Le nouveau chef-sommelier bordelais du Place d’Armes découvre le Luxembourg depuis le mois de mars et a été sacré lundi.
La résurrection du Concours du Meilleur Sommelier du Luxembourg a eu lieu lundi dernier dans le hall 8 d’Expogast, au milieu des stands des vignerons luxembourgeois. L’épreuve avait été suspendue depuis 2019, faute de candidats d’abord, sabordée par la pandémie de covid ensuite. Cette édition a réuni 9 candidats, dont 2 femmes, et c’est le nouveau chef-sommelier du Place d’Armes, Grégory Mio, qui est reparti avec l’insigne. Une belle performance pour ce Bordelais de bientôt 39 ans, qui œuvrait auparavant dans un hôtel-restaurant 5 étoiles de Cognac.
Vous êtes arrivé récemment au Luxembourg, quel est votre parcours ?
Grégory Mio : Je suis originaire de la région de Bordeaux. J’ai baigné dans le monde du vin et de la sommellerie depuis tout jeune puisque mes grands-parents étaient vignerons à Saint-Émilion. Avant de rejoindre Luxembourg, j’étais chef-sommelier dans un très bel hôtel 5 étoiles de Cognac, l’hôtel du Chai Monnet. J’y étais présent depuis l’ouverture. Auparavant, j’avais travaillé dans plusieurs établissements en Suisse, notamment à Genève, et en Allemagne.
Comment êtes-vous arrivé à Luxembourg, dans cette très belle maison qu’est Le Place d’Armes ?
J’ai participé à plusieurs concours de sommellerie, dont le Master of Port, il y a un peu plus d’un an, où j’ai atteint les demi-finales. C’est à cette occasion que le directeur général du Place d’Armes (NDLR : Jean-Grégoire D’Amman) m’a repéré et m’a contacté. Il m’a convaincu et je l’ai rejoint!
J’avais déjà dégusté deux vins d’Henri Ruppert à la Cité du vin de Bordeaux
Avant d’arriver au Grand-Duché, vous connaissiez ses vins ?
J’avais déjà dégusté deux vins d’Henri Ruppert en 2016 ou 2017 lors d’une fête du vin à la Cité du vin de Bordeaux. C’était le crémant l’Esprit de Schengen et le pinot noir Ma Tâche, qui sont d’ailleurs disponibles à la vinothèque du musée. J’en ai gardé un très bon souvenir. Je sais qu’il y a plus de 10 ans, j’avais également dégusté des vins luxembourgeois au salon Prowein (NDLR : à Düsseldorf), mais c’est un souvenir lointain.
Votre victoire au Concours du Meilleur Sommelier du Luxembourg montre que vous avez déjà bien cerné la production locale !
Oui, mais il me reste encore beaucoup de travail, on ne peut pas tout découvrir en quelques mois! J’étais un peu inquiet après le quiz (NDLR : l’épreuve du matin, qui permet de sélectionner les finalistes) parce qu’il y avait quelques questions qui portaient sur des cuvées luxembourgeoises qui n’étaient pas évidentes pour moi. J’étais plus à l’aise avec les vins français et étrangers, mais je travaille dur pour renforcer mes connaissances sur les vins de la Moselle. J’étais déjà très content d’être en finale, parce qu’après, ça se joue au feeling.
Quelle a été votre motivation, pour ce concours ?
En fait, pour un sommelier, la meilleure façon pour rencontrer ses collègues et s’intégrer dans un nouveau pays est d’adhérer à l’association locale. Je suis donc membre de l’Association luxembourgeoise des sommeliers et je participe aux dégustations qu’elle organise pour le magazine Horesca. Comme c’est également l’association qui organise le concours, ils m’ont convaincu d’y participer et j’ai eu raison de suivre leur conseil !
Vous passez beaucoup de votre temps sur la Moselle pour rendre visite aux vignerons et découvrir leur production; que vous inspire le vignoble luxembourgeois ?
Il est indéniablement très intéressant. J’ai dégusté des vins qui m’ont beaucoup plu. Il y a de beaux cépages, de beaux terroirs, des vignerons talentueux… La qualité des vins m’a convaincu et j’essaie de les promouvoir autant que je peux à la Cristallerie, au Plëss et au Café de Paris (NDLR : les trois adresses appartiennent au groupe du Place d’Armes). Par exemple, au Café de Paris et au Plëss, je sers toujours deux vins blancs et un vin rouge luxembourgeois au verre et à la Cristallerie, il y a tous les jours un blanc et un rouge luxembourgeois au verre. Et il n’y a pas que le vin : à La Cristallerie, je sers un Ice-Perry de Ramborn (NDLR : un poiré de glace) en accompagnement d’un soufflé aux pommes et les clients apprécient beaucoup cet accord. Il y a de belles découvertes à faire ici !
Quels sont les vignerons luxembourgeois qui vous ont marqué depuis votre arrivée ?
Il y en a beaucoup. Je suis allé découvrir les vins d’Henri Ruppert à Schengen avec Tristan Duval (NDLR : le sommelier de La Provençale, distributeur des vins du domaine Henri Ruppert, meilleur sommelier du Luxembourg 2016). J’ai beaucoup apprécié ! Je suis également allé rendre visite aux vignerons qui étaient déjà référencés par Olivier Schanne, mon prédéceseur au Place d’Armes : le domaine Laurent & Rita Kox (à Remich), le Domaine Schmit-Fohl (à Ahn), les Caves Ries (à Niederdonven), les Caves Bernard-Massard (à Grevenmacher), les Caves Gales (à Remich), le Château Pauqué (à Grevenmacher) … J’ai aussi découvert en deux fois les vins des Domaines Vinsmoselle avec Charlène Muller (NDLR : la cheffe de la cave de Grevenmacher). J’ai trouvé la philosophie de leur gamme Vignum très intéressante, avec une vraie recherche de qualité.
Un podium en famille!
Sur le podium du Concours du Meilleur Sommelier de Luxembourg, on retrouvait Grégory Mio sur la première marche, Zoran Matic (responsable du département du distributeur Ruppert, à Niederdonven) sur la deuxième et Jun Ruan sur la troisième. Or, la jeune femme n’est autre que l’épouse que Grégory Mio ! «Elle m’a suivi au Luxembourg et nous avons eu la chance qu’elle trouve rapidement un poste très intéressant de sommelière à La Provençale», se félicite le nouveau meilleur sommelier du pays.
Pour autant, si le couple a révisé ensemble, les dégustations se sont effectuées chacun de son côté, compétition oblige ! «Nous n’avons partagé qu’une séance de dégustations sur les spiritueux, que nous a proposé Tristan Duval (NDLR : responsable de la vinothèque de La Provençale, employeur de Jun Ruan)». Pour le concours, Grégory Mio a été coaché par Gildas Royer, patron de l’excellente cave In Vino Gildas (à Luxembourg), tandis que Jun Ruan a été conseillée par Tristan Duval.
Bientôt dans la Villa Pétrusse
Grégory Mio a été impressionné par sa visite sur le chantier de la Villa Pétrusse, futur hôtel 5 étoiles sur l’avenue Marie-Thérèse, tout près du pont Adolphe. Anciennement appelée Villa Baldauff, du nom de ses anciens propriétaires, elle a été bâtie en 1880/1881 et a été classée monument national en 2017. Elle appartient depuis 2018 à La Luxembourgeoise qui a décidé de la transformer en un hôtel-restaurant de luxe. La gestion de ce nouvel établissement reviendra au groupe de l’hôtel Place d’Armes, qui pilote également le restaurant gastronomique La Cristallerie, la brasserie Plëss et le Café de Paris (tous sur la Place d’Armes).
«La Villa Pétrusse ouvrira l’année prochaine et c’est un endroit somptueux! s’enthousiasme le chef-sommelier. Le chantier n’est pas encore terminé, il faut un peu se projeter pour l’imaginer tel qu’il sera à l’ouverture mais ce sera vraiment très beau. Le bâtiment en lui-même sera un bijou et notre défi sera de le faire vivre, mais cette mission nous enchante déjà!»
C’est le bureau d’architecte Jim Clemes qui est en charge des travaux de rénovation qui sont bien sûr réalisés sous la houlette de l’Institut national pour la protection du patrimoine (INPA, anciennement Service des sites et monuments nationaux). L’enveloppe du chantier atteint les 20 millions d’euros.