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Jugé pour escroqueries : «C’est une chance pour moi d’être en prison»


Les deux hommes se sont introduits par effraction dans un logement. (illustration Editpress)

Durant de longs mois, le beau parleur avait escroqué des petites sommes à ses victimes. À la barre, jeudi après-midi, il n’a pas fait mystère de sa façon de procéder.

« Ce n’est pas quelque chose dont je suis fier. Je l’ai fait car j’étais dans le besoin. J’accepte la peine qu’on me donne ! » Actuellement détenu à Schrassig, Martin n’a pas désappris ce qu’il sait si bien faire : parler. Accoudé à la barre, il s’est adressé au tribunal correctionnel. Là où d’habitude certains prévenus hésitent ou ont du mal à s’exprimer, lui s’est lancé dans un véritable monologue : «C’est la quatrième fois que je suis en prison. J’ai 30 ans. Je l’ai dit à mon avocate droit dans les yeux. Moi aussi, je commence à être fatigué de ce monde-là. Aujourd’hui, c’est une chance pour moi d’être en prison. Cela m’a laissé le temps de réfléchir.»

Cette fois-ci, ce sont plus de 60 faits qui lui sont reprochés entre l’automne 2018 et février 2019. Une bonne dizaine de victimes s’étaient déplacées à l’audience pour réclamer des dommages et intérêts. «Son discours est très bien rodé. C’est un professionnel de l’escroquerie. Il se contentait d’escroquer d’assez petites sommes, sans doute pour qu’on ne se déplace pas au tribunal», n’a pas hésité à remarquer l’une des victimes. Et une autre d’ajouter : «Il parle toujours comme à l’époque. C’est un beau parleur.»

Ses victimes, il les embobinait toujours avec la même histoire. Il se présentait à leur porte et prétendait qu’il lui manquait de l’argent pour payer un serrurier. Les sommes qu’il quémandait variaient généralement entre 60 et 120 euros. Une fois c’est son fils, une fois son frère, une autre fois sa fille qu’on devait aider à sortir de cette galère… Pour rassurer son interlocuteur, Martin laissait ses coordonnées avec une copie de sa carte d’identité et de sa carte bancaire. Bref, presque tous avaient fini par lui filer de bon cœur l’argent dont il prétendait avoir besoin.

Du dossier, il ressort que pour ses méfaits Martin avait une prédilection pour le monde médical. Cabinet de médecin, de kinésithérapie, vétérinaire… Ce n’est pas par hasard qu’il avait fait ce choix : «Mon père est médecin. Je sais qu’il est assez connu dans ce milieu. C’était une espèce d’appel à l’aide. Je voulais qu’il comprenne que j’ai besoin de lui et qu’il ne me laisse pas seul dans un appartement…»

«Monsieur, les enfants dont les parents ne s’occupent pas ne tombent pas tous dans la délinquance !», l’a rapidement coupé la présidente.

Trois ans et une amende requis

Outre les 44 escroqueries et 5 tentatives, Martin est également poursuivi pour avoir commis 19 vols. Ainsi s’était-il introduit dans l’école primaire de Mondercange où il avait dérobé le portefeuille d’une enseignante. Avec les cartes bancaires volées, il avait filé dans un restaurant et immédiatement dépensé 10 et 25 euros grâce à la fonction paiement sans contact.

Si le jeune homme n’a pas fait mystère de sa façon de procéder, le vol avec effraction dans une voiture mi-septembre 2018, puis le retrait de 2 500 euros au distributeur, il le conteste fermement : «Ce n’est pas mon modus operandi. Je ne dépensais jamais plus de 100 à 200 euros !»

Le parquet a finalement demandé l’acquittement sur ce point pour cause de doute et, par là, rejoint la plaidoirie de Me Denise Parisi. L’avocate a demandé de faire valoir la collaboration du jeune homme et ses aveux comme des circonstances atténuantes.

Pour le parquetier, c’est avant tout la question de savoir ce qu’il faut faire du prévenu à l’avenir qui se pose. Ses trois premières incarcérations n’ont pas eu d’effet dissuasif. Actuellement, il purge sa peine de prison de 18 mois dont il a écopé à Diekirch au début de l’été pour le même type de faits. Relevant qu’il n’agissait «pas dans un but de lucre, mais pour subvenir à ses besoins» et qu’il n’y a pas eu de blessés, le parquetier a fini par requérir trois ans de prison et une amende contre le prévenu. Les victimes qui se sont constituées parties civiles jeudi réclament, pour leur part, un peu plus de 10 000 euros au total. La 9e chambre correctionnelle rendra son jugement le 24 octobre.

Fabienne Armborst