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[Gardiens de la nature] Une porte d’entrée sur la nature


Luc Roeder et Jil Schartz sont les coresponsables du centre nature et forêt A Wiewesch. (Photos : erwan nonet)

L’administration de la Nature et des Forêts anime cinq centres nature et forêt à travers le pays. Rencontre avec Jil Schartz et Luc Roeder dans celui de Manternach.

La pédagogie et la sensibilisation à la biodiversité et à la beauté de la nature sont une des priorités de l’administration de la Nature et des Forêts (ANF). Au début de l’été, son directeur, Michel Leytem, nous expliquait : «La sensibilisation environnementale est peut-être le volet le plus important à mes yeux. (…) Plus la population sera informée et concernée par ces sujets, plus elle appréciera la richesse de la nature et plus elle sera sensibilisée à la crise climatique et à la crise de la biodiversité, que l’on n’a plus le temps d’ignorer aujourd’hui.»

Cette mission est prise à bras-le-corps dans les cinq centres nature et forêt situés à Remerschen (Biodiversum Camille-Gira), Esch-sur-Alzette (Ellergronn), Steinfort (Mirador), Insenborn (Burfelt) et Manternach (A Wiewesch). Animés par des équipes de l’ANF spécialement formées, ils accueillent toute l’année les touristes, mais aussi beaucoup de scolaires.
Jil Schartz et Luc Roeder sont en charge du centre A Wiewesch à Manternach, dans l’est du pays. Ce centre profite de sa proximité avec la Traumschleife Manternacher Fiels, une des plus belles randonnées du Grand-Duché. Quatre personnes sont chargées spécifiquement de l’accueil du public.

Cartes d’identité

Nom : Jil Schartz
Âge : 39 ans
Poste : préposée nature et forêt (ANF), coresponsable du centre A Wiewesch
Profil : Après ses études au lycée technique agricole où elle obtient son diplôme de technicienne de l’environnement naturel, elle s’est spécialisée dans la pédagogie de la nature. Elle a travaillé au Biodiversum, aux étangs de Remerschen, avant de rejoindre Manternach.

Nom : Luc Roeder
Âge : 38 ans
Poste : préposé nature et forêt (ANF), coresponsable du centre A Wiewesch
Profil : Luc Roeder possède le même profil que Jil Schartz, ils étaient d’ailleurs dans la même classe au LTA!

Le centre occupe une ancienne ferme bâtie en 1837 et qui est restée dans son jus. Elle appartient à la commune, qui la loue à l’État. Située en plein cœur du village, elle est facilement accessible depuis la gare CFL toute proche. Il faut traverser la cour pavée pour entrer dans ce lieu dont l’architecture originale a été préservée au rez-de-chaussée. C’est ici que l’on profite de l’exposition. L’étage, lui, a été aménagé pour accueillir les groupes.

À l’arrière, on trouve le beau jardin qui donne sur le clocher de l’église, dans lequel nichent des chauves-souris. Un magnifique potager, une prairie où gambadent des moutons, un verger, un espace barbecue et, un peu plus loin, les ruches où le club des apiculteurs de Grevenmacher vient donner ses formations pour les personnes qui veulent se lancer dans la production de miel : incontestablement, le site est riche!

Des classes et des touristes

«Chaque centre possède son thème, ici nous évoquons les liens entre l’agriculture et la protection de la nature», explique Jil Schartz. L’endroit s’y prête, puisque l’exposition didactique s’installe au cœur du bâtiment agricole, notamment dans l’étable avec ses belles auges en pierre. L’accent est placé sur la façon dont a évolué l’agriculture et le message principal insiste sur le fait que la protection de la nature et la pratique du métier de paysan ne s’opposent pas. Les agriculteurs ont besoin de la nature et la nature peut aussi tirer profit d’une certaine forme d’agriculture. Le bio est bien sûr mis en avant.

Les enfants sont particulièrement ciblés. «Il y a ceux qui sont de vrais petits experts, nous remarquons tout de suite qu’ils ont déjà beaucoup appris avec leurs parents, sourit Jil Schartz. Et il y a les autres, qui ont besoin d’un peu plus de temps avant d’oser s’approcher, de mettre les mains dans la terre, mais qui partent en étant très à l’aise! Globalement, nous nous rendons compte que les jeunes connaissent beaucoup de choses sur la nature, plus qu’on pourrait le penser, mais qu’ils manquent souvent d’expérience pratique.» En venant à Manternach, ils comblent en partie ce déficit grâce aux nombreux ateliers qui sont proposés toute l’année.

Les jeunes connaissent beaucoup de choses sur la nature, mais ils manquent souvent d’expérience pratique

Ils vont bientôt produire leur Viz (jus de pomme), grâce aux fruits provenant d’un verger voisin. Ils travaillent dans le potager, ramassent les pommes de terre et réalisent des Gromperekichelcher dans la foulée. «Le but est aussi de leur expliquer comment choisir les aliments que l’on achète et que l’on mange, en mettant l’accent sur les produits locaux et de saison, avance Jil Schartz. C’est très concret, très pratique, mais cela peut avoir de gros impacts.» Les enfants peuvent également travailler la laine des moutons d’Ouessant qui broutent paisiblement à l’arrière de la ferme.

«Nous visons spécialement les jeunes parce que ce sont des multiplicateurs. S’ils sont convaincus par notre discours, ils vont le transmettre à leurs parents, explique Luc Roeder. Notre but, c’est que nos messages interpellent aussi les parents et les incitent à modifier leurs habitudes, en faveur de la nature. En fait, il s’agit même d’un volet de la loi-cadre sur la protection de la nature de 2018.»

«Beaucoup de nos visiteurs sont des enfants qui viennent avec leurs classes, mais nous rencontrons aussi beaucoup de touristes, mais assez peu de Luxembourgeois, fait remarquer Luc Roeder. Beaucoup d’Allemands viennent randonner et, comme ils sont souvent très intéressés par la nature, ils viennent découvrir notre centre. Nous avons souvent avec eux des échanges très riches.»

S’il reste du travail pour sensibiliser l’ensemble de la population à la protection de l’environnement, Luc Roeder trouve qu’il existe des raisons pour être optimiste. «Depuis plusieurs années, les gens recommencent à s’intéresser à la nature, assure-t-il. La randonnée joue un rôle à ce niveau. En se promenant, on s’émerveille, on découvre un tas de choses que l’on a envie de comprendre et de protéger.» Franchir le pas de la porte d’A Wiewesch est alors un excellent début!

Qu’apprend-on dans les centres nature et forêt?

Ils sont au nombre de cinq et chacun possède sa spécialité. Nous avons vu que celui de Manternach s’est spécialisé dans les interactions entre l’agriculture et l’environnement. Au Biodiversum Camille-Gira, à Remerschen, l’exposition met l’accent sur la protection des oiseaux et de la biodiversité, particulièrement dans le contexte étonnant des étangs créés par les sablières. À Insenborn, le long du lac de la Haute-Sûre, c’est à la découverte de la forêt et de ses différents rôles et fonctions que l’on s’intéresse. Très logiquement, le centre Ellergronn (Esch-sur-Alzette) se penche sur le patrimoine naturel du bassin minier et sur l’exploitation du minerai dans les Terres rouges. Enfin, le centre Mirador de Steinfort, installé dans l’ancien site industriel Al Schmelz, présente la faune, la flore et le passé sidérurgique du lieu qui se trouve dans la zone naturelle Schwaarzenhaff/Jongebësch.

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