Le ministre luxembourgeois de l’Énergie, Claude Turmes, a souligné, mardi, que le projet d’île énergétique en mer du Nord, cofinancé par le Grand-Duché, reste d’actualité.
Un récent communiqué du gouvernement danois, repris fin juin dans la presse du pays scandinave, est venu jeter un froid sur l’ambitieux projet de construire une île énergétique artificielle en mer du Nord, un projet soutenu et cofinancé par le Luxembourg. «Dans sa forme actuelle, les coûts pour le gouvernement sont trop élevés et les risques trop nombreux», avait expliqué le communiqué précité.
Interpellé, hier, à la Chambre par le député Gusty Graas (DP), le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a pu apporter des clarifications, après s’être entretenu avec son homologue danois. Principale conclusion : «Le Danemark va continuer à investir à grande échelle dans l’éolien en mer».
D’ici la fin de l’année, le gouvernement danois compte avoir bouclé l’évaluation du projet. «Il s’agit d’une question d’optimisation de l’infrastructure à mettre en place pour installer entre 10 000 et 12 000 mégawatts d’éolien en mer», relate Claude Turmes. «Le projet danois est toujours en cours», s’est vu assurer le ministre luxembourgeois par son homologue danois. L’île doit être reliée à plusieurs centaines d’éoliennes en mer. Le chiffre avancé varie entre 200 et 600 unités.
Une double question se pose désormais : quel type d’île énergétique sera construite et qui va réaliser le projet? Au départ, le Danemark avait misé sur une île artificielle avec une fondation qui repose sur les fonds marins. Désormais, l’option d’une fondation flottante serait à l’étude. Le partenariat privé-public envisagé au départ pour financer le projet évalué à 30 milliards d’euros serait également remis en question.
Une enveloppe de 33 à 66 millions d’euros
La Belgique pourrait servir d’exemple à suivre pour le Danemark. L’île énergétique artificielle qui doit voir le jour, à l’horizon 2026, au large de la côte de nos voisins sera flottante. Le gestionnaire du réseau électrique à haute tension Elia assurera la gestion de l’île. «L’Agence énergétique du Danemark est en train d’évaluer si le modèle commercial mis en place par la Belgique comprend un moindre risque au niveau des coûts», explique Claude Turmes. «Dans sa forme actuelle, les coûts pour le gouvernement sont trop élevés et les risques trop nombreux», avait d’ailleurs avancé son homologue danois par voie de communiqué.
En attendant une décision finale, l’investissement du Luxembourg dans l’éolien en mer danois produit d’ores et déjà ses effets. Début février, la Chambre des députés a validé une enveloppe budgétaire comprise dans une fourchette entre 33 et 66 millions d’euros pour que le pays soit fourni, sur la période 2021-2025, en énergie renouvelable (éolienne ou autre). «Cet argent est investi dans d’autres projets d’extension de l’éolien en mer réalisés par le Danemark», précise le ministre de l’Énergie. Un de ces projets se trouve en mer baltique. L’hydrogène vert est une autre option pour le cofinancement luxembourgeois.
Dès le départ, l’intention du Danemark était de revendre le surplus d’énergie à d’autres pays européens. Des câbles sous-marins seront installés pour assurer la distribution, notamment en direction de l’Allemagne. Le projet belge repose sur le même principe. Une interconnexion avec les parcs d’éoliennes danois est déjà actée.
Le Luxembourg inclus dans
la coalition «mer du Nord»
Invité à participer, fin avril, au sommet de la mer du Nord, le Grand-Duché figure parmi les signataires de la déclaration dans laquelle le Benelux, la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Irlande, la Norvège et le Royaume-Uni s’engagent à porter collectivement leurs capacités d’énergie éolienne à 120 gigawatts en 2030, puis au moins 300 GW en 2050, contre des capacités actuelles cumulées d’environ 30 GW. La promotion d’interconnexions pour l’hydrogène vert et l’électricité est un autre engagement pris.
«C’est un jour décisif pour faire de la mer du Nord la plus grosse centrale électrique verte du monde», avait insisté le Premier ministre belge, Alexander De Croo, à l’issue du sommet.
En mer du Nord, peu profonde, des éoliennes peuvent être installées en nombre important pas trop loin des côtes, dans des conditions de vent permettant de produire de l’électricité à des coûts jugés très compétitifs. Le coût total pour réaliser les objectifs d’Ostende s’annonce colossal. Fin 2020, Bruxelles chiffrait à 800 milliards d’euros les besoins d’investissements si l’UE visait 300 GW d’éolien offshore d’ici 2050.
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