Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Un mercato de folie se termine, avec des recrutements étonnants. Mais aucun plus que ceux validés par le champion en titre, qui a fait du très, très, très lourd.
Carlos Fangueiro aurait bien aimé se délester de quelques joueurs de son effectif de 37 Hesperangeois sous contrat? Il en a gagné trois de plus dans une fin de mercato étourdissante magnifiée par ce qui semblait être une promesse de Flavio Becca, la veille, de ne plus prendre personne. Dans ces proportions, ce n’est plus un coup de bluff, mais un happening royal : désormais, le champion en titre a 40 joueurs sous contrat. Dont un ancien joueur de Ligue 1 française, un champion d’Afrique de club et rien moins qu’un champion d’Italie avec Naples, la saison passée. Allongez-vous, mettez les jambes au mur et respirez un bon coup.
Le sponsor du club avait-il une pré-science de ce qui allait se passer dans les autres clubs de l’élite qui pourraient être amenés à lui contester le titre en mai prochain? Savait-il que Differdange, leader invaincu, recruterait notamment Kenny Nagera, qui a déjà joué en Ligue 1 avec le PSG et en Ligue 2 avec Bastia? Savait-il que le Progrès prendrait Yanis Lhéry, un garçon également apparu à six reprises dans l’élite française avec Saint-Étienne? Savait-il tout simplement que ce mercato estival se finirait dans ce genre d’apothéose fabuleuse et qu’il lui fallait, puisqu’il est le plus gros animateur de ce genre de moments depuis plus de deux décennies, frapper encore bien plus fort que d’habitude pour calmer les ardeurs de tout le monde?
«27 joueurs maximum»? Non, 40 !
En tout cas, là, le coup de force est majuscule. Et le petit montage publié sur les réseaux du club faisait parler absolument tout le football luxembourgeois, vendredi, après la clôture du mercato. Les dernières annonces avaient beau continuer à tomber (lire ci-dessous), rien ne pouvait plus surpasser ces trois achats qui vont totalement relooker un Hesperange déjà bien changé par rapport à la saison passée.
Dans la semaine, Flavio Becca avait indiqué que le seul reproche qu’il pourrait éventuellement faire à son coach, est que dans un souci de perfectionnisme, il essaye d’aller trop vite en besogne dans ses consignes tactiques, au risque de saturer ses joueurs. Il ne lui a pas fait qu’un cadeau en lui mettant désormais à disposition un groupe de 40 garçons alors que le technicien portugais rêverait de s’entraîner à «27 maximum, gardiens compris». La préparation des séances prend donc parfois jusqu’à trois heures pour s’assurer qu’elles seront d’une intensité suffisante.
Et c’est vital désormais puisque l’exceptionnelle qualité du recrutement hesperangeois ne prendra sens que si Bridge Ndilu (Nantes), Karim Zedadka (Naples) et Malek Baayou (ex-ES Tunis) retrouvent les conditions d’épanouissement qu’ils ont connu dans le monde pro, au-delà même de leur acclimatation.
«Je ne pensais pas voir ça un jour»
Car les profils intéressant férocement Fangueiro. L’international tunisien, Baayou? «Un box-to-box très costaud parfait dans le jeu de transition.» L’avant-centre tant désiré, Ndilu? «On cherchait un profil pour prendre la profondeur et un autre de monstre physique. On avait trouvé le deuxième dans une D1 portugaise, sous forme de prêt, mais son club a voulu le garder après avoir mal commencé. Mais Bridge peut aussi conserver le ballon. Seulement, il a besoin de travailler le rythme. Il n’a pas encore joué d’amical.» L’incroyable champion d’Italie, Zedadka? «Un joueur de couloir ou milieu offensif avec beaucoup de liberté. Chapeau à ceux qui ont réussi à nous amener ce genre de calibre! Honnêtement, je ne pensais jamais avoir ce genre de joueur un jour sous la main, ici.» Avec ça, le Swift est censé rouler sur le championnat.
Encore que… si Fangueiro a des étoiles dans les yeux, c’est aussi et surtout quand il mesure la qualité supposée du mercato de l’ensemble de la division. «Des gars comme ça, comme Magno quand il est arrivé au F91, j’en vois de plus en plus arriver en BGL Ligue et là, ce mercato magnifique prouve que les choses changent. C’est un boulot de tout le monde. Les dirigeants de tous les clubs.» On doute quand même que ce soit suffisant pour contrarier ce Swift galactique.
