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[Hip-hop] Des trainings de house dance tous les vendredis soir à Metz !


«La créativité est contagieuse, faites-la tourner !», disait Albert Einstein. À Metz, pour kiffer, ça se passe les vendredis soir à l’Espace Lafayette avec Mehdi aka Dimey ! (Photo : DR)

C’est l’une des grosses nouveautés de la rentrée à Metz : chaque vendredi, de 19 h à 21 h, des trainings de house dance sont proposés à l’Espace Lafayette, situé juste à côté de la gare. Le 4 septembre, pour la grande première officielle, Le Quotidien y était !

Vendredi, 19 h pétantes. On s’engouffre à droite de la gare de Metz, et après avoir descendu quelques marches, on clenche masqué – Covid-19 oblige – la porte pour entrer à l’intérieur de l’Espace Lafayette (ancien Atelier 2-4). Direction les vestiaires pour changer de chaussures, puis on se faufile à l’intérieur de la grande salle.

Le DJ, Rémi San, qui est venu en train depuis le Luxembourg, est déjà en place. Il envoie du son (All for Love de WizKid) histoire de nous plonger tout doucement dans l’ambiance si particulière de la house dance. Née à Chicago, cette danse à la fois aérienne et puissante s’est développée dans les clubs new-yorkais en majorité gays dans les années 1980. Elle est un savant mélange des styles : salsa, claquettes, jazz ou encore afro.

Pendant ce temps, Lyes et Younes s’affairent à régler le haut-parleur gauche, récalcitrant. Mehdi Mimèche, le gérant du Chalon de thé local et à l’initiative de ce créneau fixe dédié à la house dance, tente lui d’enlever les poils de chat qui sont collés sur son t-shirt bordeaux. Faut le voir à l’œuvre, le coco !

Une quinzaine de danseurs, petits ou grands, ont pris place dans la salle. Il y a là bien sûr des house danceurs, mais aussi des b-boys, des amateurs de hip-hop newstyle. On y dénombre une majorité de garçons, mais aussi quelques filles, comme Cycy et July, deux adeptes de l’afrohouse, avec qui on s’est salués en se checkant du poing ou du coude en arrivant.

C’est parti pour une session d’entraînement libre – ce qu’on appelle dans le jargon un freestyle et donc pas un cours proprement dit – de deux heures dans le pur esprit de la house clubbing. Le son donne une direction, il ne reste plus qu’à laisser parler son corps, lui laisser le soin de traduire ça en mouvements… et surtout kiffer la vibe !

«Le mot qui prime dans ce training de house dance régulier qu’on met en place chaque fin de semaine à Metz, c’est la bienveillance !, explique Mehdi. L’objectif, c’est d’ouvrir la soupape de décompression. Via la danse, s’exprimer, se redécouvrir, développer sa créativité, lâcher prise mais avant tout rigoler, délirer, s’amuser… sans être jugé !»

Lors de cette grande première, le training est libre mais structuré. Par moments, Mehdi appelle la meute pour qu’elle se réunisse derrière lui. Il lui apprend quelques pas de base (comme par exemple, le pas de bourrée) ou routines, mais la sollicite aussi pour prendre le relais. Au lieu de seulement répéter les mouvements du prof en face du miroir, c’est l’intelligence collective qui est mise en avant. De cette façon, chacun des participants met la main à la pâte, apporte sa pierre à l’édifice de cette créa’ commune. Le tout avec le sourire, bien sûr !

 


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19 h 30, Franklin Pereira aka «The Wolf» débarque dans la salle avec son pote b-boy Callenz (ASBL Knowedge). Les Luxembourgeois sont en retard, mais ils arrivent rapidement à se fondre dans le collectif. Même s’il est modeste et humble comme pas deux, Franklin est ce qu’on appelle un «blaze», autrement dit une pointure dans le milieu. Ce prof de sport au lycée technique Matthias-Adam (Lamadelaine et Differdange) a déjà fini plusieurs fois dans le top 16 du House Dance Forever à Amsterdam, LA compétition internationale de référence de la discipline.

«Un moment de kiffance extrême !»

Très vite, il enlève ses chaussures et danse en chaussettes pour mieux ressentir et glisser sur le dancefloor. Les vieux briscards de Younes et Mehdi l’imitent quelques instants plus tard. Les connexions à base de communication non verbale s’établissent. Les pas de danse sont fluides, légers, aériens. Avec eux, aussi, la déconne n’est jamais loin. «Y’en a qui ont faim, qui n’ont pas mangé depuis 3 semaines !!!», s’écrie Franklin d’un air malicieux. Il faut dire que DJ Rémi San est chaud comme la braise et enchaîne de manière insolente les «pépites» ou galettes musicales (Be Free de Melissa B, ‘It Makes You Forget (Itgehane)’ de Peggy Gou, etc.)

Les danseurs, résolument habités par les esprits de la house dance, captivés par le beat, semblent déchaîner. Plongés dans leur univers, ils ne s’arrêtent pas de danser. Franklin, qui s’apprête à aller boire un coup, est même rattrapé par la patrouille, représentée par Lyes. «Il ne reste plus que 20 minutes.» Preuve qu’ils sont en train de vivre, ensemble, là, ici, tout de suite, maintenant, quelque chose de savoureux. «Un moment de kiffance extrême !», assure Mehdi.

Après s’être désaltéré, Franklin revient sur le dancefloor avec ses Adidas Rod Laver blanches aux pieds. Vu que la piste est un brin collante, il en profite pour mettre du talc sous ses semelles pour mieux adhérer au parquet. Quelle aisance, quelle subtilité dans ses jeux de jambes, c’est vraiment beau à regarder ! Petit bonnet vissé sur la tête, DJ Rémi San est dans un état second, tape même, l’espace d’un instant, une furtive incursion au milieu des danseurs.

Les sons remixés ou non qui passent font mal à la tête, tellement ils son bons (Dance to the Bass de Belizian Voodoo Priest, Self Conscience de Pirahnahead, Conscious of My Conscience de Freaks & 012, etc.). Ils poussent les danseurs à se surpasser, à puiser au fond d’eux-mêmes niveau cardio. Franklin, limite en transe, s’approche du DJ et lui lance : «Toi, tu nous lâches pas jusqu’au bout !»

21 h 10, Mehdi regroupe tout ce petit monde devant lui pour faire un débriefing de cette grande première. «Franchement, merci pour la vibe ! Ce qui s’est passé ce soir, c’était grave ! Je le répète, ce training a vocation à être un laboratoire. On est là pour kiffer, développer sa créativité, sa danse…» C’est à cet instant précis que ce satané clappeur de «Zbecks» perd les pédales : «C’est quand qu’on danse tout nu?» Éclats de rire dans la salle. Qu’on soit clair, le «House Nude Forever» n’est pas du tout prévu cette année au programme… Mais pour le consoler et conclure la soirée en beauté, le DJ passera un zouk love déjanté qui sent bon les îles !

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Session d’entraînement libre dans l’esprit de la house clubbing, chaque vendredi soir à l’Espace Lafayette, Metz. À partir de 10 ans.

Cotisation : 100 euros à l’année. Pour les adhérents, un stage par mois est prévu avec une pointure de la house dance (Mogwai, Daneshiro, etc.) et des sorties à des évènements seront également proposées (battles, etc.).

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