Le Grand-Duc a réitéré hier l’engagement du pays aux côtés de l’Ukraine. Plus qu’une «querelle de territoire», ce sont les valeurs de démocratie et de liberté, auxquelles est tant attaché le Luxembourg, qui sont en jeu.
Tout un symbole : 2023, année riche s’il en est pour le Luxembourg, est ponctuée d’événements qui viennent attester l’attachement du pays aux valeurs démocratiques – deux élections, une nouvelle Constitution qui entrera en vigueur le 1er juillet, sans oublier la célébration en mai dernier du centenaire de la «Gëlle Fra», symbole de la résistance nationale. «Nous avons le privilège de vivre dans un pays où tout un chacun peut s’exprimer librement et prendre part au développement de nos structures sociales et politiques», a rappelé le Grand-Duc dans son allocution à la Philharmonie, vendredi matin, lors de la cérémonie officielle de la fête nationale à laquelle ont participé les membres du gouvernement, de la Chambre, du Conseil d’État, de la justice et du corps diplomatique.
Mais ces valeurs démocratiques «auxquelles nous sommes habitués […] n’ont rien d’évident», a-t-il prévenu, évoquant la guerre qui continue de faire rage aux portes de l’Europe depuis plus d’un an. «Il ne s’agit pas simplement d’une querelle territoriale, il y va de notre modèle de démocratie participative», a insisté le chef de l’État, avant de réitérer l’engagement «ferme» du Luxembourg aux côtés de l’Ukraine et son appartenance à l’Europe, tout comme l’ont fait dans leurs discours le Premier ministre, Xavier Bettel, et le président de la Chambre, Fernand Etgen. «Nous restons fermement engagés aux côtés de l’Ukraine, avec nos partenaires de l’OTAN et nos alliés européens, tout comme nous continuons à appuyer tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, luttent pour la démocratie et les droits de l’homme.»
Afin d’y arriver, nul doute que «nous devons continuer à nous fédérer au sein de l’Europe et des Nations unies, pour défendre ce cadre international qui garantit la coexistence paisible des peuples», a poursuivi le Grand-Duc Henri. Le Luxembourg, avec sa société à nulle autre pareille en termes de diversité culturelle et ethnique, porte à cet égard «une responsabilité accrue». «Nous avons appris à vivre et à travailler ensemble. C’est précisément ce qui fait la force de notre pays aujourd’hui et non pas un danger, comme certains l’affirment», a-t-il pointé.
Résister aux atteintes
Depuis l’adoption en 1848 de la Constitution, dont on célèbre cette année le 175e anniversaire, le pays a dû endurer de nombreuses épreuves, qui n’ont pas entaché sa démocratie. «Nous avons toujours su défendre et actualiser la base de nos institutions pluralistes», a ainsi déclaré le Grand-Duc. Y compris durant la crise du covid, pendant laquelle le travail parlementaire a été poursuivi, comme l’a rappelé le Premier ministre, Xavier Bettel. Trois ans et demi après les premiers cas de coronavirus, la pandémie est d’ailleurs encore dans toutes les têtes. «La pandémie est jugulée, mais nous ne l’oublierons pas. Nous n’oublierons surtout pas les nombreuses personnes qui nous ont quittés trop tôt, pas plus que ceux qui nous ont apporté leur aide en ces temps difficiles», a souligné le chef de l’État.
Mais il faut rester vigilant vis-à-vis de ce que nous considérons comme des acquis. «J’espère vivement que la résistance [dont l’œuvre de Claus Cito est le symbole] restera ancrée en nous pour nous aider à trouver les réponses aux questions auxquelles l’avenir ne manquera pas de nous confronter», avait d’ailleurs formulé un peu plus tôt le Grand-Duc, parlant de «résistance contre toute atteinte à nos libertés fondamentales, notre État de droit, notre intégrité territoriale, voire notre dignité humaine».
Le chef de l’État a par ailleurs tenu à mentionner l’importance de la Grande Région dans le «bien-être» du pays et «à rendre hommage» aux frontaliers, «qui viennent quotidiennement exercer une activité professionnelle au Grand-Duché, au prix, souvent, de longues heures de trajet, [et] contribuent de façon importante au développement de ce pays et de la région», avant d’aborder le changement climatique, saluant les efforts de tous pour économiser de l’énergie. «Le changement climatique n’est pas une fatalité, mais le résultat de notre mode de vie», a-t-il assuré, la volonté de s’écarter des énergies fossiles devant «faire consensus chez nous et partout dans le monde».
Pour conclure son discours sur une note tendre et positive, avant que ne soient entonnés les hymnes européen et national, le Grand-Duc a évoqué son dernier petit-fils, le prince François. «Notre monde doit affronter de grands défis. Mais il y a aussi de la beauté. Avec la Grande-Duchesse, nous avons accueilli cette année un nouveau petit-fils, le prince François. Quand vous tenez un bébé dans vos bras, cela vous rappelle à quel point il est important d’assumer nos responsabilités afin de laisser un monde durable derrière nous.»
Aucun intérêt de grandir si la qualité diminue