Face à la multiplication des massacres d’ovins, les préfets des Vosges et de Meurthe-et-Moselle ont délivré un permis de tuer l’espèce protégée. Les écolos comptent s’opposer par tous les moyens à ces tirs de prélèvement.
Wanted. La chasse au loup est ouverte dans les Vosges et en Meurthe-et-Moselle. Ce permis de tuer une espèce protégée a été accordé par Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts et Philippe Mahé, préfets respectifs des deux départements. Ils n’ont communiqué qu’hier, alors que les associations écolos dégainaient leurs premiers communiqués.
Mais le 1er décembre, ils ont conjointement signé un arrêté « ordonnant la réalisation d’un tir de prélèvement en vue de la protection contre la prédation du loup des troupeaux domestiques » sur quatre communes de la plaine vosgienne, à l’est de Neufchâteau (Autigny-la-Tour, Chef-Haut, Houéville et Soncourt).
La traque pourra avoir lieu dans un périmètre englobant 60 communes environnantes, 35 dans les Vosges et 25 en Meurthe-et-Moselle voisine. Selon l’Etat, ce secteur a fait l’objet, en 2015 et 2016, de 132 attaques, pour 469 ovins tués ayant donné lieu à indemnisation au 16 novembre. Des chiffres impressionnants qui ont poussé les autorités à cette mesure radicale.
La présence du loup en Lorraine a été officialisée en avril 2011, du côté de La Bresse, où une meute a aujourd’hui pris ses quartiers. Les premiers massacres d’élevages dans la plaine vosgienne et les départements voisins de Meuse et de Meurthe-et-Moselle remontent, quant à eux, à 2013. Les autorités les imputent, pour l’heure, à un seul serial killer. Il a été pris de multiples fois en photo par les pièges installés par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage).
Les mesures de protection mises en place par plusieurs éleveurs n’ont rien changé à l’affaire.
Appliqué dans plusieurs départements
Pas plus que les tirs d’effarouchement, puis de défense, qui ne pouvaient être donnés qu’à proximité des troupeaux concernés, lors d’une attaque. Rien à voir avec les tirs de prélèvement qui permettent d’aller à la rencontre de l’espèce protégée.
De nombreux départements français appliquent régulièrement ce dispositif. Depuis juillet, 12 loups ont été tués dans les Alpes-Maritimes, six en Savoie, quatre dans le Var, trois dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’Isère et la Drôme, et un dans les Hautes-Alpes. La Lorraine y a recours pour la deuxième fois. La première s’était soldée par un camouflet retentissant pour les autorités – ou par une belle victoire des associations écolos – suivant le côté duquel on se place.
L’arrêté du 28 août 2014, délivré par la préfète de la Meuse, avait été retoqué deux semaines après sa promulgation par le tribunal administratif de Nancy. La justice avait estimé que le texte ne respectait pas les dispositions de l’arrêté interministériel du 15 mai 2013 réglementant les possibilités de dérogations au statut strictement protégé de cette espèce. Celui déposé par les préfectures des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle semble beaucoup plus motivé.
Mais il a créé une véritable onde de choc dans les milieux environnementaux. Ils étaient déjà hier soir en ordre de bataille afin d’organiser la riposte.