Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le financement participatif se décline à l’infini. La société WedZem a mis en place un système de cagnotte pour faire financer son mariage par les invités. Un concept novateur qui devrait devenir bientôt la norme.
Finies les listes de mariage avec des services en argent, le système de cagnotte se met en place pour que les invités deviennent les investisseurs du mariage où ils se rendent. Si le concept est encore confidentiel, il a de beaux jours devant lui!
Le financement participatif est devenu un bon moyen de demander à ses proches ou moins proches de l’argent pour réaliser un projet. Même les ONG se sont engouffrées dans la brèche pour que des inconnus puissent, à plusieurs, prêter de l’argent à des personnes dans le besoin qui ont un projet professionnel. Comme les futurs jeunes parents ont besoin de matériel de puériculture et de vêtements avant la naissance de l’enfant, il est considéré tout à fait normal d’établir une liste de naissance avant que l’enfant pointe le bout de son nez afin que les proches aident les futurs parents à s’équiper.
Pour le mariage, le principe est le même. Sauf que les futurs mariés sont en général installés et n’ont besoin que d’argent pour financer la grande journée de leurs rêves. Pourquoi ne pas demander un cadeau pécuniaire en amont aux invités pour que les mariés n’aient pas à avancer l’argent?
Sandrine Noël a lancé WedZem, la première plateforme internet dédiée au mariage participatif. Depuis le 1 er mars, la dirigeante a encore enrichi son offre avec de nouveaux services en ligne destinés aux futurs mariés du Luxembourg. « WedZem est né d’un double constat : l’organisation d’un mariage coûte cher aux futurs mariés et, dans le même temps, tous les proches tiennent à faire un cadeau au couple. Mais plutôt que d’investir dans une liste de mariage qui s’avère souvent désuète, puisque, aujourd’hui, bon nombre de couples vivent ensemble bien avant de se marier, avec WedZem, la famille et les amis sont invités à financer le mariage lui-même », souligne Sandrine Noël.
Participation financière en ligne
Chacun peut ainsi participer à la magie du «plus beau jour d’une vie». Les futurs mariés publient la liste des postes (photographe, coiffeur, voyage de noces…) de dépenses de leur mariage sur WedZem et invitent leurs proches à déposer leur participation financière en ligne.
Le budget d’un mariage varie en fonction des attentes du couple et de leurs moyens, du nombre d’invités, mais il faut compter en général dans les 20 000 euros pour moins d’une centaine d’invités.
Du côté de MAN Events Agency, qui organise des mariages tout au long de l’année, on anticipe le phénomène : « Il est vrai que cela devient une nouvelle tendance. Mais pour notre part, nous n’avons pas encore eu affaire à ce phénomène, les futurs mariés ont eux-mêmes financé leur mariage ou, bien souvent, avec l’aide de leurs parents. Nous sommes très attentives aux nouvelles tendances, c’est pourquoi nous avons décidé de proposer pour ceux qui le souhaiteraient une tirelire virtuelle dans laquelle chacun de leurs invités pourrait décider du montant qu’il souhaite mettre. C’est le même système de financement qui existe déjà pour les futures naissances et qui est très populaire d’ailleurs .»
Même constat chez Mevengreen, qui organise également des mariages : « De notre côté, nous n’avons jamais eu le cas pour le moment. Nous pensons que ce n’est pas encore entré dans les mœurs, mais que cela ne devrait pas tarder d’ici un à trois ans », assure Marion Bernard, la directrice de l’agence.
Audrey Somnard
Anne : «Un voyage plus beau que prévu»
Anne Mayan se mariera le 14 juillet. Elle a utilisé un système de cagnotte pour financer son voyage de noces à l’avance.
Anne et Pierre ont demandé à leurs proches des les aider à financer, avant le mariage, leur voyage de noces. (photo Anne Mayan)
Elle a écumé les salons du mariage de la Grande Région et c’est à celui de Luxembourg qu’elle a trouvé l’idée de faire une cagnotte pour financer leur cadeau de mariage : « Nos préparatifs étaient déjà avancés quand j’ai découvert ce concept, mais je me suis dit que ça serait intéressant de financer notre voyage de noces. Comme nous partons deux jours après le mariage, nous devons réserver à l’avance sans attendre que les invités donnent de l’argent le jour même comme c’est la tradition .»
Un don avant le mariage
Anne Mayan a donc chamboulé les traditions en demandant à ses invités de faire un don avant le mariage. Une démarche un peu originale, mais qu’elle assume : « Nous avons mis nos amis au courant en leur expliquant notre démarche. Il ne faut pas être naïf, on sait bien qu’un mariage coûte cher et que les cadeaux servent en partie à le financer. Comme aujourd’hui tous les couples sont installés, nous n’avons pas besoin de cadeaux physiques. Par contre, ce serait vraiment dommage de passer à côté d’un rêve de petite fille pour une question d’argent. Notre entourage a donc très bien compris et nos invités sont très généreux! Évidemment, les choses sont plus compliquées avec les personnes plus âgées, car la cagnotte est sur internet. »
La cagnotte sera clôturée à la fin du mois de mai, ce qui va laisser assez de temps au couple pour planifier ce voyage de noces sur la côte Ouest des États-Unis : « Avec l’aide de nos invités, le voyage sera plus beau que prévu, la voiture de location ou les hôtels plus luxueux. On va pouvoir se faire plaisir sur place, on prévoit même de se « remarier » à Las Vegas! »
A. S .
L’âge du mariage recule
Tandis qu’en 2000, l’âge moyen des conjoints au premier mariage était de 27,4 ans pour les femmes et de 30,3 ans pour les hommes, il est monté en 2013 à, respectivement, 29,7 ans et 32,7 ans, selon les chiffres du Statec. Les personnes se marient donc, en moyenne, deux ans et demi plus tard qu’en 2000.
En 2013, 1 722 mariages ont été célébrés au Luxembourg, contre 2 148 en 2000.
Depuis 2009, le nombre de mariages chaque année au Grand-Duché tourne autour de 1 750.
