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[Gardiens de la nature] Burfelt, des chevaux sur la plage


Serge Hermes, le préposé de la nature et des forêts, loue le travail des chevaux qui travaillent efficacement et attirent la curiosité des visiteurs.

Une partie des prairies extensives qui entourent le Centre nature et forêt de Burfelt viennent d’être fauchées par des chevaux de trait ardennais. Une méthode rare, mais aux multiples effets bénéfiques.

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Sur les bords du lac de la Haute-Sûre, au petit matin, la brume recouvre la plus grande réserve d’eau potable du pays. Des bribes de paysage se dévoilent petit à petit, amenant une atmosphère rendue encore plus magique par ce silence intense, seulement interrompu par quelques hennissements de chevaux. On pourrait passer des heures assis sur le pourtour du lac, à ne rien faire d’autre que prendre le temps d’apprécier la nature.

Autour du Centre nature et forêt de Burfelt, l’administration de la Nature et des Forêts engage ce jour-là des travaux en collaboration avec la Robbescheier, pionnière du retour des chevaux de trait ardennais dans le pays. Ils travaillent dans les prairies, dans le cadre d’une gestion extensive du fauchage de la plage et d’une parcelle attenante. Un premier est attelé à la faucheuse sur laquelle est perché son conducteur. L’herbe est coupée uniquement par la force mécanique, sans l’intervention d’aucun moteur. Sur la plage, un autre cheval tire le râteau qui rassemble l’herbe en rang. Enfin, un troisième attend son tour pour récupérer l’herbe coupée dans une grande bâche.

Serge Hermes, préposé de la nature et des forêts au triage de Rambrouch et responsable du Centre nature et forêt de Burfelt, supervise les opérations. Il connaît parfaitement l’endroit puisqu’il venait déjà y travailler dans les années 1980, alors qu’il était étudiant, pour donner un coup de main à l’ancien forestier, dans la pépinière qui jouxtait le centre d’accueil de Burfelt.

Un cadre idyllique

« Malheureusement, ces chevaux et les métiers dédiés sont en train de disparaître, regrette Serge Hermes. Nous faisons pourtant de plus en plus appel à eux pour le fauchage et pour le débardage en forêt. Non seulement, ils permettent une gestion efficace, mais ils nous aident beaucoup pour sensibiliser la population parce que leur présence interpelle les gens qui n’ont plus l’habitude de voir des chevaux travailler.»

Effectivement, il ne faut pas longtemps pour que des promeneurs arrivent, précédés par leur chien qui n’est pas tenu en laisse. Serge Hermes leur demande de le retenir auprès d’eux pour qu’il n’effraie pas les chevaux et, tout de suite, une discussion s’installe. Les deux marcheurs écoutent religieusement les explications du préposé forestier avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir. «C’est exactement ce que je vous précisais, sourit Serge Hermes, une fois les visiteurs repartis. Grâce aux chevaux, ils étaient très ouverts et j’ai pu leur expliquer tout ce que l’on fait ici. Je pense que ces contacts sont très efficaces pour bien transmettre nos messages en faveur de la protection de l’environnement.» 

Le grand avantage des chevaux est qu’ils ne compactent pas la terre, au contraire des machines. Mieux, avec leurs sabots, ils la griffent, ce qui permet la germination de graines comme celles des coquelicots. «Nous fauchons aujourd’hui une partie de la plage pour que les gens puissent accéder facilement à la berge, explique Serge Hermes. Par contre, nous laissons l’autre partie comme elle est pour que les insectes puissent encore profiter des fleurs. Et il est intéressant de constater que les visiteurs respectent les deux types de gestion parce que même sans installer de panneaux, ils ne se rendent pas dans l’espace qui n’est pas fauché.» 

Des contrats de biodiversité peuvent également être réalisés par des agriculteurs qui souhaitent développer de nouveaux types de gestion des milieux ouverts (les champs et les prés) ou des propriétaires de forêts privées dans le cadre de contrats de biodiversité. Ils peuvent être signés sur des terrains dans l’ensemble du pays, pas uniquement à l’intérieur des parcs naturels, avec l’ANF, mais aussi des syndicats de communes (Sias, Sicona…) ou des bureaux d’études.

«Souvent, ces contrats sont signés après que des agriculteurs en entendent parler et viennent eux-mêmes nous voir, relate Serge Hermes. Mais lorsque nous repérons un terrain très précieux pour l’environnement, nous allons rencontrer directement le ou les intéressés pour tenter de les convaincre de mettre en œuvre un plan de gestion qui permettra de protéger et même d’améliorer écologiquement cet endroit.»

Sensibiliser et montrer l’exemple, qui plus est dans un cadre idyllique : la mission du Centre nature et forêt de Burfelt est parfaitement remplie. 

CARTE D’IDENTITÉ

NOM : Serge Hermes

ÂGE : 51 ans

FONCTION : préposé de la nature et des forêts au triage de Rambrouch, responsable du Centre nature et forêt de Burfelt.

PROFIL : Il est originaire de Tadler et son intérêt pour la nature est venu très tôt. Préposé de la nature et des forêts depuis 1991, il a rejoint le triage de Rambrouch en 2001. Dans le cadre de la formation continue, il se spécialise en particulier dans la pédagogie environnementale.

Qu’apprend-on à Burfelt?

Le Centre nature et forêt est installé dans une ancienne ferme de 1835, mais dont certaines parties remontent aux années 1750. Elle a été rachetée avec les terrains qui l’entouraient par l’État dans les années 1970. «Avec la création du lac, l’exploitation agricole n’était plus possible et le gouvernement a décidé de l’acquérir et de la transformer en centre d’information», explique Serge Hermes. Le Centre nature et forêt a ouvert en 1992.

Une exposition occupe le rez-de-chaussée, elle explique les conséquences des interactions entre l’homme et la nature. De petits ateliers ludiques proposent de se rendre compte à quel point l’équilibre est fragile, notamment entre les trois piliers que sont les activités économiques, les activités récréatives et la protection de la nature.

En 2023, plus de 200 classes et 12 000 visiteurs sont passés par le centre. Pour s’y rendre, il est obligatoire de laisser sa voiture en haut et de descendre à pied. Le chemin le plus court passe par le belvédère qui offre une vue imprenable sur le lac avant de rejoindre la plage de Fuussefeld. Si vous arrivez avec le bateau solaire de Lultzhausen, un quai est à votre disposition tout près.

Le centre est en cours d’agrandissement puisque la construction d’un nouveau bâtiment va bientôt permettre de déménager l’atelier des menuisiers, jusque-là dans le bâtiment principal. «Nous allons créer un espace conférences, qui pourra également recevoir des expositions temporaires, ainsi qu’une salle d’accueil pour les groupes.»

Les machines, elles, ont déjà été transférées dans un hangar situé un peu plus haut. Non seulement cela libère de la place, mais cela apporte beaucoup plus de tranquillité autour de l’ancienne ferme.

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