LIGUE DES CHAMPIONS (2e TOUR, RETOUR) Déjà auteur de deux phases de groupes en C3 en 2018 et 2019, le F91 peut s’assurer de passer un automne européen. Suffit de ne pas perdre face au Pyunik, ce mardi soir.
Quelque 800 mètres d’altitude et une quinzaine de degrés de moins. Un voyage dans les pattes pour l’adversaire aussi, qui est passé par la Bulgarie pour rallier le Grand-Duché au cours d’un voyage qui a fait lever les yeux au ciel à quelques membres du staff. Il n’y a pas que l’avantage d’un but qui autorise aujourd’hui à rêver, mais une multitude de facteurs extérieurs qui viennent s’ajouter à l’évidente maîtrise des événements de tout un club sur le terrain et en coulisses : le F91 est à 90 minutes d’un nouvel exploit majeur non pas de son histoire, mais de l’histoire du pays.
Contre le Pyunik, un ancien joueur majeur de l’équipe championne, Kevin Van Den Kerkhof, a enfoncé une porte ouverte, hier, dans nos colonnes, en parlant de ses anciens coéquipiers : «Les voir passer ce tour, ce ne serait pas bien pour le club, ce serait bien pour toute la DN.» Évident? Oui, mais il faut penser à le dire. Parce qu’après avoir été à jamais les premiers dans une phase de poules (l’Europa League) en 2018, après avoir été aussi de très surprenants deuxièmes la saison d’après alors que personne ne les attendait, les Dudelangeois sont à une victoire, ou plutôt à une non-défaite, de signer une troisième phase de groupe en seulement cinq saisons, qui offrira à tout le pays des matches internationaux jusqu’au Mondial. Il faut croire qu’avec ou sans Flavio Becca, ce club est le seul à avoir le feu sacré nécessaire pour accomplir de telles choses, en profitant même désormais pour attirer des joueurs pros capables de tenir ce standing.
On a déjà beaucoup trop écrit sur les avantages financiers que le F91 tirerait d’une phase de poules. On a déjà beaucoup trop extrapolé sur les risques qu’il aurait courus à ne pas réussir ce qu’il est en train de réaliser. Il n’est plus question, là, de trous dans le budget mais bel et bien d’accomplissement sportif et de la perpétuation d’une légende nationale. Passer le Pyunik Erevan, ce soir, ce n’est pas seulement aller défier l’Étoile rouge de Belgrade au Marakana. C’est surtout avoir l’assurance de jouer, au pire la phase de poules de Conference League. Dudelange pourrait y retrouver la Fiorentina de Luka Jovic, le Cologne d’Anthony Modeste, le Nice de Lucien Favre, le West Ham de David Moyes, le Villareal d’Unaï Emery…
«Tout le monde rêve de Belgrade»
Mais pour ça, il faudra encore survivre à 90 minutes de souffrance. Carlos Fangueiro est déjà là-dedans. Dans la difficulté, les scénarios, le danger. Pour lui, le Pyunik reviendra avec son 3-4-3, pressera haut. Mais au moins pourra-t-il encore compter au moins sur Hassan Nader, qui pourrait jouer là son dernier match dudelangeois aux côtés de Samir Hadji avant de s’envoler de son côté, pour le Portugal. À moins bien sûr que son club ne parvienne à trouver un accord avec Arouca pour lui offrir la suite de l’aventure.
C’est sans doute là qu’est le danger, d’ailleurs : il y aura une suite quelle que soit l’issue de la rencontre. Elle peut être porteuse de rêves énormes depuis le 3e tour de la Ligue des champions en cas de qualification, ou d’angoisses de tout perdre depuis le 3e tour de l’Europa League en cas d’élimination. Après le match à aller, à Erevan, personne n’a fait la fête à la suite du succès 0-1. Puisque Hadji l’a rappelé hier : «Tout le monde rêve de jouer devant 60 000 personnes à Belgrade. Mais il faut faire le travail.»