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[Gardiens de la nature] La forêt dans la ville, et vice versa


«Par ici, l’usage de la nature est beaucoup plus intensif que dans le Nord, par exemple», explique Pol Zimmerann.

Originaire de la région, Pol Zimmermann est le préposé de la nature et des forêts à Esch-sur-Alzette. Un poste complexe, où il faut sans cesse trouver les équilibres ville et nature.

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Le métier de préposé de la nature et des forêts s’incarne de manière très différente selon l’endroit dans lequel on l’exerce. Pol Zimmermann est rattaché au Centre nature et forêt Ellergronn, à Esch-sur-Alzette, où il veille sur 300 hectares d’une forêt que l’on ne peut pas dissocier de son environnement urbain.

«Par ici, l’usage de la nature est beaucoup plus intensif que dans le Nord, par exemple. Nos forêts sont très fréquentées parce qu’elles font du bien aux personnes qui vivent dans des appartements ou dans des maisons qui ont peu ou pas du tout de terrain», explique-t-il en ajoutant que les nombreux jardins ouvriers qui se trouvent à la lisière de la ville et de la forêt, dans le quartier de la Hiehl ou sur le Galgenberg, sont une autre expression de ce même besoin d’espace et de verdure.

Alors, sur les sentiers, on trouve toujours beaucoup de promeneurs, de marcheurs sportifs, de joggeurs, de vététistes… «L’an dernier, plus de 139 000 piétons et 4 300 cyclistes sont passés devant les capteurs que nous plaçons avec l’Office régional du tourisme au Ellergronn et sur le Galgenberg, dit Pol Zimmermann en parcourant les données sur son ordinateur. Et ils ne recensent que ceux qui passent dans une direction.»

Aussi de riches réserves

Cette fréquentation massive impose une vigilance ininterrompue. L’administration de la Nature et des Forêts s’assure que tous les sentiers sont clairement identifiés.

«Nous avons créé notre système de balisage pour que les gens sachent quel chemin prendre pour aller à tel endroit, avec le temps qu’il leur faudra», souligne-t-il. Vérifier que tous ces panneaux soient en place et en bon état est une mission constante.

Et, bien sûr, l’ANF doit s’assurer que l’on ne risque pas de se blesser sur les chemins. «La sécurisation est notre priorité essentielle, la tâche qui nous occupe le plus, assure Pol Zimmermann. Nos arbres ont beaucoup souffert des sécheresses survenues les dernières années et il faut prendre garde à ceux qui sont fragilisés ou morts pour qu’ils ne représentent aucun risque.»

Très régulièrement, l’ANF vérifie qu’aucune branche n’est susceptible de tomber sur un chemin et si c’est le cas, elle la coupe. «C’est une des raisons pour lesquelles nous appelons les promeneurs à rester sur les sentiers balisés, c’est une recommandation importante.»

Si le préposé se réjouit que ces forêts soient aussi populaires, il rappelle que pour en profiter au mieux, il est impératif que tout le monde en prenne soin. «La forêt n’appartient à personne, pas même à nous. Il faut que tous les usages cohabitent en pleine intelligence : les randonneurs, les cyclistes, les chasseurs…

Il y a donc des règles simples à respecter : ne laisser aucun déchet, même pas à côté des poubelles quand elles sont pleines, ne pas allumer de feu ni de faire de camping… Il est aussi interdit de s’y déplacer à moto ou comme dans n’importe quel véhicule motorisé.

Les Français doivent faire attention, c’est parfois autorisé de l’autre côté de la frontière, mais jamais chez nous.» Peut-être encore plus qu’ailleurs dans le pays, la mission de sensibilisation est très importante. Le Centre nature et forêt Ellergronn, juste à l’entrée de la réserve naturelle du même nom, est un bel outil dédié à cette cause.

Car ce n’est pas parce que la forêt jouxte la ville que son potentiel écologique est nécessairement dégradé. Le secteur comprend d’ailleurs de nombreuses réserves naturelles, dont des zones protégées d’intérêt national (ZPIN). «Regardez celle d’Am Pudel, elle se trouve entre Lallange et Schifflange, coincée entre des habitations et une zone industrielle et pourtant, elle est très riche.»

Sur 38 hectares d’étang, de roselière, de friche humide, de forêt alluviale ou de prairie, on dénombre en effet plus de 500 espèces d’animaux, dont plusieurs oiseaux protégés comme les rousseroles ou le coucou gris, mais aussi des chauves-souris et nombre de papillons.

Pol Zimmermann et son équipe conseillent également les communes pour la gestion de leurs arbres et de leurs parcs. Rien qu’à Esch, on dénombre plus de 15 000 arbres.

«C’est beaucoup pour une ville de cette taille, il y en a dans presque toutes les rues et sur toutes les places, fait-il remarquer. C’est important pour la qualité de vie et leur ombre, dans le contexte du réchauffement climatique, est précieuse.»

L’ANF donne des conseils, mais octroie les autorisations accordées dans le cadre de la loi sur la protection de la nature. Elle convainc également les communes de créer des couloirs écologiques, comme la coulée verte le long du ruisseau de Dippach.

«La renaturation du cours d’eau a permis la plantation d’arbres qui sont très importants. Ce couloir est un axe de passage pour le petit et le gros gibier, pour les insectes, les oiseaux, les reptiles ou les chauves-souris.» Préserver la nature là où elle ne semble pas avoir tous les atouts pour elle est tout aussi important que dans les régions où elle est reine. Et certainement pas plus facile… au contraire.

Quels sont tous les usages de la forêt eschoise ?

On ne s’en rend pas forcément compte, mais la forêt détient un très grand nombre de fonctions pour les habitants de la région d’Esch-sur-Alzette. Il y a bien sûr sa vocation récréative, beaucoup de sportifs de tous niveaux viennent s’y ressourcer.

L’école trouve également sa place, puisque des cabanes sont aménagées pour les classes de la ville. Le camping du Galgenberg fait le bonheur des touristes. On peut encore profiter du parc animalier tout proche, ainsi que du Centre nature et forêt Ellergronn.

L’Escher Gemeisguart produit de nombreux fruits et légumes, notamment pour les restaurants scolaires. Citons aussi les grands concerts des Francofolies, qui accueillent plus de 40 000 personnes sur un week-end. Enfin, le cimetière forestier du Galgenberg se trouve également dans la forêt eschoise.

Dans tous ces contextes, l’administration de la Nature et des Forêts a son mot à dire.

CARTE D’IDENTITÉ

Nom : Pol Zimmermann

Âge : 36 ans

Fonction : préposé de la nature et des forêts à Esch-sur-Alzette

Profil : Passionné par la nature depuis son plus jeune âge, il a obtenu son diplôme de technicien de l’environnement naturel au lycée technique agricole. Il a rejoint l’ANF il y a douze ans.

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