Annelise Cochran a échappé aux flammes qui ont ravagé la ville hawaïenne de Lahaina. Elle a passé huit heures dans l’eau, accrochée à des rochers, avant d’être secourue.
Prise au piège par les flammes, Annelise Cochran n’a eu d’autre choix que de se jeter dans l’océan afin d’échapper à l’incendie qui a réduit en cendres la ville de Lahaina sur l’île de Maui. «Tout s’est joué en quelques secondes», raconte-t-elle, six jours après l’incendie qui a ravagé la ville de Lahaina située sur la côte ouest de l’île de Maui. «Je n’ai même pas eu l’impression de prendre une décision, car à ce moment-là, je n’avais pas d’autre choix.»
Dans cet incendie qui a fait plus de 100 morts et 1 000 disparus, la jeune femme de 30 ans a tout perdu : son appartement, sa voiture, son animal de compagnie, ses voisins et ses amis. Mais après de longues heures de détresse et d’agonie, elle, a survécu. «Je me sens très chanceuse d’avoir ce lien avec la mer», explique Annelise Cochran, qui travaille pour la Fondation Baleines du Pacifique (Pacific Whale Foundation, PWF). «Je pense qu’il m’a aidée à rester en sécurité cette nuit-là. L’océan m’a sauvé la vie».
Près de 180 morts en Australie en 2009 Au moins 179 personnes succombent dans des incendies de brousse dans le sud-est de l’Australie, notamment dans l’État de Victoria, victime d’un «samedi noir» le 7 février 2009. Conséquence de températures extrêmes et de la sécheresse de l’environnement, des villes entières et plus de 2.000 maisons sont ravagées.
2018 : plus de 100 morts en Grèce En juillet 2018, un gigantesque incendie, qui consume notamment la station balnéaire de Mati, à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Athènes, fait 103 morts. En quelques heures, près de 1 200 hectares et plus d’une centaine d’habitations partent en fumée. La majorité des victimes ont été prises au piège par les flammes alors qu’elles se trouvaient dans des embouteillages en essayant de fuir le village. D’autres se sont noyées en tentant de s’échapper par la mer avant de rester des heures sans être secourues. Fin août 2007, le pays, frappé par la sécheresse et trois canicules, avait déjà subi une vague d’incendies dont les plus dévastateurs enflamment le Péloponnèse (est) et l’île d’Eubée (nord-est d’Athènes), causant la mort de 67 personnes. Au total, quelque 80 personnes périssent durant l’été à cause des feux.
Plus de 90 morts en Algérie en 2021 Au cœur du mois d’août 2021, de gigantesques feux ravagent, durant plus d’une semaine, le nord de l’Algérie, en particulier la Kabylie, faisant plus de 90 morts. Vingt-six wilayas (préfectures) sur les 58 que compte le pays sont touchées par des incendies, qui réduisent en cendres plus de 100 000 hectares de taillis.
2018 : plus de 85 morts en Californie Le 8 novembre 2018, à l’aube, un incendie se déclare autour de Paradise, une petite ville de 26 000 habitants au nord de Sacramento (ouest). Attisé par des vents violents, Camp Fire consume durant plus de deux semaines la région, faisant 86 morts et brûlant plus de 62 000 hectares de végétation.
Plus de 60 morts au Portugal en 2017 Le 17 juin 2017, en pleine canicule, un feu de forêt embrase Pedrógão Grande dans la région de Leiria (centre). Les flammes attisées par des vents très violents ravagent pendant cinq jours quelque 24 000 hectares de collines de pins et d’eucalyptus, et font 63 morts, la plupart piégés dans leurs véhicules en tentant de fuir.
Le 6 août dernier, nul ne se doutait de la tragédie qui allait bientôt frapper l’archipel américain, se souvient Annelise Cochran. Peu après 15 heures, cette habitante de Lahaina a toutefois senti une odeur de brûlé. «Il n’y avait pas de fumée, nous pensions que c’étaient peut-être les cendres qui venaient des montagnes après l’incendie du matin», explique-t-elle. En l’absence d’ordre d’évacuation, elle et ses voisins ont commencé à réagir à la vue du ciel noirci par la fumée. «Tout était noir comme le charbon. Je ne voyais plus à un centimètre de moi.»
La jeune femme a couru chercher son sac, un album photo et son oiseau, puis est montée dans sa voiture en direction de la Front Street, l’artère principale de Lahaina qui donne sur une promenade très fréquentée. «J’ai vu une nuée de voitures. Les gens ont abandonné leurs voitures dans la rue et se sont mis à courir» poursuit-elle. «J’ai alors compris que personne n’allait me secourir, du moins pas avant longtemps.»
Les voitures prises au piège explosent
Sur la jetée, elle reconnaît deux de ses voisins. C’est lorsque les voitures abandonnées prises au piège dans les flammes ont commencé à exploser que la jeune femme et sa voisine Edna se sont jetées dans l’océan. Leur autre voisin, resté sur la jetée, lui, ne bougeait plus. Accrochée à une paroi rocheuse, Annelise Cochran a réussi à appeler les secours vers 21 h 30 après plusieurs heures dans l’océan. «Mais ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas encore nous secourir».
Vers 23 h, elle a aperçu avec sa voisine un bateau des garde-côtes qui portait secours à des dizaines de personnes. Mais le bateau ne parvenant à approcher le rivage rocheux, elles et une quarantaine d’autres rescapés ont dû encore patienter quelques heures dans l’eau.
Colère contres les autorités locales
«Huit heures se sont écoulées avant que je puisse lâcher le mur de pierre et quitter Front Street. Et sur ces huit heures, je dirais que j’en ai passé au moins cinq complètement submergée jusqu’au cou en essayant de me protéger», se souvient-elle. «Par moment, il faisait si froid que nous devions escalader le mur et nous approcher du feu pour nous réchauffer. C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis pleine de blessures et de brûlures», dit-elle en montrant les nombreuses éraflures qui recouvrent ses jambes et ses bras.
Les pompiers sont finalement venus leur porter secours vers minuit. «C’était terrifiant et traumatisant», déclare Annelise Cochran. Selon elle, la communauté de Lahaina est «très en colère» contre les autorités locales. «Ce qui s’est passé, à mon avis, frise la négligence (…) Je ne suis ici que parce que je m’en suis occupée moi-même.» Elle habitait depuis huit ans à Lahaina, 12 000 habitants et ex-capitale du royaume d’Hawaï. Aujourd’hui, elle dit pleurer pour cette ville chargée d’histoire qui a quasiment été rasée par les flammes. «Penser que nous avons perdu notre belle Lahaina et nos souvenirs. Savoir que je ne pourrai plus jamais marcher sur la Front Street. C’est incompréhensible», dit-elle en pleurant. «Mais je me sens bénie par la vie et heureuse d’être ici. C’est la chose la plus importante.»