SÉLECTION NATIONALE La suspension annoncée du Napolitain Kvaratskhelia pour le Géorgie – Luxembourg de mars change énormément de choses.
Malgré tout l’immense respect dû à Danel Sinani, à sa patte gauche d’une précision diabolique, au poids qu’il a pris dans l’animation offensive des Roud Léiwen, à son efficacité devant le but aussi, la nouvelle la plus importante de ce début de semaine n’est pas sa suspension en vue du match de barrages de Nations League contre la Géorgie, en mars prochain. Non, l’écrasante «news» est venue de Valladolid.
C’est là que l’Espagne recevait la Géorgie, dimanche. Là que Khvicha Kvaratskhelia a égalisé à la 10e minute (pour une défaite finale 3-1). Mais là aussi qu’il a pris un carton jaune, son troisième de la campagne, après avoir rouspété après l’arbitre, à la 75e. S’il n’était pas, déjà à 22 ans, la superstar qu’il est dans son pays, Kvaratskhelia se ferait sûrement déjà tailler des croupières en Géorgie pour son manque de jugeote : il ratera le choc contre le Grand-Duché, véritable demi-finale pour aller à l’Euro. Et à tout prendre, pour la FLF mieux vaut encore que Sinani ET Kvaratskhelia soient absents conjointement, plutôt qu’ils soient là tous les deux. Parce que la somme des embêtements que cela génère semble d’un coup bien moins importante pour Luc Holtz (ou son successeur) que pour son homologue, Willy Sagnol. Il n’y a pas équivalence de problèmes : la suspension de Sinani est très gênante pour le Luxembourg, celle de Kvaratskhelia est dramatique pour la Géorgie.
Il faut se rendre compte du manque. Non pardon : du vide. Celui que les Napolitains ont surnommé «Kvaradona», en référence directe au Pibe de Oro Diego Maradona, affole la Botte depuis son arrivée, à l’été 2022. Recruté pour 10 millions d’euros, il est un pion majeur du premier titre du club depuis 1990. Élu meilleur joueur de Serie A lors de la dernière saison avec 12 buts et 10 passes en 34 matches, 17e au classement du Ballon d’or, ce fils d’un ancien international… azerbaïdjanais est suivi de près par le Paris Saint-Gemain et Manchester City. Mais pourrait prolonger jusqu’en 2018 chez les Partenopei, pour un contrat estimé à 4 millions d’euros par an.
Dès mon arrivée, il m’avait impressionné
Fatalement, quand il troque son numéro 7 de Naples pour le 77 chez les Croisés, Kvaratskhelia endosse aussi une responsabilité supplémentaire. Car la Géorgie aspire au même rêve européen que les Roud Léiwen et sans sa star, tout devient extrêmement plus compliqué. Willy Sagnol, pas encore confronté à sa suspension, disait ainsi en début de mois : «Je ne vois actuellement aucun joueur géorgien capable d’avoir une trajectoire comme la sienne. Dès mon arrivée, il m’avait impressionné. Quand « Kvara » est avec la sélection, je suis persuadé que la possibilité de gagner est encore plus forte que celle de gagner un match avec Naples». Entre les lignes : il est bien plus indispensable encore à son pays qu’il l’est à son club.
Son impact offensif n’est pourtant pas comparable, par exemple, à celui d’un Gerson Rodrigues au Luxembourg. Si ce dernier pèse pour 44 % dans les buts inscrits par son équipe sur les trois dernières années de compétition, Kvaratskhelia ne pointe lui qu’à 26 %. Mais il vient d’inscrire 14 buts sur ses 21 dernières apparitions. Et son jeu peut tout faire basculer en un instant. Briseur de reins hors pair, roi du crochet court et du petit pont, capable d’éliminer un adversaire direct sur 10 centimètres carrés, il jouit aussi d’une technique de centre assez folle, qui en aurait fait un danger absolu, même pour une défense luxembourgeoise qui ne prend plus beaucoup de buts.
Reste maintenant à espérer que l’ancien messin Georges Mikautadze ne retrouve pas des couleurs avec l’Ajax Amsterdam, où il joue pour l’heure les utilités (0 but en cinq bouts de matches) et manque furieusement de rythme. Il serait en effet dommage d’échapper à la peste pour se retrouver avec le choléra.