Une écrasante majorité de députés a réitéré, mercredi à la Chambre, son plein soutien à l’Ukraine, violemment agressée par la Russie. Seul l’ADR souhaite imposer des négociations de paix à Kiev.
Le débat sur la déclaration de politique étrangère du Luxembourg s’est ouvert par une critique acerbe du CSV en direction de Jean Asselborn. «Depuis presque vingt ans, on a l’impression que la politique menée par ce ministre des Affaires étrangères navigue à l’aveuglette. Il n’existe pas de planification stratégique, de lignes directrices, de matrice, de philosophie. Le manque de cohérence nous fait perdre, en tant que pays, en crédibilité», accuse Claude Wiseler.
La majorité défend Asselborn, visé par le CSV
Faux, rétorque l’élu libéral Gusty Graas. «Les propos du CSV ne sont pas acceptables. Ils ne se fondent sur aucune preuve. La voix du Luxembourg est toujours entendue. Le soutien des partis de coalition à la politique étrangère menée est entier», clame-t-il. Stéphanie Empain (déi gréng) confirme ces propos : «Nous partageons intégralement la très grande majorité des propos tenus par Jean Asselborn.» Son seul bémol est sa position sur le devoir de vigilance, un sujet qui sera approfondi la semaine prochaine lors du débat sur la politique de coopération et d’aide au développement.
Kherson : «Un énorme revers pour Poutine»
La nouvelle est tombée en plein débat sur la politique étrangère. La Russie a ordonné le retrait de ses troupes de la ville clé de Kherson, «la première ville capitale qui a été prise par les troupes russes», précise Jean Asselborn. Pas plus tard que mardi, le ministre des Affaires étrangères avait évoqué le fait qu’une défaite russe à Kherson pourrait mettre Vladimir Poutine dans une «position de faiblesse». Le retrait annoncé hier constituerait «un énorme revers pour Poutine». «On vit peut-être un jour important dans cette guerre. Il se pourrait que Poutine soit forcé à se mettre à la table des négociations en position de faiblesse», développe le chef de la diplomatie luxembourgeoise.
Le député Fernand Kartheiser (ADR), ancien officier de l’armée, estime, par contre, que le retrait russe est stratégique. «Il est logique de se replier si une offensive est plus efficace au printemps», avance-t-il.
L’autre grande querelle de la séance menée mercredi à la Chambre a concerné la guerre que conduit la Russie contre l’Ukraine. Les partis de la majorité (DP, LSAP, déi gréng), rejoints par le Parti pirate et surtout le CSV – qui se dit cette fois entièrement d’accord avec le positionnement du gouvernement –, ont réitéré leur plein soutien à Kiev.
« Il nous faut retourner à la paix »
Déi Lénk qualifie bien l’agression russe de «tragédie» et de «folie», mais estime, par la voix de la députée Nathalie Oberweis, que la communauté internationale «n’a pas tout tenté pour stopper au plus vite cette guerre». «Il est extrêmement frustrant qu’il n’y ait toujours pas de cessez-le-feu», ajoute-t-elle.
Sous quelles conditions des négociations de paix pourraient-elles avoir lieu? Ni déi Lénk ni l’ADR, bien plus offensif sur la nécessité de réunir Ukraine et Russie autour d’une table, ne livrent de réponses claires. «La question territoriale sera certainement une des plus compliquées à trancher lors des négociations. Il me semble toutefois très improbable que la Russie accepte de céder les territoires annexés dans l’est de l’Ukraine», avance Fernand Kartheiser, le chef de file du parti réformateur à la Chambre. «Cela ne veut pas dire que l’on abandonne l’Ukraine à son sort. Mais il nous faut retourner à la paix, réparer ce qui peut l’être et offrir une perspective à l’Ukraine», ajoute l’élu.
«Une guerre inhumaine»
Il a rapidement été contré par le LSAP. «Dire à l’Ukraine de céder pour rétablir la paix témoigne d’une optique erronée», souligne Dan Kersch. Plus fermes encore, les propos de son président de fraction, Yves Cruchten : «Il n’est pas acceptable de demander à l’Ukraine de capituler.» «Ceux qui clament que les sanctions contre la Russie n’apportent rien ou que les armes livrées à l’Ukraine prolongent la guerre emploient une rhétorique qui justifie la guerre inhumaine menée par Vladimir Poutine», avait martelé plus tôt Claude Wiseler.
Gusty Graas (DP) affirme que «seul un renforcement des sanctions pourra résoudre le conflit». Autre conclusion : «Il nous faut apprendre des erreurs du passé», comme le souligne Stéphanie Empain. «Le seul reproche que l’on puisse nous faire est que des sanctions plus lourdes n’aient pas été prises plus tôt, dès 2014 et l’annexion de la Crimée», complète Yves Cruchten.
La motion de l’ADR appelant le gouvernement à intervenir auprès des hautes autorités russes pour entamer des négociations de paix a été finalement rejetée par 52 élus. Les deux députées de déi Lénk se sont abstenues.
Aucun parti à la Chambre ne s’est positionné ouvertement, hier, contre la Chine et le régime mis en place par le président Xi Jinping. «Les liens entre le Luxembourg et la Chine sont très étroits. Il est important de maintenir ces relations, car nous avons notamment besoin de la Chine pour lutter contre le changement climatique», avance Yves Cruchten (LSAP). «Néanmoins, il doit être possible d’évoquer des problèmes et d’exercer une pression sur Pékin», ajoute-t-il.
Claude Wiseler (CSV) tend dans une direction semblable : «Nous devons avoir des relations commerciales avec la Chine, mais il faut pouvoir fixer des frontières. La Chine poursuit des objectifs économiques et stratégiques.» Dans cet ordre d’idées, il serait important de voter rapidement une «loi de filtrage», offrant au gouvernement la possibilité de s’opposer à des offres chinoises pour reprendre en main des entreprises ou infrastructures.
Stéphanie Empain (déi gréng) invite à ne pas répéter les erreurs du passé. «Il faut éviter d’être trop dépendant de la Chine. Il est donc nécessaire de cesser la délocalisation de chaînes de production, tout en rendant l’Europe plus autonome, notamment dans la production de médicaments», clame-t-elle.
En fin de compte, la Chine devrait être considérée comme «un rival, mais pas comme un ennemi», affirme Fernand Kartheiser. Le député de l’ADR plaide pour un «partenariat respectueux». «La coopération est toujours à privilégier à la confrontation. La même réflexion vaut pour les relations de la Chine avec Taïwan», développe l’élu. Par contre, «l’UE a besoin d’une autonomie stratégique» envers la Chine, mais aussi les États-Unis. «Soyons réalistes : l’Europe ne fait plus que ce que les États-Unis réclament. Or il faut savoir que les intérêts européens et américains ne sont pas toujours convergents», termine le chef de file de l’ADR à la Chambre des députés.
Mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, avait aussi évité de blâmer trop fortement la Chine.
Que tous les critiques des Ukrainiens aillent vivre dans la Russie de Poutine et essaye de négocier avec lui, comme cela, ils sauront ce que fait en vrai une dictature sanguinaire, qui assassinent – y compris en occident – les opposants qu’elle n’est pas parvenu à acheter ou à corrompre.
Que tous ceux qui pensent que l’Histoire peut justifier les actions de la Russie se souviennent que le passé européen comprend un Empire célèbre, à savoir l’empire romain, et que depuis, chaque État européen s’est constitué dans ses frontières actuelles.
Ras-le-bol des trolls russes!
Tout à fait d’accord.
On ne demande pas de capituler, mais se mette autour d’une table pour trouver un accord. Si les USA lâchent leur soutien ce sera une obligation.
L’Ukraine artificielle du temps e l’URSS a vécu et ne se reverra plus quoi qu’en dise les dirigeants de Kiev. Il faudra un jour faire la paix et les supporters de l’Ukraine, USA en tête, devront se faire à l’idée q’on ne peut indéfniment verser des dizaines de millairds dans ce puits sans fond qu’est le régime kiévien, corrompu jusuq’à la moëlle.