En 2022, le nombre d’infractions enregistrées par la police s’établit à 54 552 cas, soit un bond de 27 % par rapport à 2021. Ce sont les vols simples et escroqueries qui sont les plus fréquents.
La présentation, hier, des statistiques policières de la délinquance de 2022 a eu lieu dans un contexte particulier. La situation sécuritaire ne cesserait de se dégrader, clament certains partis politiques. Mais qu’en est-il de la réalité sur le terrain?
Les chiffres bruts ne peuvent que confirmer les inquiétudes exprimées. Entre 2021 et 2022, le nombre d’infractions enregistrées par la police est passé de 42 875 à 54 552 cas, soit une hausse de 27 %. Aussi bien les infractions contre les biens – largement majoritaires (66 % du total) – que les infractions contre les personnes (17 %) ont fait un bond (voir graphique ci-dessous). Les vols simples (11 324 cas) arrivent loin devant les escroqueries (4 689 cas) et les destructions de biens d’autrui (4 297 cas). Suivent les coups et blessures volontaires (3 339 cas). Si la tendance à la hausse observée ces dernières années se confirme pour ce phénomène sociétal, il est à noter que dans 80 % des cas, les victimes n’ont pas été frappées d’une incapacité de travail.
Moins de vols avec arme
D’une manière plus globale, plus d’un quart de toutes les infractions enregistrées (16 452 cas) constitue des vols simples, des vols à l’étalage, des vols domestiques (cambriolages) et des vols à la tire (tentatives incluses). «Donc des vols sans recours à la violence», précise la police dans un communiqué.
Néanmoins, les vols avec violences sont en augmentation, passant de 505 en 2021 à 591 cas en 2022 (voir graphique ci-dessous). Le directeur central de la police administrative, Pascal Peters, ne cache pas qu’un «sentiment d’insécurité» peut exister au sein de la population. Ce ressenti serait toutefois «influencé par des événements très médiatisés qui ne sont pas toujours statistiquement significatifs».
Il est ainsi à noter que les vols avec violences où les auteurs sont armés (89 cas) ont baissé par rapport à 2021 (-7 %). Seulement 6 des près de 3 000 infractions liées aux véhicules ont été des vols avec violences, menaces ou emploi d’armes. Les vols à main armée sur des commerces et établissements se sont limités à 16 cas, dont 7 sur des stations-services.
Plusieurs phénomènes sociétaux sont avancés pour expliquer la nette hausse des infractions. La police renvoie notamment aux arnaques et escroqueries renforcées sur internet (phishing, fraudes à l’investissement, etc.). Les dossiers ouverts ont fait, en 2022, un bond de quelque 2 400 unités.
Les tendances statistiques du Luxembourg suivraient d’ailleurs celles observées au niveau européen, notamment dans nos pays voisins du Grand-Duché, où une nette augmentation de la délinquance a également été constatée. Un dénominateur commun est la sortie de la crise du covid, avec à la clé une levée des restrictions et confinements.
«Le Luxembourg reste un pays sûr»
«Nous ne sommes pas surpris par l’augmentation du nombre d’infractions après la fin des restrictions. Avec le retour à la normale, dans lequel les gens se déplacent librement et les activités du quotidien reprennent, les criminels ont de nouveau des occasions de passer à l’acte», développe le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox. Pour autant, il assure «ne rien vouloir cacher ou minimiser», répondant, au passage, à des critiques émanant de l’ADR.
La réactivité et la flexibilité de la police, notamment grâce au renfort continu des effectifs, demeurent une priorité du ministre. Au-delà d’un important travail de prévention et de sensibilisation, les différents services sont parvenus à élucider 45,9 % des affaires. Dans les infractions contre les personnes, il a été, dans plus de 90 % des cas, possible d’identifier au moins un suspect. Le taux global d’élucidation est cependant retombé, en 2022, sous la barre des 50 %.
En dépit de tous ces chiffres, le ministre Henri Kox a tenu à faire passer un message : «Le Luxembourg reste un pays sûr, doté d’un solide État de droit.»
2 233
La majorité des cambriolages ont eu lieu dans des immeubles d’habitation (1 565 cas, +11,5 % par rapport à 2021). Les effractions dans des bâtiments (commerces, entreprises, etc.) se chiffrent à 668 cas (+4,4 %).
2 976
La catégorie «vols liés aux véhicules» est en augmentation par rapport à 2021 (2 447 cas). Les vols commis dans les véhicules (1 633 cas) sont plus nombreux que les vols de vélos (1 004 cas) et autres véhicules (333 cas).
338
Le nombre de rébellions (94 cas) et d’outrages à agents (244 cas) est resté stable, voire en légère baisse, par rapport à 2021, où la fin d’année était marquée par les manifestations contre la politique «covid».
9
Les meurtres et assassinats, en hausse par rapport à 2021 (9 cas contre 3), restent des faits isolés, selon la police. Dans toutes les affaires, un auteur présumé (tous avec un lien avec la victime), a pu être identifié.