Sur demande du Quotidien, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden (CSV), défend le premier bilan du déploiement renforcé de policiers dans deux quartiers de la capitale. «Le dispositif sera évalué de façon régulière», ajoute-t-il.
Mardi, devant la Chambre des députés, le ministre Léon Gloden était venu présenter le premier bilan chiffré du dispositif policier renforcé, en place depuis la mi-janvier.
Selon la direction de la police, le «plan d’action» vise «principalement les phénomènes liés au trafic de stupéfiants, l’immigration clandestine, le contrôle d’accès des immeubles et bâtiments publics et la mendicité organisée voire agressive».
La mobilisation de 176 patrouilles (à tour de rôle) venant de tout le pays consisterait, donc, à «assurer la sécurité et la salubrité publiques».
«Un bilan assez maigre», clame le LSAP
Si la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer (DP), affirme avoir constaté une «nette amélioration» de la situation dans les rues de la capitale, les premiers chiffres présentés par le ministre en charge de la Sécurité intérieure sont «assez maigres», comme l’a dénoncé dans nos colonnes, le député-maire de Dudelange, Dan Biancalana (LSAP).
Quelque 500 individus contrôlés
Pour rappel : depuis le 15 janvier, un total de 438 personnes ont été contrôlées par les patrouilles déployées dans la Ville-haute et dans le quartier Gare.
Seulement dans deux cas, un procès-verbal lié à la mendicité a été rédigé. Nos confrères du Tageblatt précisent dans leur édition de ce vendredi, que sur les cinq dernières années, seuls 5 procès-verbaux pour mendicité organisée ont été dressées sur le territoire de la capitale.
Six cas de mendicité en bande recensés en 2023
Sur l’ensemble de l’année 2023, ce sont 6 procès-verbaux concernant la mendicité en bande qui ont été établis dans un ensemble de 29 communes du pays, dont trois à Hesperange et à chaque fois un à Luxembourg-Ville, Mamer et Mersch (lire également ci-dessous).
Contactés par nos soins, les services du ministre des Affaires intérieures tiennent à relativiser le faible nombre de poursuites engagées, que ce soit par rapport à la mendicité ou le trafic de stupéfiants.
Dans la réponse obtenue, l’accent est mis sur la mobilisation renforcée d’agents, engagée il y a six semaines.
La présence en objectif primaire
«Le dispositif visait le renforcement de la présence policière dans les quartiers afin d’assurer la sécurité, la salubrité et la tranquillité publiques. L’objectif n’était pas forcément d’émettre un maximum de procès-verbaux», est cité le ministre Léon Gloden dans cet écrit.
Le bilan présenté mardi devant les députés indique qu’avec 75 procès-verbaux dressés, les infractions au Code de la route ont été les plus fréquentes. Ici, aussi, le ministère des Affaires intérieures tient à relativiser le chiffre. «Il s’agit principalement de stationnement gênant et d’accès interdit (…)», relatent les services de Léon Gloden.
Pas de fin du «retrait» d’agents
Comme déjà énoncé dans notre édition papier de ce vendredi (1er mars), le dispositif renforcé dans les quartiers Ville-haute et Gare de la capitale sera maintenu, y compris la mobilisation de patrouilles régionales et communales, qui, à tour de rôle, appelées à venir soutenir leurs collègues de la Région Capitale.
Interrogé sur l’option de mettre fin au «retrait» de policiers de plus grandes agglomérations, comme cela a été réclamé début février par la Ville de Dudelange, le ministre chrétien-social botte en touche.
S’il confirme le maintien, jusqu’à nouvel ordre, du dispositif, Léon Gloden et ses services refusent de communiquer de plus amples détails : «Nous ne communiquons pas de détails sur le dispositif en question».
La seule précision apportée est que «le dispositif sera évalué de façon régulière».
Un nouveau bilan sur les résultats obtenus par le «plan d’action» sera communiqué «le moment venu».
Mendicité organisée : 106 cas recensés dans 29 communes
Le Tageblatt, faisant référence à la réponse du ministre Gloden à une question parlementaire du Parti pirate, indique qu’en 2022, la police a engagé 8 procédures contre des mendiants supposées agressifs ou agissant en bande.
En 2021, 35 suspects ont été verbalisés. Un an plus tôt, en 2020, le total s’est établi à 42 cas, contre 15 cas en 2019.
Dans la capitale, où l’interdiction de mendier est en vigueur depuis la mi-décembre 2023, la police a enregistré au total 10 cas de mendicité organisée au cours des cinq dernières années.
Le grand total fait état de 106 cas de mendicité recensés, entre 2019 et 2023, dans 29 communes du pays.
Seulement six personnes suspectées de mendicité en bande ont été renvoyées devant un juge. Trois d’entre eux au tribunal d’instance de Diekrich et trois à Luxembourg.
Les cas dans lesquels des mineurs ont été concernés ne sont pas inclus dans ces chiffres, souligne le ministre Gloden dans sa réponse.