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Attaque au couteau : le prévenu tranche la gorge de son rival amoureux


Le prévenu a changé de version après avoir obtenu les résultats de l’expertise ADN. De l'aveu de sa victime présumée, du sang a été retrouvé sur la lame de son couteau. (Photo : archives lq)

Chater a changé de version à la barre. Il aurait agi «par réflexe» après avoir été bousculé et n’aurait pas eu l’intention de blesser le nouveau compagnon de son ancienne petite amie.

Chater est pourtant accusé d’avoir, à deux reprises, tenté d’éliminer Sadi qu’il considérait comme son rival amoureux. Le 6 août 2022, le jeune Tunisien de 24 ans l’a attaqué avec un tournevis. Quinze jours plus tard, il aurait recommencé. Avec un petit canif, cette fois, il lui tranche la gorge sur une longueur de 8 centimètres. À la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, le prévenu avance la thèse de l’accident. L’autre l’aurait agressé par-derrière pendant qu’il ouvrait ses boules de cocaïne. La lame aurait touché sa victime présumée pendant qu’il se retournait par surprise. Une nouvelle version, selon les magistrats.

La blessure est peu profonde. Les nerfs et les vaisseaux sanguins n’ont pas été touchés. Six points de suture suffiront à guérir la plaie que, un médecin légiste le confirme, la victime présumée n’a pas pu s’infliger elle-même comme l’avait suggéré le prévenu dans un premier temps. «Je n’avais pas vu de sang sur la lame de mon couteau. Je pensais qu’il s’était blessé lui-même pour que j’aille en prison et qu’il puisse sortir avec Tamara», avait indiqué Chater. La blessure n’est pas non plus consécutive à un accident. «Je reste sur ma version. C’est ce qui s’est passé, la vérité», insiste le jeune homme qui est actuellement en détention préventive.

Et ce n’est pas Tamara qui éclairera davantage le tribunal. Elle n’a rien vu, ne se souvient plus, était elle-même sous l’emprise de stupéfiants ou n’était tout simplement pas présente, assure-t-elle au juge qui, à plusieurs reprises, lui a rappelé les conséquences d’un faux témoignage sous serment avant de lire ses déclarations à la police le soir des faits ainsi que des extraits du rapport de police. La jeune femme de 32 ans a débarqué en panique au commissariat de police pour chercher de l’aide avec Sadi à sa suite.

Les raisons de ses infructueuses tentatives d’esquive à la barre semblent multiples. Le président y ajoute la peur et les menaces de la part de Chater après lui avoir donné une dernière chance de dire la vérité. «Que vous a dit Sadi sur ce qui s’est passé entre lui et Chater?», la questionne-t-il en changeant d’angle d’approche. «Il m’a dit que Chater lui a sauté dessus par-derrière et l’a blessé», répond Tamara. Les faits ont eu lieu après 2 h, dans la nuit du 16 août 2022, à l’angle des rues du Fort-Neipperg et de Bonnevoie. La victime présumée n’était pas présente à l’audience. Elle aurait toutefois accordé son pardon au prévenu, a fait savoir l’avocat de Chater, Me Gomes.

«Un acte irréfléchi»

«La rencontre entre les deux hommes a été fortuite», a conclut le substitut du procureur. Chater n’aurait, selon lui, pas prémédité son geste, malgré l’antécédent du tournevis. Il aurait cependant «profité de l’occasion pour régler ses comptes», persuadé qu’il était que sa victime présumée lui avait piqué sa copine. «Il ne pouvait pas prévoir qu’il allait le croiser cette nuit-là», note le magistrat qui conclut cependant à la tentative de meurtre.

«La blessure était anodine, mais aurait pu être potentiellement mortelle.» Sans compter le risque de septicémie encouru par Sadi dont l’ADN a été découvert sur le manche du couteau que Chater portait sur lui au moment de son arrestation dans la rue des Ardennes. Une découverte qui a poussé le prévenu à revenir sur sa première version des faits en remplaçant l’automutilation par l’accident. Thèses déconstruites par le substitut qui a requis une peine de 12 ans de prison à son encontre.

Me Gomes a soutenu la dernière version de son client : il n’aurait jamais eu l’intention de tuer son rival et ne peut donc être condamné pour tentative de meurtre. L’avocate a plaidé l’acquittement du jeune homme de ce chef d’inculpation et demandé au tribunal de retenir les coups et blessures involontaires à son encontre. Chater ne s’est pas acharné sur Sadi. Il lui a asséné un coup de couteau avant de prendre la fuite. La plaie étant superficielle, il n’a pas non plus dû faire usage d’une grande force. Le coup de couteau est «un réflexe» et «un acte irréfléchi» de sa part, conclut-elle avant de demander au tribunal de le faire bénéficier du sursis intégral ou probatoire.

Le substitut n’est pas du même avis. Il a répliqué à l’avocate en demandant à la chambre criminelle de faire la part des choses entre la nouvelle version du prévenu et la version de la victime qui est conformée par l’experte légiste.

Le prononcé est fixé au 13 juillet.

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