Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
LIGUE DES CHAMPIONS (1er TOUR) L’heure est venue pour le F91. Sauvé par sa qualification européenne, il peut toucher le jackpot s’il passe Tirana. Et ça lui ferait un bien fou.
Dudelange est un club audacieux. Et ce soir, au stade Jos-Nosbaum, devant un stade a priori comble, il dispute un nouveau match vital dans son développement de l’après-Flavio Becca. Très récemment, dans sa quête de la licence UEFA pro, Gerry Schintgen et son comité avaient recueilli un avis inquiétant du cabinet d’audit ayant vérifié ses comptes : sans l’Europe, la survie du club n’était pas garantie. Vision extrêmement pessimiste ou trop catastrophiste? Toujours est-il qu’avec les bons investissements et au prix d’un compromis douloureux avec Adel Bettaieb en hiver (pour que l’attaquant reste au club et aide le F91 à aller chercher le sésame), Dudelange l’a décrochée, sa Ligue des champions.
C’est une bonne affaire. Mais pas encore le jackpot. Cela le deviendra en cas de qualification, puisque même si la suite est moins rose, par le jeu des réversions dans les compétitions sœurs (Europa League puis Conference league), le club aura alors six matches au minimum à disputer. Le comité a estimé qu’il pourrait alors dépasser le million d’euros de gains et pour la perpétuation d’un F91 ambitieux et qui gagne, c’est une manne qu’il serait bon de sécuriser. C’est bien pour cela, d’ailleurs, que le club s’est offert quelques jours d’atermoiements autour, de nouveau, du sort d’Adel Bettaieb. Ce dernier souhaitait partir pour la D1 turque, son staff a dit oui mais une fois le 1er tour passé. On était là sur une compréhensible optimisation des chances. Le club a préféré tenir parole et cela pourrait lui coûter un sacré pactole, si devant cela pèche contre Tirana.
Depuis 17 ans, la galère du 1er tour
Est-ce risqué? Dans ce siècle, Dudelange s’est fait éliminer douze fois au 1er tour de la C1. En 2011 et 2012, quand il a franchi les écueils de Santa Coloma et Tre Penne, il s’agissait de tours préliminaires entre nains du continent. La dernière qualification au 1er tour de la compétition reine remonte finalement à 2005, contre le Zrinjski Mostar, même si après Tre Penne, Didier Philippe et ses gars avaient éliminé Salzbourg dans une monumentale surprise. C’est dire l’ampleur de la tâche. Et aussi à quel point s’ouvrir une voie royale relève de l’exploit. Pour y parvenir, le club a énormément investi. Encore. Devant la multiplication des départs dans le secteur offensif, il a mis toutes les chances de son côté en prenant des joueurs confirmés (Ouassiero, Decker) voire très très confirmés (Da Costa), et, donc qui ne sont pas donnés. De nouveau, pour gagner gros, Dudelange s’autorise des investissements conséquents. Si la compétitivité a un prix, au Jos-Nosbaum, on assume.
Et ce soir, le 3-5-2 de Carlos Fangueiro pourrait donc intégrer deux nouveaux défenseurs derrière, Ouassiero dans le couloir étant plus douteux puisqu’il vient seulement d’arriver de La Réunion et de faire connaissance avec ses coéquipiers. Devant, la pression sur Samir Hadji, laissé seul en pointe après les départs de Battaieb, donc, mais aussi de Muraovic (RFCU), sera conséquente. Gageons qu’il saura assumer : battre Tirana, qui vient de perdre 4-0 en amical contre Fenerbahçe, avant le match retour en Albanie la semaine prochaine, pourrait être un premier pas monumental vers quelque chose d’énorme. S’il bat Tirana, le F91 à l’assurance, quelle que soit la suite de sa campagne, qu’il jouera à un moment de son été un barrage pour accéder à une phase de groupes. Et là, il faudra peut-être commencer à mettre un «s» à million. Et en 2023, le cabinet d’audit sera bien plus gentil dans ses conclusions…
