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Schizophrénie : «Je veux juste que mon frère soit interné et soigné !»


Les symptômes de Georges «s'apparentent à des hallucinations. Mon frère entend des voix et sa réalité n'est, a fortiori, pas la même que la nôtre. Sans parler des épisodes de paranoïa où il se sent poursuivi par les services secrets voire par les nazis», témoigne madame T., sa sœur. (Photo : dr)

La sœur de Georges T., atteint de schizophrénie, lance un dernier cri d’alarme, afin que son frère soit enfin soigné dans une structure de psychiatrie aiguë.

Après des années de fatalisme puis de combat, la sœur de Georges est arrivée au stade de la saturation et du ras-le-bol. Elle se décide à écrire au ministère de la Santé, au mois de mars dernier, mais le gouvernement n’a pas estimé devoir lui répondre. Aujourd’hui, elle n’en peut plus et ne sait plus vers qui se retourner. Le Quotidien l’a rencontrée pour évoquer son combat contre cette maladie toujours inadéquatement prise en charge au Luxembourg, selon elle, à savoir la schizophrénie. Car madame T. entend rendre public ce problème qui concerne des centaines, voire milliers de personnes atteintes de psychoses au Grand-Duché, selon les chiffres de l’Association des familles ayant un proche atteint de psychose au Luxembourg (AFPL).

Votre frère Georges a été diagnostiqué schizophrène il y a plusieurs années, mais le CHEM (Centre hospitalier Emile-Mayrisch) d’Esch-sur-Alzette ne semble pas en mesure de l’interner plus de deux semaines. Avant d’aborder la problématique de la prise en charge de cette maladie au Grand-Duché, pouvez-vous nous expliquer comment « tout » a commencé. En clair, y a-t-il eu un élément déclencheur?
Madame T. : Eh bien, tout a débuté il y a environ une trentaine d’années. Mon frère Georges avait à l’époque 26 ans (NDLR : 62 ans aujourd’hui). Il travaillait dans le pavillon du parc de Merl, à Luxembourg. C’est alors, que les premiers signes de la maladie se sont manifestés : Georges a commencé à parler aux poissons du bassin du parc.

Dans quel état mental se trouvait-il avant ce premier épisode forcément troublant?
Georges a toujours été quelqu’un de « normal », comme vous et moi. Il a vécu une jeunesse et une adolescence tout à fait classiques. Il n’était point isolé à l’école et fréquentait des amis, comme tous les jeunes.

Comment a évolué son état, par la suite?
Je me rappelle d’une scène où il s’était retrouvé sur le toit d’une voiture en marche… À partir de là, il a été emmené en psychiatrie, à Ettelbruck, au Centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP), où un psychiatre l’a examiné pour la première fois.

J’estime que mon frère est lâché par le système et je m’étonne qu’il n’y ait pas de cadre législatif

Quel a été le diagnostic qui est ressorti de la consultation?
Il a été diagnostiqué en tant que personne bipolaire et maniacodépressive et on lui a prescrit des médicaments psychotropes, à savoir de l’Haldol. Il a été interné quelque temps jusqu’à ce qu’il soit déclaré apte à sortir du CHNP. À partir de là, il a connu des périodes plus ou moins stables et ce, jusqu’à aujourd’hui.

« Plus ou moins stables », c’est-à-dire?
Disons que mon frère a connu des périodes allant de deux à quatre ans, pendant lesquelles il était tout à fait « normal ». C’est-à-dire que les symptômes de schizophrénie, maladie qu’on lui diagnostiquera bien plus tard, disparaissaient, grâce au traitement médical.

Comment l’expliquez-vous et quels étaient, concrètement, ces symptômes?
Dès que Georges arrêtait son traitement, il « replongeait ». Car Georges a, entretemps été diagnostiqué comme étant schizophrène, après plusieurs séjours à Ettelbruck. À partir de là, on lui a donc prescrit un nouveau traitement, qui consistait à lui injecter, par seringue, un médicament dénommé Clopixol. La solution injectée forme un dépôt médicamenteux, qui le fait « tenir » un mois, avant la prochaine injection qui est à renouveler mensuellement. Concernant les symptômes, ils s’apparentent à des hallucinations. Mon frère entend des voix et sa réalité n’est, a fortiori, pas la même que la nôtre. Sans parler des épisodes de paranoïa où il se sent poursuivi par les services secrets voire par les nazis. Des médecins ont dit que sa maladie pouvait avoir une origine génétique. Mais moi, je n’y crois pas, car aucun membre de ma famille n’a jamais été atteint de schizophrénie.

Où vivait-il jusque-là et quelle fut l’évolution de son comportement?
Il a vécu chez ma mère, jusqu’en 2011. Mais face au comportement instable de Georges, qui faisait des crises, ma mère avait commencé à prendre peur. Elle a fini par appeler la police qui l’a emmené à Ettebruck pour un traitement de longue durée.

Que s’est-il passé à Ettelbruck?
Lors de son séjour à Ettelbruck, j’ai décidé, conjointement avec le psychiatre et l’assistante sociale qui le suivaient, qu’on le transfère au CHEM d’Esch-sur-Alzette, étant donné qu’il était domicilié dans le sud du pays. Il s’agissait de lui redonner une certaine indépendance vis-à-vis de ma mère, qui était déjà très âgée. C’est ainsi qu’il a commencé en même temps à être suivi par le Réseau Psy (Psychesch Hëllef Dobaussen ASBL) à Esch-sur-Alzette.
Le transfert vers le CHEM s’est, au départ, très bien déroulé et Georges a été pris en charge par le Dr L. Puis vint sa première rechute, juste après le décès de ma mère. Il fut interné dans le service de psychiatrie aiguë du CHEM, mais cela n’a pas duré. Il a rapidement été retransféré vers la structure ouverte de psychiatrie du centre. Avant de prendre la poudre d’escampette.

Claude Damiani

La suite dans Le Quotidien papier du Lundi 18 septembre

 

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