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Guy Krier, nouveau président des vignerons indépendants luxembourgeois


Guy Krier, le nouveau président des vignerons indépendants. (Photo : Erwan Nonet)

Après 27 ans passés à la présidence des vignerons indépendants, Ern Schumacher cède sa place avec plaisir à Guy Krier, qui sera secondé par Jeff Konsbrück. La nouvelle génération est déjà aux manettes.

Pour la première fois de l’histoire de l’Organisation professionnelle des vignerons indépendants (OPVI), son président ne s’appelle pas Schumacher. Ern Schumacher représentait ses collègues depuis 27 ans et il ne cachait pas ces dernières années qu’il avait très envie de passer la main.

Aujourd’hui à la retraite, puisque son fils Tom (Domaine Schumacher-Lethal, à Wormeldange) est désormais à la tête de la belle maison familiale, il était logique que la relève prenne ses fonctions cette année.

Ern Schumacher, 27 ans de présidence.

Avant lui, Gast Schumacher (aucun lien) avait tenu la boutique entre le milieu des années 1980 et 1996, année de la prise de fonction d’Ern. Gast Schumacher, décédé le 1er décembre 2021, était le père de Martine et Frank Schumacher (domaine Schumacher-Knepper, à Wintrange). Et avant lui, en 1966, Pierre Schumacher (le père d’Ern Schumacher) avait été le premier président des vignerons indépendants.

Un groupement qui a mis du temps à se former par rapport à ses concurrents, parce que les logiques d’alors n’étaient pas celles d’aujourd’hui. Chez le vigneron d’alors, le modèle dominant était celui d’une exploitation agricole qui pratiquait la polyculture. La vigne venait en complément à côté de l’élevage et de l’agriculture. Ces premières générations étaient pionnières, ce sont elles qui ont transformé les fermes en caves.

«Vingt-sept ans de présidence, c’est trop»

Mais les temps ont changé et l’OPVI aussi. Revêtir l’habit de président est de plus en plus compliqué et de plus en plus chronophage. Si Ern Schumacher a pu tenir le rythme, c’est aussi parce que son fils travaille à ses côtés depuis plus de 20 ans et qu’il a vite été autonome à la cave.

«Vingt-sept ans de présidence, c’est trop, affirme le paternel. Cela demande un grand engagement et le covid m’a aidé à me rendre compte que j’avais aussi envie de faire autre chose, de profiter de mon temps différemment. Je suis maintenant président d’honneur, ça me va très bien!»

L’organisation s’est donc mise d’accord pour changer son mode de fonctionnement. Il n’y aura plus de président plénipotentiaire et le travail collectif sera désormais privilégié.

Depuis quinze jours, Guy Krier (domaine Krier-Welbes, à Ellange-Gare) est le nouveau président et Jeff Konsbrück (Winery Jeff Konsbruck, à Ahn) son vice-président. Jean-Marc Schlink (Schlink Domaine viticole, à Machtum) reste trésorier.

«Faire tout, tout seul, comme Ern, c’est une tâche énorme que plus personne ne veut assumer seul, reconnaît ce dernier. Moi, je n’en aurais même pas la possibilité, j’ai trop de travail à la vigne et dans la cave.» Guy Krier tient exactement les mêmes propos.

Miser sur le collectif

Alors, les vignerons indépendants vont désormais s’organiser différemment. «Nous allons nous partager les tâches, précise Guy Krier. Je m’occuperai davantage de la communication vers l’extérieur et Jeff de la communication interne.»

Les rôles ne seront toutefois pas figés, les deux hommes garantissent qu’il n’y aura pas de pré carré et qu’ils collaboreront sur tous les sujets avec l’ensemble du comité.

Pour éviter que l’organisation s’enlise, il est d’ailleurs prévu que Jeff Konsbrück et Guy Krier échangent leurs fonctions d’ici trois ou quatre ans. C’était même une condition de leur engagement. Il est d’ailleurs question de sanctifier ce principe d’une présidence tournante lors de la prochaine réunion du comité qui entérinera ce changement d’ère le 15 mai prochain. Les statuts seront très vraisemblablement adaptés.

Une fois que les formalités statutaires seront réglées, il sera question d’évoquer les missions principales qui seront allouées aux deux hommes. Le comité, qui sera également largement renouvelé et rajeuni avec le départ de quelques anciens et l’arrivée attendue de la nouvelle génération, aura évidemment son mot à dire. C’est bien une nouvelle ère qui s’annonce pour un des groupements les plus dynamiques de la Moselle viticole.

Les indépendants à Ettelbruck

Le jeudi 30 et le vendredi 31 mars, de 16 h à 20 h, les vignerons indépendants iront présenter leurs vins lors du traditionnel Waikues, un rendez-vous qui a su trouver son public. Les stands seront installés dans la Däichhal, les Mosellans pourront également compter sur la présence de l’office du tourisme de la ville ainsi que du Sportfëscher Club Ettelbréck.

Moyennant un droit d’entrée de 15 euros, les visiteurs obtiendront le verre qui leur permettra de goûter tous les vins et les crémants des vignerons participants.

Jeff Konsbrück :
«Nous ne sommes pas là uniquement pour prendre les subventions»

Qu’est-ce qui vous a convaincu de prendre la vice-présidence de l’Organisation professionnelle des vignerons indépendants, puis la présidence dans quelques années, comme c’est d’ores et déjà prévu?

Jeff Konsbrück, vice-président des vignerons indépendants : Je crois qu’à un moment, il est important de prendre ses responsabilités. Si tout le monde s’engage à faire un peu, ensemble, tout est plus facile. En tant que jeune vigneron (34 ans), je voulais également montrer que l’on savait aussi s’engager. Comme ça, le ministre peut voir que nous ne sommes pas là uniquement pour prendre les subventions : nous ne refusons pas le travail!

Photo : DR

Justement, on évoque les lourdes tâches qui incombent au président et au vice-président. Mais quelles sont-elles?

Une des grandes missions est d’étudier les nouveaux règlements, de s’informer sur les projets de loi en cours pour voir s’ils seront adaptés et conviendront à la majorité de nos membres. Il y a de plus en plus de documents très techniques et ce n’est pas toujours simple de s’en sortir. Surtout, les comprendre demande beaucoup de temps et beaucoup de coups de téléphone…

Une autre grande tâche est la négociation annuelle du prix des raisins. Certains vignerons indépendants vendent une partie de leur récolte aux négociants (NDLR : d’autres producteurs qui ne vinifient pas uniquement les raisins de leurs vignes, comme Bernard-Massard, Gales, Desom…) et les prix sont discutés tous les ans.

Ces dernières années ne sont pas plus simples que les précédentes… Les coûts qui augmentent devraient faire monter les prix, mais les négociants sont rarement de notre avis…

Désormais, le président et le vice-président sont des vignerons bios. Les vignerons bios engagés dans leurs vignes le sont aussi davantage dans les organisations?

Non, c’est une coïncidence. Il ne faut pas aller aussi loin. D’ailleurs, si je n’avais pas été bio, je me serais engagé de la même façon. Guy et moi, nous n’allons pas militer pour que tout le monde se convertisse : chacun continuera à faire comme il veut!

Recueilli par Erwan Nonet