Flavio Becca, dont les investissements ont porté le F91 au statut de premier club luxembourgeois de l’histoire en phase de groupes de l’Europa League, est sorti de son silence, dimanche en marge de la rencontre… de PH entre le Swift et Mühlenbach, en annonçant son départ du club pour 2020.
Flavio Becca n’était pas à Rosport, pour suivre «son» F91, à cinq jours seulement d’un déplacement à San Siro pour y affronter le Milan AC, une rencontre qui couronne pour lui, l’Italien fan de l’Inter, deux décennies d’investissements monumentaux. Non, le mécène était… au Holleschbierg, pour suivre Swift – Mühlenbach, match phare de Promotion d’honneur qui a permis au Swift de s’emparer de la tête du classement. Inutile de dire qu’au vu des rumeurs du moment, cette présence est hautement symbolique.
Et il ne s’est pas contenté d’y être au stade Alphonse-Theis. Il y a aussi pris la parole quand on lui a demandé. Car au-delà du secret de Polichinelle autour de son investissement progressif dans le club du président de Laroche, dans la ville où il a passé son enfance, sa position par rapport à ce qu’il considère être des atermoiements de la commune dudelangeoise autour du sujet du stade, n’ont toujours pas appelé de décision définitive de sa part. Pas connue en tout cas.
Or depuis dimanche, elle a pris une nouvelle dimension. Plus épaisse, plus définitive. Flavio Becca, en effet, a reconnu qu’il considérait que la commune ne changera pas d’avis quant à la construction d’un nouveau stade. Et que lassé de ces négociations «sans fin», il annonce qu’il va se retirer du F91 : «Je n’ai pas reçu de réponses positives de la part de la commune, qui reste campée sur ses arguments. Je vais me retirer peu à peu du F91 d’ici deux ans et je viendrai investir ici à Hesperange où je connais tout le monde. Mais je ne vais pas laisser tomber Dudelange tout de suite, cela se fera sur une période de deux ans.»
Une véritable bombe
Alors que dans le milieu, on considérait jusqu’alors que le «boss» se contentait de mettre la pression sur Dan Biancalana, le bourgmestre dudelangeois, on a franchi un cap majeur. Si c’est un coup de bluff, celui-ci va très loin. C’est une véritable bombe que vient de lâcher Becca mais on aurait dû se douter que c’était la suite logique de ses prises de participation dans le club hesperangeois, de manière à peine dissimulée.
«Comment croyez-vous que Dan Theis (NDLR : arrivé coach en remplacement de Serge Wolf, parti au Progrès Niederkorn) a atterri ici ? C’est moi-même qui l’ai emmené sur le banc du Swift». Et pris sous contrat également. L’encadrement du club hesperangeois vient également de changer, puisque Sofiane Benzouien, longtemps joueur du club dudelangeois et homme de l’ombre de l’organigramme au F91, vient d’intégrer la cellule technique. L’ancien joueur du F91 était même présent au stade, au côté de Dan Theis, en survêtement du club.
De son côté, Fernand Laroche, le président du Swift, se montre encore prudent : «Ce sera certainement un travail étroit avec Dudelange en première phase, mais pour tout savoir, c’est mieux de lui poser la question à lui.» Cette dernière phrase, le président l’a dit avec un grand sourire. Et «lui», c’est bien évidemment Flavio Becca, dont tout un club attend désormais les prises de position, comme le fait le F91 depuis plus de 20 ans. Le nouveau patron n’a pas voulu s’étendre sur le sujet des transferts annoncés dès dimanche, mais indique uniquement que Dan Theis aura «les joueurs, qu’il demande». Ce qui nous renvoie au premier point : si c’est un coup de bluff, cela va quand même très loin…
Julien Mollereau, avec notre correspondant Fabrice Baur