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Inscriptions sur les listes électorales : «On ne comprend pas ce désintérêt»


Le CNE place la barre très haut en espérant atteindre un taux de 40 à 50% d’inscrits sur les listes électorales. (Photo archives LQ)

Le Conseil national des étrangers (CNE) a consacré une partie de sa plénière à sa participation dans la campagne «Je peux voter». Il y a encore un gros travail en perspective.

«On ne comprend pas ce désintérêt», avoue d’emblée le président du Conseil national des étrangers (CNE), Munir Ramdedovic. Il désespère de voir aussi peu d’inscrits non nationaux sur les listes électorales pour les prochaines communales. «C’est de l’ordre de 12 %», regrette-t-il amèrement. Lors de la plénière de fin d’année du CNE qui s’est tenue mercredi soir à l’hôtel Royal à Luxembourg, il a exhorté les troupes à faire le maximum pour inverser la vapeur. Il y avait foule, c’est plutôt bon signe.

Le CNE place la barre très haut. «Nous espérons atteindre un taux de 40 à 50 % d’inscrits d’ici juin prochain», ambitionne le président, en soulignant que le CNE opère, ici, dans un cadre tout à fait exceptionnel. Organe institutionnel habilité à émettre des avis et des recommandations au gouvernement, il a été plutôt honoré d’être sollicité pour prendre une part active dans la campagne nationale «Je peux voter».

Un questionnaire interne, envoyé aux associations membres avait révélé le rôle primordial que jouent la proximité et la langue d’origine dans cette campagne de sensibilisation. Le président Munir Ramdedovic insiste sur le rôle et l’importance des multiplicateurs en matière de sensibilisation des résidents non luxembourgeois à s’inscrire sur les listes électorales.

Selon la définition que livre le Cefis (Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales), un multiplicateur est une personne de référence au sein de sa communauté, de son groupe de référence ou de son institution. Il est un pont entre son public et la société luxembourgeoise, il est en contact direct avec ses membres, il est impliqué et au courant des enjeux sociopolitiques qui se posent en matière de démocratie et droit de vote.

Un multiplicateur diffuse l’information sur le droit de vote aux élections communales par des séances d’information, des discussions dans sa famille, entre amis, dans divers endroits.

L’heure est d’autant plus grave que le message ne passe pas bien auprès des communautés étrangères. Dans un groupe de non-Luxembourgeois inscrits à un cours d’instruction civique, les trois quarts ignoraient qu’ils pouvaient participer aux élections communales, comme l’a observé le président du CNE très récemment.

Le Conseil va donc prendre le taureau par les cornes, «avec le peu de moyens» dont il dispose, rappelle, en passant, Munir Ramdedovic. Les communautés sont invitées à mettre la main à la pâte en incitant leurs membres à franchir le pas. «Nous allons préparer des tracts qui seront publiés dans les médias des différentes communautés et les quatre premiers mois de l’année seront cruciaux pour faire passer le message», insiste le président.

Un vrai challenge

La ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, est venue les encourager dans ce sens. «Il faut qu’ils soient des ambassadeurs, pour dire aux non-inscrits pourquoi il faut aller voter», déclare la ministre. Elle aussi se plaint du taux très bas du nombre d’inscrits «qui se situait encore à 22 % lors des dernières élections, mais depuis, une grande partie d’entre eux ont acquis la nationalité luxembourgeoise», relève Corinne Cahen.

La vice-présidente du CNE, Christine Hugon, se réjouit du succès de la plénière de fin d’année «avec une salle comble». Une centaine de personnes, dont des ambassadeurs, des consuls, des bourgmestres parmi les nombreuses associations présentes. «À l’issue de la présentation, beaucoup sont venus nous faire des propositions», apprécie-t-elle. La vice-présidente souligne le travail fourni par le CNE, «des bénévoles», pour remplir ses missions.

«Nous sommes très impliqués», explique Christine Hugon, qui vient d’ajouter une tâche supplémentaire sur l’agenda. «La campagne pour s’inscrire sur les listes électorales est très importante pour nous et nous avons eu l’idée de créer un challenge intercommunautaire pour désigner la communauté qui a le plus grand nombre d’inscrits. Il n’y aura au final, ni gagnants, ni perdants, mais une fête autour d’un banquet, parce qu’au fond, il faudrait que tout le monde gagne.»

3 plusieurs commentaires

  1. La narrative est quand même assez intéressante.
    Sans prendre trop de temps…
    Le ministère de Mme Cahen a tout fait pour découpler le CNE des asbl d’étrangers: les forces vivantes de la moitié de la population. D’ailleurs c’était toujours la politique de son ministère d’anéantir le mouvement associatif des masses étrangères.
    Le CNE de soi même, après une première conference avec les associations a choisi de ne se prendre qu’avec des grandes institutions toujours avec toutes les précautions pour je jamais facher Mme la ministre faisant preuve d’une soumission en toute ligne.

  2. Radu-Theodor Badale

    Chers luxembourgeois,
    J’aimerai bien de voter dans les communales. Pourquoi j’ai évité ces derniers 14 ans? Le droit de vote doit être optionnel, pas obligatoire! Éliminez l’obligativité et vous aurez plus de 80% des citoyens étrangers inscrits sur la liste!
    Bien cordialement,
    Radu-Theodor Badale

  3. En effet, méfions-nous des chiffres… 12% alors que plein de personnes acquièrent la double nationalité et donc sortent mécaniquement de ces statistiques… ce chiffre est bas, mais reste une constante croissante, ce qui est assez bon signe, même si plus serait toujours plus visible et mieux, certes…