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Justice : Manuel voulait rentrer au Portugal et Jeff, fumer un joint en paix


Jeff et son ami Mdi se sont fait attaquer dans une arrière-cour de la rue du Fort Neipperg. (Photo : archives lq)

Manuel et Jeff cherchaient la paix. Ils l’ont trouvée grâce à la police. Manuel a renoué avec sa femme plutôt qu’avec la bouteille et Jeff a le sourire ainsi qu’un nouveau smartphone.

Dans la nuit du 14 juillet 2020, l’ambiance n’était pas à la fête chez Manuel et Raquel. Depuis, le couple s’est rabiboché et même remarié. Raquel a passé l’éponge sur les problèmes de comportement de son époux dus à ses problèmes d’alcool. «Il buvait de l’alcool du matin au soir et ne mangeait même plus», a raconté Raquel à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi. «J’ai appelé la police pour qu’elle aide mon mari, car la situation empirait de jour en jour.»

Le soir des faits, Manuel, contrarié, avait décidé de rentrer au Portugal et menaçait de tout casser en brandissant un pistolet, un couteau de pêche et un wakizashi, un sabre japonais plus petit qu’un katana. «Il avait déjà mis ses valises dans notre voiture qui était en panne», confirme l’épouse. Aujourd’hui, «tout va super bien. Il ne boit plus, il s’est intégré à la société, a retrouvé du travail et a acheté une nouvelle voiture.»

Un expert psychiatre a déroulé toute la vie du prévenu à la barre. Sa dépendance à l’alcool depuis la fin de son adolescence, ses problèmes de couple et familiaux, les secrets, le divorce, la perte de son emploi, ses accès de violence sous l’effet de l’alcool… avant de conclure que si Manuel reste totalement abstinent, son pronostic est favorable.

«Je n’ai plus bu une goutte d’alcool depuis les faits. Avant ma femme, personne ne m’avait encouragé à arrêter», explique le prévenu. «L’alcool m’a fait comme cela.» Manuel jure ne jamais avoir eu l’intention de faire du mal à quiconque et regrette amèrement ses accès de violence. Il n’était pas bien dans sa peau et démarrait au quart de tour pour des broutilles.

La plus jeune de ses filles a prévenu la police par peur que son père ne tue sa mère, selon la représentante du parquet, qui consulte le procès-verbal dressé par la police. La gamine aurait indiqué que ce n’était pas la première fois que son père menaçait sa maman de mort. «Même s’il n’a pas pointé les armes sur elles, il les a montrées», note la parquetière. Son état alcoolisé aurait rendu le prévenu imprévisible et la menace était, selon elle, réelle.

Elle requiert une peine de six mois de prison assortis du sursis probatoire à son encontre, soulignant la gravité des faits, malgré le repentir sincère du prévenu.

Me Marques souligne que son client est «en aveux des faits dont il se souvient». «Si la police a mis deux heures avant d’intervenir avec l’unité d’élite, c’est qu’elle n’a pas jugé que la situation était si grave que cela. Ils ont défoncé la porte et ont trouvé le couple endormi», note-t-il. «L’épouse de Manuel est son meilleur avocat.» «À l’époque des faits, elle a pourtant dit qu’elle avait peur de lui et qu’il était imprévisible», rétorque la représentante du ministère public. L’avocat invoque la clémence du tribunal en plaidant en faveur d’une suspension du prononcé pour éviter de déstabiliser l’équilibre retrouvé et risquer de faire replonger le prévenu dans ses anciens démons.

Ils voulaient fumer en paix

Jeff et Adi voulaient fumer un joint en paix le 22 août dernier dans une arrière-cour de la rue du Fort-Neipperg quand ils ont été attaqués par trois individus qui les ont dépouillés. «J’ai essayé de sauver mon smartphone en le lançant à Adi. Les trois individus m’ont lâché et ont reporté leur attention sur lui», raconte Jeff à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avant de se constituer partie civile. «Aymen m’a pris par le cou et mis sa main devant ma bouche.»

Deux des trois agresseurs présumés ont été rattrapés par la police dans la rue du Fort-Wallis. Aymen a nié être impliqué dans les faits et Mohamed a donné l’identité de son frère, mais un des policiers qui ont participé à leur arrestation sait qu’il ment. Il connaît l’accusé, qui est interdit de territoire luxembourgeois, pour avoir à de nombreuses reprises eu affaire à lui. Hier après-midi, les deux accusés ne se sont pas présentés au tribunal. Mohamed était représenté par son avocat, Me Marc.

La représentante du ministère public requiert une peine de 24 mois de prison contre Aymen, qui est également accusé du vol d’une bouteille de whisky dans une supérette, et de 21 mois contre Mohamed pour vol avec violence et port public de faux nom. Jeff les a identifiés formellement sur une planche photographique.

Me Marc demande l’acquittement du chef de vol avec violences pour son client : il n’aurait pas participé activement et n’aurait «joué qu’un rôle secondaire» dans l’affaire. Si le tribunal venait à en décider autrement, l’avocate le prie de prendre en compte les six mois passés en détention provisoire.

Les prononcés sont fixés au 10 juillet.

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