Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Moins concerné par les feux de forêts que ses voisins français et allemands, le Luxembourg reste en proie à des incendies de végétations d’envergure. Pas moins de 54 cas ont été signalés en trois semaines. Le point avec Cédric Gantzer, chef du département de la direction générale du CGDIS.
Est-ce que les risques de feux de végétation ont augmenté ces derniers jours avec les hautes températures ?
Quand bien même il y a eu de la pluie par moment, la situation reste tendue sur ces dernières semaines. On peut parler de sécheresse, ce qui accroit les risques de feux de végétation. On a des interventions de différentes envergures pratiquement chaque jour. À la mi-juillet, on avait déjà géré 36 feux de végétation depuis le début de l’année. Aujourd’hui, on est à 90, soit 54 en presque un mois.
Heureusement, le feu se propage la plupart du temps sur de petites surfaces, avec pour origine la cigarette jetée en bordure de route. C’est un classique. On a aussi eu, pas plus tard que la semaine dernière, un gros feu à Wasserbillig, situé à l’est du pays. Les bottes de foin se sont enflammées sur un champ et cela s’est étendu sur une grande surface, avec un grand dégagement de fumée visible depuis l’autoroute.
Est-ce que les effectifs et les moyens ont été renforcés face à cette menace ?
Le modèle luxembourgeois repose sur le pilier du volontariat. On a 4 000 pompiers volontaires, qui sont mobilisables en fonction de leurs disponibilités et qui sont soutenus par quelques centaines de pompiers professionnels. Mais avec la saison estivale, on se retrouve dans une période où il y a moins de monde dans le pays. On a donc informé notre personnel, par voie de courrier ou de note interne, que le risque était accru.
Je vous donne mon exemple : le chef dans le centre d’incendie et de secours, où je suis volontaire, rappelle régulièrement de s’inscrire sur les listes de permanence. Surtout que dans notre tactique actuelle, quand on reçoit une alerte au 112, on envoie de nombreux moyens de manière préventive afin de frapper fort et éviter la propagation.
De nombreux moyens humains et matériels sont déployés pour contre la propagation de ces feux de végétation. (Photo : CGDIS)
Combien de personnes doivent être mobilisées sur un feu de végétation et combien faut-il de temps pour le maîtriser ?
Il n’y a pas de chiffres fixes. L’opérateur du 112 a un système informatique, qui, en fonction des informations qu’il reçoit, va proposer le nombre et le type de moyens à déclencher. Si une personne se casse la jambe, ce qui n’est pas excessivement grave, l’ordinateur va nous proposer d’envoyer une ambulance stationnée à deux minutes. Néanmoins, l’opérateur peut prendre la décision d’envoyer une ambulance stationnée à cinq minutes, afin de conserver l’autre véhicule pour une autre urgence.
Pour les feux de végétation, c’est pareil. Il va sélectionner les moyens nécessaires et spécifiques pour la première attaque, et en fonction de l’ampleur du feu, envoyer des plus gros renforts avec d’importantes capacités en eau. Certaines interventions peuvent durer plusieurs heures, voire plusieurs jours, car il faut régulièrement retourner sur le terrain, écarter la paille pour éteindre les feux continus et atteindre le foyer. On a une tactique défensive, on va tout faire pour ne pas mettre le personnel en danger, tout en évitant la propagation.
Des campagnes de prévention sont toujours prévues ?
La situation reste exceptionnelle au niveau de la météo, donc tant qu’il n’y aura pas un épisode pluvieux conséquent, des rappels de mesures de prévention sont nécessaires. On dit toujours à la population de ne pas jeter les cigarettes dans la nature et de ne pas faire de feux ouverts dans des lieux qui ne sont pas prévus à cet effet.
Il faut également éviter de circuler sur des champs ou des chemins forestiers, car le pot d’échappement pourrait déclencher des feux sur les hautes herbes.
