Les choses ne se sont pas bien passées pour les athlètes luxembourgeois en lice, en Pologne, ce week-end.
BOXE : MICHEL ERPELDING, L’IMMENSE FRUSTRATION
Engagé dans le tournoi de ces Jeux européens dans la catégorie des -92 kg, Michel Erpelding était très motivé pour aller le plus loin possible. Malheureusement, il ne verra même pas la fin de son premier combat face au Grec Vagkan Nanitzanian, arrêté par l’arbitre à 1’44″ dans le troisième et dernier round. Déjà compté à trois reprises dans les deux premiers rounds, un quatrième compte est automatiquement synonyme de fin du combat. Au moment de cette décision, on voit clairement l’entraîneur de Michel Erpelding, Felix Merlin, péter littéralement un câble et jeter un regard noir vers l’arbitre. Quelques instants plus tard, la tension n’était pas retombée : «C’est incroyable, ce n’est pas possible de voir de telles décisions», s’emporte le jeune et bouillant coach cubain. «Je n’ai pas compris les décisions de l’arbitre!»
S’il se montrait plus mesuré que son entraîneur et s’il reconnaissait que son adversaire aurait certainement dû l’emporter à la décision, Michel Erpelding contestait les comptes qu’il a subis : «Sur le premier, je prends un coup illégal derrière la tête, donc je suis un peu sonné. Mais l’arbitre, au lien de pénaliser mon adversaire, n’en tient pas compte et quelques instants plus tard, il me compte. Forcément je suis un peu frustré mais je me calme, je retourne dans mon coin et j’oublie tout pour repartir au combat. Seulement après ça n’est pas allé mieux au niveau des décisions et du fait de me faire compter. Maintenant, j’avais déjà eu cet arbitre avant et effectivement, quand j’ai vu que c’était lui, j’ai dit à Felix que ce serait compliqué. Et malheureusement, ce fut le cas.»
Pour le boxeur grand-ducal, ce résultat est la preuve manifeste qu’il reste du boulot : «Quand on entre sur le parquet avec le drapeau luxembourgeois, limite, on se demande ce que tu fais là. En plus je restais sur une très longue série de défaites. Bref, tout cela fait que pour gagner un match, il faut qu’il n’y ait aucune contestation et que je sois largement supérieur à mon adversaire. Et là ce n’était clairement pas le cas.» Une fois qu’il aura ruminé son immense frustration se posera la question de la suite pour lui. Arrivé au terme de son contrat avec l’armée, il y a fort à parier que Michel Erpelding, qui se dit lui-même pas fait pour la boxe amateur :«Chez les pros, on te compte quand tu tombes. Jamais on ne m’aurait compté!», décide de franchir le pas. Et de tenter l’aventure professionnelle. On devrait en savoir plus d’ici quelques semaines.
ARC COMPOUND : MARIYA SHKOLNA, LA DÉSILLUSION
Avant le début de ces Jeux européens, elle représentait sans conteste la plus grande chance de médaille côté luxembourgeois. Irrésistible depuis le début de saison, Mariya Shkolna faisait partie des candidates, si ce n’est à l’or, qui semble promis à la Britannique Ella Gibson, numéro un mondiale et qui a battu le record du monde en qualifications vendredi, tout du moins à une médaille en arc compound. Pourtant, lors de qualifications perturbées par des conditions météo compliquées, il y avait déjà eu un signal assez négatif. Seulement 11e avec 690 points, elle restait à 14 longueurs de son tout récent record national : «Si je tire comme cela lors de mon match, ça va être compliqué», confiait-elle vendredi, tout de suite après ses flèches de qualification, en évoquant sa rencontre face à l’Italienne Elisa Roner, une redoutable adversaire, puisqu’elle précède l’archère grand-ducale au world ranking (9e contre 11e).
Pour franchir ce premier écueil, elle savait qu’elle devait être aux alentours de son record national (149/150, le mois dernier à Kamnik). Il lui fallait donc absolument retrouver des sensations au niveau de son tir. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. Une première volée cataclysmique à ce niveau (26) alors qu’en face l’archère transalpine met tout dedans (30) scelle d’entrée le sort d’un match qui n’aura pas lieu : 138-148. La désillusion est immense pour Mariya Shkolna, qui se réjouissait de tirer à Cracovie, là où elle a étudié pendant plusieurs années. Et qui peine à trouver des explications : «Je n’ai pas eu assez de temps pour fixer mon tir sur des aspects physiques. En plus, cela fait assez longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de voir mon coach personnel, je n’ai pas trouvé les solutions pour tout régler et cela m’a coûté beaucoup trop de points», confie-t-elle encore très marquée par ce qui venait de se passer.
Les dernières chances luxembourgeoises résident donc dans Jeff Henckels (62e mondial), qui lui n’a aucune pression du résultat avec une saison loin d’être «géniale», comme le dit lui-même le vétéran de 38 ans. Il tirera aujourd’hui face au Hongrois Laszlo Balogh (177e au ranking). Peut-être l’occasion pour l’archer grand-ducal, qui semblait plutôt satisfait de ses sensations en qualifications, d’aller un peu plus loin dans la compétition.
TENNIS DE TABLE : LA DÉCEPTION POUR LES PONGISTES
Les Jeux européens se suivent et ne se ressemblent malheureusement pas pour Ni Xia Lian (WR 51). La pongiste qui fêtera dans quelques jours son soixantième anniversaire se rapproche tout doucement de la fin de son immense carrière. Et samedi, pour son entrée en lice à Cracovie, toute son expérience n’a pas suffi face à la fougue de la petite merveille française Prithika Pavade, qui n’a pas encore 19 ans et qui pointe désormais au 66e rang mondial. Il y a un an, à Munich, Ni Xia Lian avait pris le dessus en 7 manches sur sa jeune concurrente, qui pointait au-delà de la 100e place. Et samedi, on a une nouvelle fois assisté à une belle empoignade. Mais pas avec la fin espérée par le camp luxembourgeois. Après un premier set très serré, finalement enlevé 10-12 par la Française, Ni Xia Lian profite d’un départ tonitruant dans le deuxième (6-0) pour égaliser à 1 partout avec 11-8. La troisième manche marquera le tournant de ce match. Ni Xia Lian prend le meilleur départ (5-2, puis 6-3). Elle se détache à 10-4 pour s’offrir six balles de set. Mais Pavade, qui pousse des petits cris chaque fois que Ni Xia Lian sert, ne se démonte pas. Elle sert le jeu, la Luxembourgeoise doute, s’énerve. Et ce qui devait arriver arriva : en inscrivant 8 points d’affilée, le dernier mot est pour la plus jeune des deux (10-12), qui reprend les commandes (1-2). Mais si elle n’est pas encore plus haut dans les classements, c’est certainement en raison d’un manque de constance. Ni Xia Lian en profite pour égaliser après un set à sens unique (11-3). Tout est à refaire. Pavade prend les commandes dans le cinquième, Ni Xia Lian recolle à 5-6, mais à chaque fois, la Française trouvera les solutions pour s’emparer de la manche 7-11 et n’être plus qu’à un set de la victoire. Un sixième set qui sera malheureusement le dernier. Les deux adversaires sont très proches l’une de l’autre, mais à 9-9, c’est Pavade qui remporte les deux derniers points et poursuit sa route. Quelques minutes après le match, Ni Xia Lian était très marquée : «Merci pour le soutien, mais c’est vraiment très dur.»
Ce match terminait une journée noire pour le ping grand-ducal, puisque Sarah De Nutte (WR 91), la seule à avoir franchi le premier tour la veille, a été battue par la Hongroise Natalia Bajor (WR 57) après une belle bataille remportée 2-4 par la Magyare (-9, -7, 12, 3, -6, -7).
Il va désormais falloir oublier tout cela et se concentrer pour la suite de la compétition. En effet, il reste encore le plus important : les rencontres par équipe où le Luxembourg devra briller pour garder un espoir d’aller chercher l’une des 16 places pour les JO de Paris l’an prochain.