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Ils vivent en tiny house au Luxembourg : «J’ai l’impression d’être en vacances tous les jours»


Lis et Alain Holtz vivent dans leur tiny house depuis 9 mois, avec leur petit chien, Louis. (Photo: fabrizio pizzolante)

Alain et Lis Holtz vivent depuis 9 mois dans une «tiny house» à Vichten. Un habitat alternatif qui a la cote ces dernières années et devrait se multiplier aux quatre coins du pays.

Difficile de passer à côté sans y jeter un coup d’œil. Depuis 9 mois, une drôle de petite maisonnette en bois trône entre deux maisons de la rue Nolstein, à Vichten. Une habitation singulière dans ce village de 1 200 âmes, que l’on doit à Alain Holtz.

Ce natif d’Ettelbruck s’est installé sur le terrain de son beau-père, avec son épouse Lis, dans ce qu’on appelle plus communément une tiny house.

Un nom qui revient régulièrement dans la bouche des politiciens ces dernières années, surtout si on aborde la question du problème de logement au Luxembourg. Si quelques communes commencent à s’intéresser à ce phénomène de très près (voir encadré), poussées par un projet de loi et un règlement mis en place par la dernière ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), ce type d’habitation se fait encore rare au Grand-Duché.

Il aura fallu deux ans à Alain et Lis pour se lancer dans ce projet. À 56 ans, cet agent d’assurance profite alors pleinement de son appartement de 105 m² avec ses deux chambres et ses trois télévisions. Jusqu’à ce que le diagnostic ne tombe : Alain souffre d’une tumeur au cerveau et voit son quotidien basculer.

«Je me suis alors posé la question : qu’est-ce qu’il me faut pour avoir une « belle vie »?» Et cette simple question a remis en perspective tout son quotidien. Très vite, il se lance dans des recherches et propose alors à sa compagne de vendre leur appartement et d’investir dans une tiny house. Un projet «un peu fou», que Lis accepte immédiatement, laissant libre cours à sa fibre écologique.

Car au-delà de l’aspect minimaliste, nécessaire pour cohabiter à deux dans une surface de 34 m², le couple revoit complètement sa façon de vivre.

«Avec la crise énergétique et climatique, je me suis dit qu’on ne pouvait plus continuer à vivre comme nous le faisions avant. Le minimum suffit. Avoir des prêts à payer, toujours plus de factures, etc. Je me suis dit : « Veux-tu encore dépendre de tout cela? »», analyse Alain.

Un investissement de 220 000 euros

Plus facile à dire qu’à faire toutefois. À l’époque, ce type de projet n’existe quasiment pas au Luxembourg. Commence alors un véritable marathon pour donner vie à l’idée : ping-pong entre communes et ministères, méconnaissance totale du sujet, le couple de Luxembourgeois se heurte rapidement à des embûches.

«Nous avons envoyé des demandes à une quarantaine de communes du pays, pour installer notre tiny house quelque part. Seulement une dizaine nous ont répondu.»

C’est finalement sur un terrain familial, appartenant à son beau-père, qu’Alain va planter sa nouvelle maison. Longue de 10m30, elle dispose de tout le nécessaire pour y vivre convenablement : lit, rangements, cuisine, salle de bains, toilettes… Même un petit espace «bureau» pour télétravailler en toute tranquillité.

Et le tout, uniquement avec des matériaux recyclables. «Ma maison fait la taille de la cuisine de mon fils», ironise Alain sous les éclats de rire de Lis, en ajoutant : «Mais j’ai l’impression d’être en vacances tous les jours du coup».

Une dolce vita qui a un coût : Alain et Lis ont dû faire des choix et se séparer de 80 % de leurs effets personnels. «J’avais 25 pantalons, une machine à café très chère… Aujourd’hui, j’ai cinq pantalons, regroupés dans un tiroir sous mon lit et je mouline mon café tous les matins», souligne-t-il avec le sourire.

Une vie moins luxueuse, moins confortable, mais qui lui correspond davantage. «Je vis mon rêve, je suis très heureux ici. Nous voulions vivre dans et avec la nature, c’est tout ce qui nous importait.»

Un choix qui leur a tout de même coûté 220 000 euros : pour une maisonnette «premium» avec son poêle à bois hybride, sa cuisine, sa douche italienne et dix panneaux solaires qui leur permettent d’être quasiment auto-suffisants énergétiquement. «Nous avons payé 23 euros d’électricité en 8 mois», glisse Alain qui se souvient des 300 euros de charges mensuelles de son précédent logement : «Maintenant, je vis trois ans avec ça!»

Une solution miracle, alors que le Luxembourg souffre depuis plusieurs décennies de gros problèmes liés au logement? «Non», défend Alain, qui ne voit pas cette manière de vivre comme un moyen de «sauver le logement» dans le pays. «Cela fait certainement partie de la solution, oui, mais c’est avant tout une philosophie de vie», argumente-t-il. Difficile pour lui de caser une famille avec enfants dans ce type d’habitation par exemple. «Il ne faut pas imposer ce mode de vie, c’est un choix délibéré avant tout.»

Des projets pilotes dans plusieurs communes

Strassen, Walferdange, Schifflange… Les projets de tiny houses se multiplient dans les villes luxembourgeoises ces dernières années. À tel point que l’ancienne ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding, a publié en juin dernier un guide complet sur la question, pour aiguiller les communes demandeuses.

Un «bon travail», juge d’ailleurs le bourgmestre de Strassen, Nico Pundel (CSV), qui a fait construire une tiny house sur un terrain il y a quelques mois. Une maisonnette qui accueillera un locataire d’ici le début du mois de mars. «Notre idée, c’est de rationaliser des terrains privés qui ne sont pas utilisés pour en faire quelque chose d’utile.»

À Strassen, plusieurs conditions d’attribution ont été créées pour permettre la construction de ce projet : que la tiny house soit le 1er lieu de résidence du locataire, que celui-ci gagne maximum 100 000 euros par an et vive depuis plus de dix ans dans la commune. Moyennant un loyer mensuel de 800 euros, l’heureux élu disposera alors de sa tiny house pour les cinq prochaines années.

Là encore, Nico Pundel n’entend pas résoudre les problèmes de logement avec ce type de projet. «C’est une philosophie de vie, de vivre en tiny house. Ce n’est clairement pas une solution à la crise du logement, mais cela nous permet de faire quelque chose avec des terrains disponibles», explique-t-il.

Et il ne compte pas s’arrêter là. Le bourgmestre espère construire encore quatre autres tiny houses sur sa commune : «Nous avons encore d’autres terrains privés assez grands qui nous permettraient d’en créer davantage».

Et de conseiller également ses voisins : des représentants de la ville de Dudelange, notamment, seront de passage à Strassen en février, pour «demander des conseils».

Un commentaire

  1. 220000 euro cherchez l’erreur !