitants de Belvaux, mais un obstacle de plus sur le trajet des navetteurs.
Depuis le 10 mai, le quotidien de cette travailleuse frontalière a radicalement changé : «Je ne m’attendais pas à une telle médiatisation, confie-t-elle. J’ai été interviewée par la presse, la radio et même la télévision. J’ai repensé récemment à l’un de mes bulletins scolaires sur lequel il était inscrit “élève inexistante”», rigole-t-elle.
Mais la colère est toujours là, motrice : désormais entourée d’une poignée de convaincus, elle distribue parfois dès 5 h, les tracts imprimés par ses soins aux automobilistes, sur les marchés, dans les boîtes aux lettres, sur les pare-brise des voitures… Rien ne semble entraver sa détermination, pas même le vol de la banderole qu’elle avait accrochée sur l’un des ponts de la liaison.
Comment réagissent les personnes qu’elle rencontre ? «Les gens sont réceptifs, beaucoup ne sont pas au courant, ils nous disent “ce n’est pas possible, ils ne peuvent pas faire ça (NDLR : interdire à la circulation le passage entre Belvaux et Rédange)», rapporte-t-elle.
Si elle a reçu le soutien de la mairie d’Audun-le-Tiche, elle n’a pas obtenu celui du maire de Rédange, Daniel Cimarelli, qui s’est fendu d’un commentaire cinglant sous l’une de ses publications sur Facebook, affirmant que «si le trafic routier est important sur Audun-le-Tiche, ce n’est ni la faute du maire de Rédange ni de la bourgmestre de Sanem. Où étiez-vous quand il a été décidé de réaliser un contournement d’Audun-le-Tiche qui traverse la ville?».
Le contournement, inauguré en 2016, est en fait au cœur du problème, car non seulement il n’a de contournement que le nom, puisqu’il passe en plein centre-ville, mais surtout, il n’a fait que ramener davantage de circulation dans la plupart des rues. Ce qu’il faudrait, explique encore Sandrine Mlodzieniak, c’est que la date de la fermeture de la route à Belvaux coïncide avec la mise en service du tram rapide Esch-Luxembourg et l’ouverture de lignes de bus transfrontalières, dont certaines profiteront de corridors à haut niveau de service. Des lignes prévues pour pallier la fermeture de la gare audunoise dans quelques années.
À 13 jours de la fin de l’enregistrement des signatures, la pétition a dépassé aujourd’hui le seuil des 4 500 signatures et sera donc débattue à la Chambre des députés. En attendant ce jour, Sandrine Mlodzieniak continue d’interpeller les politiques des deux côtés de la frontière et discuter avec eux de cette fermeture de route «qui ne fait que déplacer le problème». L’ex-élève «inexistante» voit encore plus loin en appelant de ses vœux un référendum à l’intention des frontaliers dans lequel ils pourraient exprimer leurs besoins. Et elle confie avoir déjà trouvé son prochain combat : la double imposition des travailleurs frontaliers français.