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Fiscalité : les entreprises cherchent à inverser la vapeur


Les directeurs de la Chambre de commerce et de l’UEL, Carlo Thelen (à d.) et Jean-Paul Olinger, ont présenté un catalogue de revendications, mardi. (Photo : chambre de commerce/emmanuel claude)

Il a du mal à se faire une place dans la campagne électorale. Le camp patronal insiste pourtant pour que le prochain gouvernement agisse aussi sur la fiscalité des entreprises, déjà mal en point.

«Je ne veux pas dresser d’image trop sombre», tient à préciser Carlo Thelen, le directeur de la Chambre de commerce. Plusieurs indicateurs économiques tendent toutefois vers le bas en ce début d’automne. Les PME seraient les premières concernées, mais pas seulement. «On est proche d’une récession.

La croissance évaluée à 1,5 % pour cette année 2023 risque d’être beaucoup moins importante. Le Luxembourg n’est pas le seul pays à se retrouver dans cette situation, mais cette évolution nous tracasse.» Le PIB au deuxième trimestre 2023 a baissé de 1,7 point par rapport au second trimestre de 2022.

Pour inverser la vapeur, la Chambre de commerce et l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) sont montées au créneau, mardi, pour revendiquer une «amélioration» du cadre fiscal. Par «améliorer», il faut surtout comprendre une réduction de la charge fiscale, d’autant plus que les entreprises auraient lourdement souffert des cinq tranches indiciaires versées endéans 24 mois, qualifiées d’un «impôt supplémentaire».

«On remarque que 39 % des PME de moins de 10 salariés ont déjà renoncé à des embauches. Elles sont 45 % à avoir renoncé à des investissements. Ce n’est pas anodin, car les investissements qui ne sont pas effectués aujourd’hui vont freiner la future croissance de l’économie», met en garde Carlo Thelen.

Un impôt à ramener de 25 % à 20 %

Si le camp patronal plaide pour une baisse des impôts, cela ne veut pas dire qu’il s’oppose aux allègements fiscaux que les partis mettent en perspective pour les salariés. «La fiscalité représente un tout. Nous ne voulons pas mettre en opposition les uns et les autres. Chacun doit contribuer selon sa capacité aux recettes fiscales de l’État», développe le directeur de la Chambre de commerce. Les entreprises ne devraient toutefois pas être oubliées par le prochain gouvernement.

Une fiscalité plus attractive permettrait à la fois d’attirer et de fidéliser de nouveaux talents et investisseurs. «Le taux d’imposition de 25 % sur les bénéfices est trop élevé. Il faudrait le baisser à 20 %. On sait que cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain, mais le prochain gouvernement doit au moins se donner une feuille de route», avance Carlo Thelen.

Pour ce qui est des PME plus spécifiquement, la Chambre de commerce et l’UEL réclament l’introduction de mesures fiscales ciblées et d’incitatifs fiscaux en matière de transition digitale et environnementale. Les indépendants et dirigeants d’entreprise devraient aussi bénéficier d’un régime fiscal plus attrayant.

«La fiscalité est le principal levier pour développer davantage l’entrepreneuriat au Luxembourg. Les mesures proposées permettraient de favoriser la création, le développement et la transmission d’entreprises. De plus, elles contribueraient à attirer des talents, diversifier l’économie et assurer une croissance pérenne et durable pour les PME», conclut Jean-Paul Olinger, le directeur de l’UEL.

La Chambre de commerce recadre les plans de Frieden

Ce n’est pas anodin. Le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, est venu tancer, mardi, les plans fiscaux de Luc Frieden, la tête de liste du CSV, qui officiait encore en début d’année comme président de cette même Chambre de commerce. Pour rappel : l’ancien ministre des Finances plaide pour réduire l’imposition «pour tous». Le contre-financement doit être assuré par une croissance économique.

Carlo Thelen remet en question cette théorie. «Si l’on veut renforcer la compétitivité et l’attractivité du pays, il faut supporter les entreprises exportatrices», souligne le directeur de la Chambre de commerce.

«Augmenter la consommation interne est toujours bien, mais les retombées économiques sont limitées. Le plus en pouvoir d’achat offert notamment aux mieux lotis engendrera une fuite de cet argent vers l’étranger, par exemple pour un voyage ou l’achat d’une voiture produite à l’étranger», enchaîne-t-il.

Le fait que le Luxembourg soit une petite économie fortement ouverte vers l’extérieur ferait que l’effet multiplicateur d’une baisse généralisée des impôts resterait très limité.

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