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Index : l’OGBL ne veut pas de la loi tripartite, jugée «obsolète»


Le bureau exécutif de l’OGBL était au grand complet, hier, pour entourer la présidente, Nora Back. Le syndicat eschois est revenu à la charge en raison de la «manipulation profonde» de l’indexation des salaires et pensions. (Photo : editpress/fabrizio pizzolante)

Le seul syndicat à ne pas avoir validé le report de tranches indiciaires lance un appel aux partis représentés à la Chambre. Il serait inconcevable que les députés votent une loi qui ne pourra pas être respectée.

Dans l’esprit de l’OGBL, le seul syndicat à avoir refusé de valider le résultat des tractations entre les partenaires sociaux, il n’y a pas l’ombre d’un doute. «Vu l’inflation galopante, on ne se trouve plus du tout dans le contexte qui prévalait au moment des négociations tripartites. Du coup, le projet de loi devant mettre en musique l’accord est devenu obsolète», martèle la présidente Nora Back.

Hier matin, le premier syndicat du pays est revenu à la charge principalement en ce qui concerne le report des tranches indiciaires à venir. Les arguments déjà développés lors de la manifestation du 1er mai n’ont pas vraiment évolué. L’OGBL formule cependant une nouvelle revendication majeure : «Le texte de loi doit être retiré. Notre plus grand problème est que le gouvernement souhaite faire adopter une loi qui ne pourra pas être respectée. Le gouvernement le sait très bien».

La cheffe de file de l’OGBL ne remet pas en question «la grande insécurité» provoquée par la guerre en Ukraine et la flambée des prix qui en découle. «On n’aurait donc jamais dû prendre une décision aussi capitale qui s’étend à 2023, 2024, voire 2025», insiste Nora Back. Le syndicat eschois affirme être de plus en plus conforté par son choix de rejeter l’accord tripartite.

Pour rappel : le Statec misait en mars sur une inflation limitée à 4,4 % pour 2022 et à 1,3 % pour 2023. Une seule tranche indiciaire devait alors tomber en août. Selon l’accord tripartite, cet index ne serait versé qu’en avril 2023, avec à la clé une compensation financière pour les salariés. Aucune tranche supplémentaire ne devait tomber l’année prochaine. Très rapidement, la situation s’est emballée. L’inflation a été revue à la hausse à 5,8 % pour 2022 et 2,8 % pour 2023. La tranche indiciaire d’août est désormais avancée à juin, en attendant un index supplémentaire qui sera dû courant 2023. C’est ici que les choses se corsent.

«Un embouteillage est à craindre»

«Le projet de loi prévoit bien que toutes les tranches reportées et non versées en 2023 seront dues en avril 2024. Avec l’inflation galopante, le risque existe que plusieurs tranches tombent dans les mois à venir. Un embouteillage est donc à craindre en 2024», indique la présidente de l’OGBL. «Il est à saluer que le gouvernement soutient qu’aucune tranche ne sera perdue. Or on entend désormais des déclarations très variables. Tout à coup, le chef de fraction du DP évoque la possibilité de décaler les tranches dues jusqu’en 2025», poursuit une Nora Back très réaliste : «Nous savons très bien que les tranches reportées à avril 2024 ne seront pas versées d’un seul coup».

Une fois l’accord initial retiré, l’OGBL appelle à reprendre les négociations pour se pencher sur un nouveau paquet de mesures ciblées et limitées dans le temps pour vraiment aider les ménages et les entreprises qui sont le plus dans le besoin. L’index dû cet été devrait être versé aux yeux du syndicat, avec en prime un crédit d’impôt pour les plus vulnérables. En parallèle, un soutien financier serait à prévoir pour les entreprises ne présentant pas un bilan aussi positif que les grandes banques et les multinationales installées au Luxembourg.

Le DP et le LSAP sont les seuls partis à ne pas avoir convenu d’entrevue avec l’OGBL. La loi tripartite doit être votée au plus tard fin juin, faute de quoi la tranche indiciaire sera versée automatiquement.

Les aides pour les entreprises
validées par le gouvernement

Il aura fallu attendre trois mois pour voir le gouvernement adopter le projet de loi ficelant une première partie des aides étatiques pour les entreprises lourdement impactées par la flambée des prix. Le texte prévoit la mise en place d’un régime d’aides destinées à couvrir, d’une part, les surcoûts en gaz naturel et en électricité des entreprises grandes consommatrices d’énergie (au moins 3 % du chiffre d’affaires) et, d’autre part, les surcoûts en gasoil des entreprises appartenant au secteur du transport routier de fret, de la construction et de l’artisanat alimentaire.

Entre 30 % et 70 % du surcoût peut être couvert par l’État. Une enveloppe de 225 millions d’euros a été dégagée lors de la tripartite.