[Cyclisme] Aux bons souvenirs de Bob Jungels

Septième en 2018 dans une étape similaire, le Luxembourgeois de l’équipe AG2R-Citroën sera dans son élément. Kevin Geniets aura également du travail.

Le souvenir reste intact. On le revoit passer la ligne d’arrivée, écrasée par un lourd soleil et plantée devant le vélodrome qui sert traditionnellement d’arrivée de Paris-Roubaix. Son visage était mangé par la poussière sèche. Ce 15 juillet 2018, c’était soir de finale de la Coupe du monde et la France qui n’avait d’yeux que pour ses Bleus, s’était chauffée par cette superbe neuvième étape du Tour sur les pavés du Nord.

Si John Degenkolb s’était imposé en solitaire devant Greg van Avermaet et Yves Lampaert, la septième place de Bob Jungels était d’autant plus remarquable qu’il avait assez lourdement chuté dans le final.

Il portait d’ailleurs de beaux stigmates en passant la ligne. Il s’était classé septième à l’arrivée où son ancienne équipe avait placé trois coureurs dans le top 10 (Yves Lampaert, qui cherchera aujourd’hui à reconquérir son maillot jaune raflé dans le prologue). Bob Jungels avait fini l’étape dans un groupe royal, avec Philippe Gilbert, Peter Sagan et Jasper Stuyven.

L’ancien vainqueur de Paris-Roubaix espoirs avait retrouvé ses meilleures sensations et avait pris une part active à la course d’équipe de son ancienne équipe belge, placée à l’arrivée, mais pas récompensée.

Aujourd’hui, Bob Jungels apparaît clairement avoir retrouvé la carburation de cette époque. On ne reviendra pas sur ses opérations et ses difficultés à revenir dans le coup, le constat est édifiant, même s’il fut piégé (comme Rigoberto Uran, Jack Haig et quelques autres) dans l’étape de samedi, on le voit bien jouer un rôle majuscule aujourd’hui.

Aujourd’hui où Quick-Step se rangera forcément adversaire numéro de Jumbo-Visma. Mais cela laisse de la place à d’autres équipes, surtout des individualités, comme Sagan, Degenkolb, Stuyven, Pedersen, et pourquoi pas donc Bob Jungels, qui a suivi le mouvement du peloton sans tracas hier lors du coup de pétard des Jumbo?

Reste à savoir de quel espace vital il va bénéficier, car chez AG2R-Citroën, la priorité sera sans doute donnée au maintien en survie du leader, l’Australien Ben O’ Connor. Avec Oliver Naesen, Bob Jungels va devoir logiquement lui porter secours. Les occasions ne devraient pas manquer, malheureusement, on le sait. Et sur le Tour, la pagaille est généralement telle lorsque la Grande Boucle fait escale sur les pavés, qu’il est difficile de s’y retrouver. Les grimpeurs malhabiles sont autant d’obstacles à contourner pour les spécialistes confirmés des classiques pavées.

Aujourd’hui, sur les trente derniers kilomètres, il y aura pas moins de seize bornes de pavés, ce qui n’est assurément pas rien. «C’est important, mais je trouve que le parcours de cette étape de pavés est bien équilibré», rappelait avant le départ du Tour à Copenhague, Alex Kirsch. On sait que la maladie l’a rattrapé, depuis le départ, ce qui l’empêche de remplir sa mission auprès de ses leaders, Mads Pedersen et Jasper Stuyven, mais sera-t-il suffisamment remis? Il l’espère : «Ça va déjà beaucoup mieux, même s’il me manque encore beaucoup de force.»

Enfin, Kevin Geniets, qui découvre les pavés roubaisiens, poursuivra sa mission auprès de David Gaudu. Sans doute en duo avec Stefan Kung. «Pour le moment, je suis très content, tout va bien dans ce début de Tour», se réjouissait-il hier. D’ailleurs, David Gaudu, qui confesse «craindre cette étape», ne tarissait pas d’éloges à l’endroit du longiligne coureur luxembourgeois. «Heureusement qu’il était là, j’étais mal placé et Kevin m’a fait une super remontée dans le groupe des favoris», insistait le leader de Groupama-FDJ. Quelque chose nous dit que Kevin Geniets («Ce sera un sacré chantier», image-t-il) va de nouveau avoir un peu de boulot dans cette cinquième étape…