Dans une lettre ouverte adressée au formateur Luc Frieden, l’ANIL plaide pour un système de santé plus efficient. La revalorisation du personnel de soins est présentée comme une des clés.
Les futurs partenaires de coalition CSV et DP promettent dans leurs programmes électoraux respectifs une offensive pour améliorer l’accès aux soins de santé. Sont notamment mis en perspective une densification du réseau de Maisons médicales, la décentralisation de cabinets spécialisés dotés d’équipements lourds (IRM, scanners, etc.), ainsi qu’une amélioration du fonctionnement des services d’urgence. L’élargissement de l’offre doit aller de pair avec le recrutement de personnel de santé supplémentaire, le tout dans un contexte de pénurie.
Dans une lettre ouverte adressée au formateur Luc Frieden (CSV), l’Association nationale des infirmières et infirmiers du Luxembourg (ANIL) soumet une série de propositions et de revendications pour rendre plus efficient le système de soins de santé. «Dans les années à venir, nous serons confrontés au défi d’optimiser les soins de santé, qui doivent rester de qualité et rentables», est-il souligné dans cet écrit. Les soins infirmiers sont présentés comme «élément central» pour réussir à atteindre cet objectif.
En priorité, l’ANIL réclame d’étendre les compétences du personnel de soins. Cela permettrait un meilleur emploi des ressources. «Offrir davantage de compétences au personnel de soins permettrait aux médecins de se consacrer à des tâches médicales plus complexes, tandis que les soigneurs pourraient prendre en charge des interventions de routine», argumente l’ANIL. Le nouveau bachelor en soins infirmiers, qui sera lancé en 2024 à l’université du Luxembourg, est censé ouvrir la voie à cet élargissement des compétences.
Vers des soins infirmiers communaux
Le personnel soignant aurait aussi un rôle déterminant à jouer dans la prévention. Dans cet ordre d’idées, l’ANIL propose la mise en place de soins infirmiers à l’échelle communale. Plus concrètement, il est envisagé de lancer un projet pilote en complétant l’offre médicale par un infirmier ou une infirmière communale. «L’expérimentation de ce concept, qui a fait ses preuves à l’international, permettrait à la fois de lutter contre la pénurie de médecins généralistes et de revaloriser la profession infirmière», développe l’ANIL.
Cette offre communale permettrait en outre de compléter les services de soins à domicile existants, en mettant un accent sur les personnes âgées qui ne bénéficient pas de l’assurance dépendance. Un soutien pourrait aussi être apporté aux membres de famille qui soignent des proches. Finalement, une réduction des coûts serait possible, aussi grâce à un travail de prévention renforcé.
Objectif : former deux tiers des infirmiers au Luxembourg
L’ANIL propose plus concrètement 11 mesures pour rendre plus efficient le système de soins de santé. L’une des principales est de développer un Plan national de formation, avec pour objectif de former, au Luxembourg, deux tiers des besoins en infirmiers et infirmières à l’horizon 2030. Jusqu’à présent, un tiers effectue ses études au Grand-Duché. Le besoin annoncé d’ici à 2030 est de quelque 3 800 professionnels. Le recrutement devrait aussi se faire prioritairement à l’intérieur du pays.
«Il est indispensable que le prochain gouvernement continue de soutenir l’intégration des professionnels de santé et de soins dans le système médical, et s’assure que leurs compétences et qualifications soient employées de manière optimale», écrit encore l’ANIL, avant de conclure : «Cela nécessite peut-être un investissement dans la formation et l’élargissement des compétences, mais cet investissement sera utile, car il rendra plus efficient notre système de santé et améliorera la santé et le bien-être de la population.»
Il est à noter que l’ANIL ne se prononce pas sur le besoin d’une plus grande libéralisation des antennes extra-hospitalières, une des mesures phares mises en perspective par le CSV et le DP.