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Jean-Marc Barr : «Remonter à la surface me redonne goût à la vie»


Jean-Marc Barr a été "étonné de la puissance de cette expérience unique. On est obligés d'entrer en soi-même pour apprécier vraiment ce qui se passe". (photo Fabrizio Pizzolante)

Le comédien et réalisateur Jean-Marc Barr était à la piscine d’Esch, samedi, dans le cadre de la Nuit de la culture.

Nous sommes allés à sa rencontre après la première représentation de Sonic Waters, une expérience étonnante à vivre dans l’eau, entre musique électronique, sons aquatiques et poésie.

Comment est né ce concert aquatique, Sonic Waters ?

Michel Redolfi évolue artistiquement depuis plus de 30 ans dans cette technologie sonore dans l’eau. C’est lui qui s’occupe de la musique pendant le spectacle, qui a choisi les lectures, etc. L’année dernière, j’étais invité à une compétition de plongée et il est venu me trouver et m’a dit qu’il voulait essayer de mélanger de la poésie avec la musique qu’il a créée. Ça me semblait être une proposition unique et intéressante. Je suis comédien et j’aime lire de la poésie. J’ai donc accepté. On a fait une première à Bruxelles l’an dernier en novembre; tout le monde, l’équipe, Michel et moi, a été étonné de la puissance de cette expérience unique. Pour moi, c’est l’opposé total d’une sortie en night-club. En night-club, on se lâche, on se fatigue. Ici, à l’inverse, on est obligés d’entrer en soi-même pour apprécier vraiment ce qui se passe. Comme alternative à ce monde où tout semble monté très vite avec plein de lumière, plein de stimulations, là, on propose une pause.

C’est l’élément aquatique qui permet ça ?

Oui, je pense que le fait d’être allongé dans une eau chauffée à 33 °C, d’écouter cette musique, avec ce côté embryonnaire, de partager cette expérience avec plusieurs personnes, ce n’est finalement possible que grâce à l’eau. C’est quelque chose qu’on a découvert en jouant le concert. Ici, c’est le troisième qu’on joue et ça se confirme.

Toute personne au-dessus de la quarantaine qui lit le nom de Jean-Marc Barr accolé au mot «aquatique» ne peut s’empêcher de penser…

… (il sourit) au Grand Bleu (NDLR : le film de Luc Besson).

Quel souvenir gardez-vous de ce film ? Et comment vivez-vous le fait que plus de 30 ans après on vous en parle encore ?

Le Grand Bleu a été, pour moi, un des plus beaux cadeaux qu’on m’ait faits dans la vie. Je suis Américain, je suis venu de Californie et ce film m’a donné la possibilité d’intégrer une chose très antiaméricaine qu’est le cinéma européen. Et puis aussi d’apprendre à être un acteur. Ça m’a offert la chance de travailler un peu partout dans le monde. Maintenant, plus de 30 ans après, je commence à avoir une petite assurance dans ce que je fais et à me dire qu’il y a peut-être aussi un peu de talent.

Quand même… Depuis, vous avez eu une belle et longue carrière, vous êtes de presque tous les projets de Lars von Trier par exemple, et vous avez également joué dans la série Bad Banks, déjà au Luxembourg. Quel lien entretenez-vous avec le Grand-Duché ?

Je suis né pas loin d’ici, à Bitburg (NDLR : son père était un militaire américain de l’US Force, stationné en Allemagne), le premier air que j’ai respiré c’était tout près d’ici, mais je n’ai pas de relation particulière avec le Luxembourg. Je ne connais d’ailleurs pas bien le pays, pas encore du moins. Mais je crois profondément en l’Europe et dans le fait que les différents pays qui la composent peuvent être unis, non seulement par l’euro, mais aussi et surtout par la culture. Et, personnellement, j’ai une position vraiment privilégiée pour y participer.

Et quel est votre rapport personnel avec l’eau ?

Celui que Le Grand Bleu a essayé de communiquer : la mer fait partie de nous. J’ai appris l’apnée à travers Le Grand Bleu et c’est quelque chose que je pratique depuis. L’apnée, c’est le calme. Quand on retient son souffle et qu’on descend à 10, 15 mètres, qu’on est là, seul dans le bleu, on est en contact avec notre propre insignifiance. Remonter à la surface, à chaque fois, me redonne goût à la vie.

Entretien avec Pablo Chimienti