La Brasserie nationale, temple de la bière luxembourgeoise, a ouvert ses portes au public dimanche, et dévoilé quelques-uns de ses secrets de production.
Les amateurs de houblon avaient rendez-vous hier dans le temple luxembourgeois de la bière : la Brasserie nationale. L’institution, issue de la fusion en 1974 de deux brasseries luxembourgeoises (Funck-Bricher, fondée en 1764, et Bofferding, fondée en 1842) a en effet ouvert ses portes au grand public et dévoilé l’antre de fabrication des bières Bofferding, Battin, Funck-Bricher et de l’eau minérale naturelle Lodyss. Un évènement exceptionnel : la dernière fois que la Brasserie nationale avait organisé une journée portes ouvertes, c’était il y a cinq ans. «On ne le fait pas chaque année, car pour cette seule journée, nous devons arrêter la production pendant une semaine», explique Mathias Lentz, le directeur, qui attendait hier de «3 000 à 4 000 visiteurs».
Dans une ambiance très conviviale, les experts de la Brasserie nationale ont guidé les visiteurs tout au long des étapes du processus de brassage, de la matière première au verre. Petits et grands ont ainsi pu découvrir les installations brassicoles souvent impressionnantes déployées sur le site d’un hectare et demi en plein cœur de Bascharage : cuves de brassage et de fermentation, échangeurs d’énergie, cuve de filtration… Jusqu’à la bien-nommée «cathédrale» où sont disposées les cuves de bière finie, des géantes de plusieurs mètres de haut qui contiennent pas moins de 140 000 litres de breuvage chacune – «l’équivalent d’un ou deux jours de production», souligne Mathias Lentz.
Le tout, dans des salles immaculées, et pas seulement parce que la maison reçoit! «La propreté, c’est essentiel. Et on en est très fiers. On ne peut pas se permettre qu’il y ait une quelconque infection», insiste le directeur de la brasserie. Il est loin le temps où les cuves étaient à ciel ouvert ! Quelques pièces de musée témoignent d’ailleurs d’une époque où l’inox et le carrelage n’étaient pas encore la norme et où la moitié des employés fabriquait des fûts en bois. Une salle pentue, avec le sol d’origine, signale quant à elle aux visiteurs qu’il fut un temps où il fallait rouler les tonneaux pour les déposer sur des charrettes tirées ensuite par des chevaux.
Houblon de Bavière
Des panneaux explicatifs rappellent aussi que l’entreprise luxembourgeoise s’ancre résolument dans la Grande Région : le malt provient essentiellement de Champagne (France) et de Bavière (Allemagne), tout comme le houblon, qui vient de l’Hallertau, la plus grande région de culture de houblon au monde. Quant à Lodyss, l’eau d’une grande pureté qui sert à la fabrication des bières et qui est commercialisée depuis 2020, elle est tout simplement puisée dans le sous-sol de la commune, à 317 mètres de profondeur.
«Notre marché aussi s’étend dans toute la Grande Région, de Bruxelles à Lille, de Reims jusqu’à la frontière suisse», indique le directeur. «Dans toute cette zone, y compris le Luxembourg, nous avons la même tactique de travail, nous vendons au même prix : pour nous, c’est un seul et même marché.» Chaque année, le groupe vend pour 150 000 hectolitres de bière et 60 000 hectolitres d’eau, et réalise un chiffre d’affaires qui s’élève à plus de 85 millions d’euros. Les nombreux prix reçus par la Brasserie (une quarantaine), dont le «Meiningers International Craft Beer Award» qui fait particulièrement la fierté de Mathias Lentz, témoignent de l’assise de la Brasserie nationale chez les brasseurs. Plusieurs raisons à cela, explique le directeur : «En plus du goût de nos bières, bien sûr, nos bières sont 100 % naturelles, non pasteurisées, sans conservateurs – c’est une philosophie. On innove beaucoup aussi.»
Des innovations tant dans les recettes et les processus de fabrication, que dans les installations : la visite de la Brasserie nationale se termine auprès de la station d’épuration, un bijou de technologie qui fait la fierté de la maison : «Quand on l’a eue, en septembre 2022, nous n’étions que cinq ou six au monde à avoir ce type d’installation. Grâce à elle, on utilise 50 % moins d’eau qu’avant, parce qu’on recycle notre eau, qu’on utilise ensuite pour le nettoyage. Notre charge polluante a diminué de 90 %», énonce Mathias Lentz. «La station permet de n’utiliser que 2,5 litres d’eau pour un litre de bière», quand la concurrence dépasse encore allègrement les trois litres d’eau.
Pour ceux qui n’auraient pas pu profiter de cette journée portes ouvertes, la brasserie organise des visites guidées tout au long de l’année, avec dégustation de bières à la clé et la possibilité de suivre des cours de débit, mais aussi de brasser sa propre bière au sein de la microbrasserie «De Brauatelier».