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La battue ne sera pas chassée du Luxembourg


Le pétitionnaire Cyril Perrichon (2e de g.) était notamment soutenu, hier, par Daniel Frères, président d’une association de protection animale et membre du Parti pirate.   (photo Chambre des députés)

La deuxième pétition en quatre ans, plaidant pour l’interdiction de la chasse en battue, n’amène pas la Chambre et le gouvernement à remettre en cause cette pratique toujours très contestée.

Les mots choisis par Cyril Perrichon, l’auteur de la pétition réclamant l’abolition de la chasse en battue, sont violents. «Il s’agit d’un massacre organisé pour satisfaire une pulsion meurtrière de certaines personnes», lance-t-il pour dénoncer une pratique, qualifiée de «torture envers les animaux chassés». Le pétitionnaire, soutenu par plus de 5 000 signataires, admet qu’«il faut contrôler la population de gibier dans les forêts», mais à l’aide d’autres alternatives que la battue. Un programme de contraception animale est mis en avant. Ou, du moins, une régulation du gibier par des vrais professionnels. «Les gardes forestiers de l’État devraient faire la régulation de la croissance du gibier au lieu de faire appel à une bande d’amateurs assoiffés de sang et de trophées», martèle le pétitionnaire. Le refus d’interdire la chasse en battue ferait des députés «des complices de ce massacre».

Les élus, présents en salle plénière pour le débat sur cette pétition, n’ont pas tardé à réagir. «Je ne me sens pas complice», répond Jean-Paul Schaaf (CSV). Gusty Graas (DP) a appelé le pétitionnaire à peser ses mots. «Il ne faut pas donner l’impression que tous les chasseurs sont des meurtriers», sermonne l’élu sudiste. «Les chasseurs se considèrent comme partie intégrante pour protéger la nature», renchérit Fernand Kartheiser (ADR).

Une fois les esprits calmés, les échanges ont davantage porté sur les types de chasse et les alternatives qui existent à la battue. Dans son intervention, la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring (déi gréng), a tenu à souligner d’emblée que les pratiques dénoncées dans la pétition sont d’ores et déjà interdites au Luxembourg : «Vous faites allusion à la chasse à l’épuisement. La chasse en battue ne consiste pas à poursuivre l’animal jusqu’à l’épuisement pour l’achever.» Elle souligne que le «bien-être et la protection animale (lui) importent beaucoup». Or, la chasse en battue resterait nécessaire, «comme élément pour la protection de la nature». Une surpopulation du gibier ne ferait que dégrader l’équilibre naturel.

La contraception «n’est pas applicable»

La ministre renvoie aussi vers une loi sur la chasse «qui compte parmi les plus modernes en Europe», car elle oblige les chasseurs à agir en respectant le développement durable et en protégeant la biodiversité. Les règles seraient très strictes, tout comme les critères pour obtenir un permis de chasse.

Comme évoqué en guise d’introduction, le pétitionnaire n’est pas d’office opposé à la chasse. L’objectif primaire est d’interdire la battue et la remplacer par des «méthodes plus respectueuses de la vie animale et de l’environnement». Les moyens de contraception sont qualifiés de solutions crédibles. «Cette idée fait depuis des décennies l’objet de recherches scientifiques. Or, à ce stade, la contraception n’est pas applicable. De plus, se pose la question de la consommation de viande avec la présence de médicaments», contre Laurent Schley, le directeur de l’administration de la Nature et des Forêts.

Une abolition de la chasse en battue n’est pas à l’ordre du jour. «Le ministère s’engage à continuer à aller vers un encadrement de la chasse pour rendre la pratique aussi respectueuse des bêtes que faire se peut», renseigne toutefois la Chambre des députés en conclusion du débat de mercredi. 

Plus de 8 600 sangliers tirés
ou retrouvés morts en 2021/2022

Le dernier bulletin technique de l’administration de la Nature et des Forêts (ANF) en matière de gestion de la faune sauvage et de la chasse renseigne que 8 632 sangliers ont été tirés ou retrouvés mors lors de l’année cynégétique 2021/2022. S’y ajoutent 5 789 chevreuils et 1 347 ratons laveurs, suivis de 501 canards, 321 cerfs, 175 daims et 303 lièvres.

«Alors que les chasses en battue bien planifiées permettent déjà d’effectuer un prélèvement quantitatif suffisant chez les cerfs, cela ne suffit souvent pas, surtout chez les sangliers», explique ce même bulletin. C’est pourquoi des pièges sont installés en complément afin de rendre plus efficace la chasse.