L’interdiction du glyphosate vient d’être retoquée par le tribunal administratif le 15 juillet, mais dans la vigne, on sait très bien s’en passer.
L’interdiction de la vente et de l’utilisation des produits contenant du glyphosate (essentiellement le Roundup de Bayer) a été portée par une volonté politique dès l’origine de la coalition entre les libéraux, les socialistes et les écologistes. Elle a finalement été transcrite dans la loi au 1er janvier 2021.
Dans les vignes, cette nouvelle orientation a été prise sans tourment. La viticulture n’est pas l’activité agricole qui en utilisait le plus. En effet, seule une étroite bande était traitée sous les pieds pour éviter que les herbes viennent apporter de l’humidité sur les grappes, ce qui peut engendrer l’apparition de champignons. À l’époque, le sujet avait été évoqué bien en avance et l’ensemble de la profession avait assuré bannir le glyphosate dès le courant de l’année 2020.
Des investissement soutenus par l’Etat
Depuis, les vignerons ont démontré qu’il était tout à fait possible de produire de beaux raisins sans utiliser ce produit, considéré comme cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé. Possible, mais pas évident non plus. «J’estime que travailler sans herbicides coûte 5 fois plus cher en main-d’œuvre et entre 3 et 5 fois plus cher en investissement», relève Armand Schmit (domaine Schmit-Fohl, à Ahn) dont le domaine est bio depuis l’année dernière.
En effet, pour travailler sans herbicides, il faut mettre en place le désherbage mécanique. Les vignerons passent donc avec des machines spécialement dédiées et coûteuses pour rabattre, couper ou retourner la terre entre les ceps. Ces investissements sont soutenus par l’État qui subventionne l’achat de ce matériel et récompense les domaines qui n’utilisent plus aucun herbicide. À ce jour, l’Institut viti-vinicole de Remich indique que la moitié du vignoble luxembourgeois a choisi le désherbage mécanique plutôt que le désherbage chimique.
Une bataille procédurale
Mais ce choix laisse aussi un peu perplexes certains vignerons qui ont pourtant cessé d’utiliser les produits phytosanitaires pour maîtriser l’enherbement. «Est-ce que c’est bien ou mal? Honnêtement, je ne sais pas, relève Ern Schumacher (domaine Schumacher-Lethal, à Wormeldange). Utiliser les machines prend beaucoup de temps. Avant, avec le glyphosate, j’avais besoin d’une journée de travail pour tout mon domaine. Maintenant, avec les machines, il me faut entre une semaine et demie et deux semaines avec le tracteur. Ça fait beaucoup de CO2…»
Alors que la légalité de l’interdiction nationale est remise en cause par le tribunal administratif, le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement durable, Claude Haagen, a lancé la contre-attaque : «Sur mon initiative, le Conseil de gouvernement a décidé d’aller en appel contre la décision du tribunal administratif. Le glyphosate reste interdit au Grand-Duché».
D’autres herbicides pas moins nocifs toujours autorisés
Il n’empêche, l’issue reste incertaine car la bataille promet d’être menée uniquement sur des plans procéduraux et judiciaires. La protection de l’environnement, de la santé et l’éthique ne sont pas les fondements de la décision du Conseil d’État qui ne fait qu’estimer illégale la possibilité du gouvernement d’interdire spécifiquement ce produit. Interrogé sur ce paradoxe, Claude Haagen reste prudent, «la procédure étant en cours, je ne me prononcerai pas sur celle-ci».
Car c’est un fait, si le glyphosate est toujours interdit, d’autres herbicides pas moins nocifs restent autorisés. «Le plan d’action national de réduction des produits phytopharmaceutiques prévoit une réduction de l’utilisation des pesticides de 30 % d’ici 2025 et de 50 % d’ici 2030», indique Claude Haagen.
Ce n’est pas parce que le glyphosate serait de nouveau disponible qu’il faudrait l’utiliser
«Ne pas attendre une décision venue de l’Europe et anticiper l’interdiction du glyphosate est évidemment une bonne chose, mais avec cette décision, est-ce que le pays ne s’est pas rendu la vie trop compliquée?, se demande Nicolas Schmit, le fils d’Armand Schmit. Interdire tous les herbicides aurait été encore plus fort. Pourquoi le glyphosate et pas les autres? Bayer, qui est une force mondiale, va certainement insister là-dessus.»
Aux vignerons de déterminer leurs objectifs
Ern Schumacher, également président des vignerons indépendants et qui n’utilise plus d’herbicides depuis cinq ans, se pose plus ou moins la même question : «Cette interdiction est une bonne chose pour la nature et les hommes, mais tant que Bruxelles ne l’a pas interdit, avons-nous le droit de le faire?» De fait, la Commission européenne a accordé une autorisation du glyphosate jusqu’au 15 décembre 2022 et son renouvellement est aujourd’hui évalué.
Pour Nicolas Schmit, toutefois, le plus important ne devrait pas être la loi mais la motivation des vignerons et des agriculteurs : «C’est à eux de déterminer leurs objectifs. Ce n’est pas parce que le glyphosate serait de nouveau disponible qu’il faudrait l’utiliser. Tous devraient réfléchir à ce qu’ils ont envie de faire, pour eux et leurs clients. Chez les vignerons indépendants, en tout cas, il n’y en a plus beaucoup qui utilisent des herbicides. C’est cette démarche qui est la plus importante».
Une interdiction dans le cahier des charges de l’AOP?
Si Bayer réussissait à faire revenir le Roundup dans les magasins luxembourgeois, les vignerons auraient toujours la possibilité de placer l’interdiction de son utilisation dans le cahier des charges de l’Appellation d’origine protégée (AOP). «Le cahier des charges appartient à la profession, pas à l’État, et les vignerons sont libres de dicter leurs propres règles du jeu, indique le contrôleur des vins de l’Institut viti-vinicole Aender Mehlen, en charge du bon respect des règles de l’AOP. Ils ont par exemple déjà interdit l’épandage des insecticides pour lutter contre le ver de la grappe et imposé l’utilisation de diffuseurs de phéromones qui ne libèrent aucun produit toxique et qui sont très efficaces.»
encore 1 héritage empoisonné de l’ex ministre Dieschbourg !!!
Ce n’est pas dans les vignes que le glyphosate est le plus utile. facile de dire qu’on peut s’en passer en utulisant l’exemple le plus mauvais.
Maintenant, si vous considérez le désherbage des voies de chemin de fer, vos machines de vignerons ne servent plus à rien.
En France, la SNCF ne peut guère s’en passer sans des millions d’heures supplémentaires de ravail (ingrat et peu rémunéré).
Dans les aéroports aussi, le glyphosate est très utile. Comme par ailleurs, il ne présente aucun danger quand il est utilisé suivant les prescriptions habituelles, on ne voit pas pourquoi s’en passer, n’en déplaise à une minorité d’illuminés de l’écologie, devenue une véritable secte mallfaisante.