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Gaza : l’OMS veut évacuer l’hôpital al-Chifa devenu « zone de mort »


Selon l'OMS, 2.500 personnes déplacées, qui avaient trouvé refuge à l'hôpital al-Chifa (Photo : AFP)

L’hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza est devenu une « zone de mort », a dénoncé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui veut évacuer les derniers patients, alors que l’armée israélienne « continue à étendre ses opérations » contre le Hamas.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a affirmé samedi que des frappes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabaliya, géré par l’ONU dans le nord du territoire, avaient fait plus de 80 morts, dont au moins 50 dans une école qui héberge des déplacés. Des images diffusées sur les réseaux sociaux authentifiées par l’AFP montrent des corps, certains couverts de sang, dans les étages de l’école où des matelas avaient été installés sous des tables.

Interrogée à propos de cette frappe, l’armée israélienne a indiqué à l’AFP avoir « reçu des rapports sur un incident dans la région de Jabaliya », ajoutant qu’il était « en cours d’examen ». La seconde frappe, qui a touché une maison de Jabaliya, a tué 32 membres d’une même famille, dont 19 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Nous recevons des images effroyables de nombreux morts et blessés encore une fois dans une école de l’Unrwa qui abritait des milliers de déplacés », a indiqué le patron de cette agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, exigeant que « ces attaques » cessent.

Extension des opérations

Alors que la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre entre dans son 44e jour dimanche, l’armée israélienne « continue à étendre ses opérations dans de nouveaux quartiers de la bande de Gaza », a-t-elle annoncé, indiquant avoir mené samedi des opérations dans les zones de Jabaliya et de Zaytoun, dans le nord du territoire.

Selon l’OMS, 2.500 personnes déplacées, qui avaient trouvé refuge à l’hôpital al-Chifa, l’ont quitté samedi après en avoir reçu l’ordre par l’armée israélienne, ainsi qu’un certain nombre de patients et de personnels médicaux. L’armée a nié avoir ordonné l’évacuation, assurant seulement avoir « répondu à une requête » du directeur de l’établissement. L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a annoncé qu’un membre de la famille d’un de ses employés avait été tué et un autre blessé lors de l’attaque d’un convoi qui évacuait 137 personnes d’al-Chifa. MSF n’a pas précisé l’origine des tirs.

« Zone de mort »

L’hôpital al-Chifa est devenu une « zone de mort » où la situation est « désespérée » en raison du manque d’eau, d’électricité, de médicaments, de nourriture et de matériel médical, a affirmé l’OMS qui y a effectué une mission d’une heure samedi, avec d’autres experts de l’ONU. « L’équipe a vu une fosse commune à l’entrée de l’hôpital et a été informée que plus de 80 personnes y avaient été enterrées », selon la même source.

L’immense complexe hospitalier hébergeait encore samedi 25 soignants et 291 patients, dont 32 bébés dans un état critique, 22 patients sous dialyse et deux en soins intensifs, a indiqué l’OMS.

De nombreux blessés souffrent d’infections graves en raison du manque d’antibiotiques et des mauvaises conditions d’hygiène, a rapporté l’organisation, affirmant préparer avec ses partenaires « des plans pour l’évacuation immédiate des patients restants, du personnel et de leurs familles » vers d’autres hôpitaux de Gaza.

Selon l’armée israélienne, qui a investi mercredi matin l’hôpital, ce dernier abrite un repaire du Hamas installé notamment dans un réseau de tunnels. Le mouvement islamiste dément. La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas sur le sol israélien dans laquelle 1.200 personnes ont été tuées, selon les autorités israéliennes, en grande majorité des civils. En représailles, Israël a juré d' »anéantir » le mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. L’armée pilonne sans relâche le petit territoire palestinien et a lancé une opération terrestre le 27 octobre.

Samedi soir, le gouvernement du Hamas a annoncé que 12.300 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, dont plus de 5.000 enfants. Les combats entre Israël et le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, se concentrent dans le nord du territoire, notamment dans la ville de Gaza, transformée en champ de ruines.

Plus des deux tiers des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre, selon l’ONU. La plupart ont fui vers le sud en emportant le minimum et tentent de survivre dans le froid qui s’installe. Mais des frappes ont également lieu dans le sud de la bande de Gaza. Dans la nuit de vendredi à samedi, un bombardement a ainsi fait 26 morts dans la ville de Khan Younès, d’après le directeur de l’hôpital Nasser.

Marche pour les otages

Depuis le 9 octobre, le territoire est soumis à un « siège complet » par Israël, qui a coupé les livraisons de nourriture, d’eau, d’électricité et de médicaments. Après le feu vert d’Israël vendredi pour des livraisons quotidiennes de carburant, environ 120.000 litres sont arrivés samedi dans la bande de Gaza selon l’ONU, encore en-deça des quelque 160.000 litres nécessaires pour assurer ses opérations humanitaires de base.

En Israël, les proches de quelque 240 personnes enlevées le jour de l’attaque du Hamas sont arrivés samedi à Jérusalem après plusieurs jours de marche pour maintenir la pression sur leur gouvernement et réclamer la libération des otages. « Ramenez-les à la maison, maintenant. Tous », ont clamé au milieu d’une marée de drapeaux israéliens les manifestants partis mardi de Tel-Aviv.

La Maison Blanche a affirmé samedi « continuer à travailler dur » pour parvenir à une ébauche d’accord entre Israël et le Hamas sur les otages. Dans une tribune publiée par le Washington Post samedi, le président américain Joe Biden a par ailleurs menacé d’interdire de visa aux Etats-Unis les colons « extrémistes qui attaquent des civils en Cisjordanie ».

Au moins deux personnes ont été tuées dimanche par l’armée israélienne en Cisjordanie occupée, selon le Croissant-Rouge palestinien. Depuis le 7 octobre, plus de 200 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens dans ce territoire, selon le ministère palestinien de la Santé. Joe Biden a appelé à une future réunification de la Cisjordanie et de la bande de Gaza sous une « Autorité palestinienne revitalisée ».