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Grand-Duc Jean : une jeunesse marquée par la guerre


En novembre 1942, le Grand-Duc héritier Jean s'enrôle comme volontaire dans les Irish Guards. Sur cette photographie, il suit des cours d'instruction militaire à Aldershot au Royaume-Uni. Il débarquera en France en juin 1944 près de Bayeux. (photos collections grand-ducales/tous droits réservés)

À peine sorti de l’adolescence, le Grand-Duc Jean a été confronté au plus grand de ses défis, comme des millions de jeunes avec lui en Europe : libérer son pays du joug nazi.

Le Grand-Duc Jean s’est engagé dans l’armée britannique en 1942, à l’âge de 21 ans. Il participera à la bataille de Normandie, à la libération du Luxembourg, à l’opération Market Garden et vivra l’offensive Von Rundstedt avant de prendre part à la campagne d’Allemagne.

L’enfance à la fois studieuse et insouciante du Grand-Duc Jean durant l’entre-deux-guerres est brutalement interrompue dans les années 30 quand la montée des fascismes et des nationalismes rapproche le continent et le monde du précipice. Le Luxembourg est un pays neutre, mais personne n’est dupe : les nazis n’hésiteront pas à enchaîner le Grand-Duché à leur Reich s’ils en ont l’occasion. En 1939, le Prince Jean a 18 ans et devient Grand-Duc héritier. Il fête avec l’ensemble de la population, cette année-là, le centenaire de l’indépendance du Grand-Duché. Un an plus tard, c’est la guerre.

Sur les conseils du roi Georges VI

Les troupes allemandes envahissent le pays le 10 mai 1940 après ce que les Français ont appelé la «drôle de guerre». La famille grand-ducale et le gouvernement luxembourgeois se mettent sous la protection de l’armée française et parviennent à échapper de justesse aux griffes de l’occupant. Les habitants des villes du sud du pays prennent également le chemin de l’exode vers le sud de la France. Les nazis proposeront à la Grande-Duchesse de revenir au Grand-Duché pour y être rétablie dans ses fonctions… la Souveraine ne voudra jamais accepter leur offre.
Le 22 juin, la France signe l’armistice avec les nazis. C’est l’Occupation. La famille grand-ducale parvient à se rendre au Portugal après avoir traversé l’Espagne. Le Prince Jean reste auprès de sa famille et, en août, la Grande-Duchesse Charlotte est à Londres. À la BBC, elle prend la parole : elle lance un appel à la résistance.

La famille grand-ducale part ensuite pour les États-Unis en octobre 1940. La Grande-Duchesse Charlotte a pour mission de convaincre les Américains et le président Roosevelt d’entrer en guerre contre les nazis. La famille grand-ducale s’installera un mois plus tard au Canada. La Souveraine va multiplier alors les voyages aux États-Unis pour demander l’aide des Américains, alors que son pays, neutre et pratiquement sans armée, a été attaqué par traîtrise et soumis au joug de l’occupant. Dans le même temps, le Grand-Duc héritier Jean est au Québec et suit des cours de droit et de sciences politiques à l’université Laval.

En décembre 1941, les États-Unis entrent enfin en guerre. Puis, le 6 octobre 1942, Jean retourne en Grande-Bretagne avec son père pour s’engager dans l’armée britannique. Suivant les conseils du roi Georges VI, le Prince Jean s’engage dans les Irish Guards.

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Les premiers mois d’entraînement mènent le Grand-Duc héritier à Caterham et à Pirbright. Jean poursuit son apprentissage des armes à l’École royale militaire de Sandhurst établie dans les casernes Mons à Aldershot. Le 28 juillet 1943, il a le grade de sous-lieutenant.

Le même jour, il s’adresse aux Luxembourgeois via les ondes de la BBC. À ses côtés se trouve sa mère qui est depuis cette même année 1943 de retour à Londres avec le gouvernement luxembourgeois. Figure de la résistance face à la barbarie nazie, elle n’a de cesse de s’adresser à ses compatriotes via la BBC.

En août 1943, le Grand-Duc héritier Jean rejoint le bataillon d’entraînement des Guards à Lingfield. Pendant cette période, Jean monte parfois la garde devant Buckingham Palace. Sa mère et ses sœurs viennent souvent le voir. Comme le veut la tradition, il devait alors rester impassible même en les voyant.

En février 1944, le Grand-Duc héritier est nommé au 3e bataillon des Irish Guards dans la Guards Armoured Division (une division blindée) stationnée à Malton, dans le Yorkshire. C’est dans cette localité que le bataillon reçoit un entraînement préparatif pour le débarquement en Normandie. Le 3 mars 1944, Jean est promu lieutenant. L’heure de la Libération approche. À la fin du mois d’avril, le bataillon est déplacé dans le plus grand secret à Eastbourne, car une des plus grandes opérations militaires jamais réalisées dans l’histoire de l’humanité se prépare : l’opération Overlord. Le 6 juin 1944, les troupes alliées débarquent enfin en Normandie.

Le 10 septembre 1944 : la liesse à Luxembourg

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Le Grand-Duc héritier Jean débarque le 11 juin 1944 près de Bayeux. Il sert durant la bataille de Normandie à l’état-major de la 32e brigade de la Guards Armoured Division. Il prend part à la bataille de Caen et entre le 3 septembre à Bruxelles.

Après des semaines de combats, le moment tant attendu arrive. Les Américains entrent enfin au Luxembourg par Pétange le 10 septembre. Les dernières résistances allemandes tombent non sans combattre. Le même jour, Jean entre aux côtés de son père dans la capitale libérée.

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La liesse s’empare des habitants qui entourent le Prince Félix et le Grand-Duc héritier. Le protocole est bien vain lors de pareils moments. À Dudelange, Jean sera même porté en triomphe par les habitants.

Mais la guerre n’est pas terminée. Trois jours plus tard, Jean rejoint son unité et participe à la difficile opération Market Garden autour d’Arnhem, aux Pays-Bas. Il est aussi mobilisé durant les combats de l’offensive von Rundstedt qui replonge le Grand-Duché dans la violence et la guerre. Pendant la bataille des Ardennes, Jean et la Guards Armoured Division sont cantonnés entre Tirlemont et Namur avec pour mission de barrer aux Allemands la route vers Anvers.

Mais cette dernière offensive nazie désespérée échoue. L’offensive vers l’Allemagne se poursuit. Le 11 février 1945, la 32e brigade est engagée dans les attaques du Reichswald (au sud de Nimègue) contre la ligne Siegfried. Une fois la résistance allemande brisée dans ce secteur, la Guards Armoured Division se lance en direction de Brême et Hambourg.

Début avril 1945, le Grand-Duc héritier Jean reçoit l’ordre de rejoindre le Luxembourg où le retour de la Grande-Duchesse Charlotte est attendu. Le 14 avril 1945, Jean est présent pour accueillir sa mère de retour au pays. La guerre se termine le 8 mai. Le bilan est effroyable pour le Grand-Duché, qui a perdu 5700 personnes dans le conflit, soit 2% de sa population totale.
Quelques jours après la capitulation de l’Allemagne, le Grand-Duc héritier Jean est détaché, avec le grade de capitaine, auprès de la mission militaire alliée à Luxembourg. Envoyé à Berlin, il s’intéresse tout particulièrement au sort des Luxembourgeois déportés et à leur rapatriement.

Laurent Duraisin

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