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Hôpitaux : Mutsch cherche l’apaisement


«Notre intérêt suprême est la santé publique», a souligné vendredi la ministre de la Santé, Lydia Mutsch. (photo Isabella Finzi)

La ministre de la Santé a dit, vendredi, ne pas être engagée dans une «bataille» avec les médecins. Même si la levée de boucliers contre la loi hospitalière lui reste en travers de la gorge, elle est ouverte au dialogue.

Mise sous pression par une Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) remontée à bloc, Lydia Mutsch ne compte pas céder. Pour la ministre de la Santé, la loi-cadre sur le fonctionnement des hôpitaux est bien équilibrée. Si elle est prête à accorder un rôle important aux médecins, il est hors de question «qu’ils décident tout, tout seul». Une nouvelle entrevue avec les acteurs de terrain aura lieu dans les semaines à venir.

Vendredi après-midi, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, n’est pas montée au front pour en remettre une couche dans le bras de fer qui l’oppose à l’AMMD. Il s’agissait plutôt d’une mise au point visant à jouer l’apaisement dans une surenchère. Les mots prononcés ont cependant été clairs. Une des phrases clés a été que les « médecins ont des droits, mais aussi des obligations ». Autre mise en garde lancée par Lydia Mutsch : « Ils ne pourront pas tout décider tout seul. »

Malgré ces phrases fortes, la ministre de la Santé a insisté sur le fait qu’elle ne menait pas une «bataille» contre les médecins. Elle et ses services auraient été longuement à l’écoute de l’AMMD au moment de préparer la nouvelle loi-cadre sur le fonctionnement des hôpitaux. Il serait donc faux d’affirmer maintenant qu’elle se serait refusée à tout dialogue. « J’ai donc d’autant plus de mal à comprendre le revirement dans l’attitude de l’AMMD », souligne la ministre de la Santé, qui s’interroge d’ailleurs sur les véritables intentions des médecins.

« Je me pose la question de savoir si leur volonté est toujours de parler du fond », enchaîne Lydia Mutsch, qui a tenu vendredi à mettre les points sur les i. « Notre intérêt suprême est la santé publique. Pour quelle raison le ministère envisagerait-il maintenant de remettre en question ce principe? », s’interroge encore la ministre.

Aux yeux de Lydia Mutsch, la future loi hospitalière est bien équilibrée. Elle ne remettrait d’ailleurs en rien en question des prérogatives des médecins telles que la liberté thérapeutique. « Mon objectif est de pérenniser dans un contexte difficile l’activité et les services des hôpitaux. Travailler dans le cadre d’équipes multidisciplinaires est aujourd’hui déjà une réalité dans bon nombre d’établissements. C’est sur cette voie que je souhaite avancer », explique la ministre.

Trois dates pour l’AMMD

Le patient serait aussi en droit de s’attendre à la meilleure prise en charge possible. C’est pourquoi la future loi hospitalière renforce le cadre organisationnel des hôpitaux. Ce qui ne veut pas dire que les médecins perdraient en influence. « Une des pistes poursuivies est que les Conseils médicaux soient à l’avenir représentés avec un droit de vote au conseil d’administration de l’hôpital », précise Lydia Mutsch.

De plus, le Luxembourg serait, contrairement à ses pays voisins, dans la situation particulière où pratiquement l’ensemble des directeurs des hôpitaux seraient médecins de formation. Cela impliquerait également que les médecins continueraient de garder une forte influence dans la gestion des hôpitaux.

Une autre grande critique concerne la standardisation, notamment au niveau de la commande du matériel. Lydia Mutsch souhaite rendre ces commandes plus efficaces. « L’idée est que direction et médecins s’accordent sur un cahier des charges qui définit les critères de qualité à respecter », annonce la ministre, qui souligne par la même occasion que la parole des médecins continuera de peser.

L’objectif ne serait aucunement de faire des économies, a également souligné Lydia Mutsch. « Il s’agit d’une loi d’investissement. Il est prévu de passer de 2  846 à 3  187 lits, tout en mettant en place de nouveaux centres spécialisés », met en avant la ministre de la Santé.

Désormais, il serait urgent de laisser à la Chambre des députés le temps de faire son travail(lire ci-contre) . Cela n’exclut cependant pas que le dialogue entre la ministre et les acteurs du terrain se poursuive. L’AMMD s’est ainsi vu proposer trois dates pour une entrevue. « L’important est de désamorcer la situation et de mener un dialogue constructif. Cette loi est très importante pour les acteurs du secteur, mais surtout pour les patients », conclut Lydia Mutsch.

David Marques