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Journée mondiale de lutte contre le sida : « La première démarche, c’est le test de dépistage »


"On a fait beaucoup de messages positifs, notamment sur le dépistage. Je continue à le dire, c'est le seul moyen de savoir." (Photo d'illustration : Editpress)

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Laurence Mortier, chargée de direction du HIV Berodung revient sur la situation au Luxembourg.

En 2022, le Luxembourg comptait 1 237 personnes vivant avec le VIH. En 2023, 53 nouvelles infections ont été diagnostiquées et 68 personnes vivant avec le VIH ont nouvellement intégré le Service National des Maladies Infectieuses. En ce dimanche 1ᵉʳ décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida, Laurence Mortier, chargée de direction du HIV Berodung, revient sur l’importance du dépistage et sur la façon dont l’on peut vivre, aujourd’hui, avec le virus.

Pourquoi on n’arrive pas, aujourd’hui, à éradiquer le virus au Luxembourg ? 

On estime qu’il y a un petit pourcentage de personnes qui ne savent pas qu’elles sont infectées. Ces personnes ne reçoivent pas de traitement. Or, une personne séropositive qui prend son traitement correctement depuis quelques mois atteint une charge virale indétectable et devient intransmissible. Aussi, il y a des personnes positives qui ont du mal à prendre leur traitement. Mais je pense que le principal facteur vient du fait que tout le monde ne sait pas qu’il est positif.

Toutefois, on rejoint les objectifs fixés par l’Onusida qui sont 95, 95, 95. Soit, 95 % des personnes vivant avec le VIH sont dépistés, 95 % de ces personnes sont mises sous traitement et 95 % des personnes mises sous traitement atteignent cette charge virale indétectable. Actuellement, au Luxembourg, on n’y est pas encore.

« Aujourd’hui, si vous apprenez le résultat d’une séropositivité, c’est quelque chose de positif »

Est-ce que le VIH fait encore peur, comme par le passé ?

 Je suis des années 70, j’ai souvenirs de 1er décembre où on me montrait des images de personnes malades, de personnes mourantes… c’était choquant. Ça m’a vraiment marquée à l’époque. Aujourd’hui, je pense qu’effectivement, il n’y a plus cette vision-là. On a fait beaucoup de messages positifs, notamment sur le dépistage. Je continue à le dire, c’est le seul moyen de savoir.

Aujourd’hui, si vous apprenez le résultat d’une séropositivité, c’est quelque chose de positif parce que ça va vous permettre d’accéder au traitement plutôt que de risquer de tomber malade et d’avoir du mal à vous remettre parce que vous êtes en stade sida. Ça, c’est la réalité de nos jours. 

En cas de doute sur le fait d’être séropositif, quelles sont les démarches à suivre ?

La première démarche, c’est le test de dépistage qui est un outil de prévention à part entière. C’est le seul moyen de savoir, de connaître son statut. Au Luxembourg, il y a plusieurs façons de se faire dépister. Il y a la méthode classique par prise de sang avec une ordonnance médicale, dans n’importe quel laboratoire du pays.

Sinon, il y a des dépistages par prise de sang anonymes et gratuits. Pour cela, vous pouvez vous rendre à l’unité 20 des maladies infectieuses au centre hospitalier, au laboratoire national à Dudelange ou encore au centre hospitalier d’Esch-sur-Alzette. Tous les tests qui se font par prise de sang, vous devez attendre six semaines après la dernière situation à risque. Ça veut dire que si vous avez une situation en risque il y a une semaine et là vous vous dites « j’aimerais savoir », malheureusement les tests ne pourront pas vous rassurer sur cette situation.  Il faudra attendre six semaines pour un résultat sûr.

Après, vous avez toujours la possibilité de faire des tests de dépistage rapides. Ceux-ci sont, soit encadrés par un psychologue et un infirmier dans notre service au sein de l’IFA au Berodung – Croix-Rouge. Cela se fait tous les lundis et mercredis de 17h à 19h. Soit via notre camionnette mobile ou nos différentes permanences de dépistage qui sont visibles sur le site www.dimps.lu .

Enfin, dernière possibilité de se faire dépister, ce sont les autotests que l’on peut acheter en pharmacie ou en supermarché. Il est également possible de les commander chez nous en envoyant envoyer un mail. A savoir que contrairement au dépistage par prise de sang, les autotests et les tests rapides, il faut attendre douze semaines pour avoir un résultat sûr. 

« Une maman positive peut avoir des relations avec un futur papa négatif »

Aujourd’hui, comment on vit avec le VIH ?

Aujourd’hui, quand on est positif, il existe de très bons traitements qui vont emprisonner le virus et l’empêcher de se multiplier. Ainsi, il ne parvient pas à détruire le système immunitaire. 

Concrètement, le virus est dans le corps, mais il est vraiment emprisonné. Le système immunitaire qui est la cible préférentielle du VIH continue de fonctionner tout à fait normalement. La personne n’aura pas de manifestation de sida parce que son système immunitaire est détruit. Aujourd’hui, recevoir un diagnostic de séropositivité, c’est être mis sous traitement. Il y a quelques années encore, on attendait que les globules blancs descendent à un certain niveau pour donner le traitement.

Ce traitement agit bien et plus l’infection est prise tôt après une contamination, mieux le corps va réagir et plus le traitement sera efficace. Rapidement, la personne va devenir ce qu’on appelle indétectable. Ça veut dire que son virus ne sera plus transmissible à une autre personne, la concentration de virus sera vraiment très faible dans le sang. C’est aussi un espoir pour tous les couples, par exemple, sérodiscordant, où l’un des partenaires est positif et l’autre pas, au niveau des relations. Une maman positive peut avoir des relations avec un futur papa négatif pour donner naissance à un enfant qui sera, lui aussi, négatif.