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Fin des sociétés de gardiennage à Luxembourg : et après ?


La Ville a annoncé ne pas renouveler de contrat avec une société de gardiennage, estimant que la situation s’est améliorée au centre-ville et dans les quartiers de Bonnevoie et de la Gare. (Photo : tania feller)

Ce vendredi 15 mars s’achève le contrat de la Ville avec la société de gardiennage Vigicore Lux déployée quartier Gare notamment. Si la police y est désormais plus présente, il reste encore à faire pour régler l’insécurité.

Lors du City Breakfast le 23 février dernier, la bourgmestre Lydie Polfer a annoncé que le contrat de gardiennage privé avec la société de sécurité Vigicore Lux prendra fin ce vendredi 15 mars et ne sera pas renouvelé. C’est donc la fin, discrète, d’une initiative de la Ville qui a fait couler l’encre.

Des sociétés de gardiennage, les habitants de Luxembourg et d’ailleurs en ont notamment entendu parler en mal. Le 4 septembre 2021, le chien d’un agent de sécurité de la société G4S avait mordu, sans relâche, la jambe d’un homme à terre au quartier Gare.

L’incident filmé avait alors lancé un débat sur l’utilisation de sociétés de gardiennage dans la capitale. Depuis 2020, la bourgmestre Lydie Polfer et la Ville ont eu recours à des agents de sécurité afin d’assurer la tranquillité dans certains quartiers, notamment celui de la Gare, en raison d’un dispositif policier insuffisant à leurs yeux.

«Cette société travaillera de concert avec la police, précise la Ville, sans pour autant empiéter sur le champ de compétences de cette dernière, ni remplacer l’action des forces publiques», pouvait-on lire dans le communiqué d’annonce en 2020.

«Y a-t-il une base légale pour attribuer le maintien de l’ordre public à des sociétés privées ?», avait notamment réagi Marc Baum, du groupe parlementaire déi Lénk.

Une enveloppe de 750 000 euros

Légitime ou illégitime, le contrat de gardiennage privé a tout de même fait des heureux ces trois dernières années au quartier Gare, «comme la police n’était pas très présente», souffle Laurence Gillen.

Membre de la première heure du collectif «Quartier Gare – Sécurité & Propreté», cette habitante reconnaît que «c’est un peu bizarre comme sentiment qu’une société privée veille à ce que les habitants puissent circuler de façon libre mais bon, ils étaient là et cela pouvait être rassurant de savoir qu’il y avait une espèce de surveillance».

Lors de la décision, en 2020, il y avait urgence, selon la native du quartier : «On avait vraiment l’impression d’être abandonnés à ce moment-là».

Pour son dernier contrat, agrée par le ministère de la Justice, la Ville a recruté 12 agents de sécurité afin de surveiller les «biens et infrastructures de la Ville de Luxembourg, en centre-ville et dans les quartiers de Bonnevoie et de la Gare» du 15 mars 2023 au 15 mars 2024.

Présents de 17 h à 23 h en semaine et de 17 h à 1 h le week-end, les agents de Vigicore Lux travaillent «toujours en groupe de deux, soit une équipe de deux agents par quartier et par tranche horaire».

Interrogée sur la fin du contrat et le bilan du service fourni, la Ville répond simplement : «Le bilan est positif». Prévu au sein du budget 2024, le recours à la société de gardiennage bénéficie d’une enveloppe de 750 000 euros.

«Cependant, au moment de l’élaboration et du vote du budget, il n’était pas encore clair que les agents de sécurité ne seraient actifs que jusqu’au 15 mars, de sorte que le budget final pour 2024 sera encore adapté», précise la Ville.

«Toujours pas de police de quartier»

Que s’est-il passé entre l’élaboration du budget et la fin du contrat, dont le non-renouvellement ne semblait pas prévu ? Selon nos confrères de RTL, présents lors du City Breakfast, Lydie Polfer a invoqué une amélioration de la situation grâce à un renforcement du dispositif policier, notamment au sein du quartier Gare.

Pour la présence policière renforcée autour de la Gare, Laurence Gillen atteste : «Il y a plus de contrôles dans le quartier, la police est plus présente le matin, l’après-midi, le soir».

«Avant, ils passaient en voiture mais ils n’étaient jamais à pied. Ce qui est très bien maintenant, c’est qu’il y a des patrouilles pédestres», ajoute l’habitante.

Cependant, «la situation ne s’est pas forcément améliorée». D’après ses dires, «là où cela s’est amélioré, entre guillemets, c’est aux abords de l’école qui se trouve la rue du commerce», où les dealers auraient quitté les lieux pour se déplacer vers «une partie de la rue Joseph-Junck qui a l’air de leur appartenir».

Les agents de sécurité ne pouvant de toute façon pas procéder à des interpellations, Laurence Gillen appelle la police et le gouvernement à agir. «Nous n’avons toujours pas de police de quartier. Aujourd’hui, ce sont des patrouilles commissionnées d’autres parties du pays mais c’est ce qui nous manque et c’était la promesse du DP et du CSV.»

Interrogée sur l’avancée de la création d’une unité de police locale, comme promis par la coalition, la police grand- ducale n’a pas encore répondu à notre demande. «Je sais que cela ne se fait pas par magie, mais cela serait bien que les promesses soient tenues», lance la riveraine, qui ne dispose pas d’informations non plus.

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