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Femmes et sciences : le compte n’est pas bon à l’Université du Luxembourg


Une campagne de sensibilisation intitulée «Women and Girls in Research» visant à encourager les femmes à s’engager dans la recherche a été lancée en février. (Photo Tania Feller)

Un quart des professeurs de l’université seulement sont des femmes. Sans surprise, le rapport est encore plus déséquilibré dans les matières scientifiques.

Sur les 267 professeurs de l’Université du Luxembourg, seulement 67 sont des femmes, soit un taux de 25 %. Un rapport encore plus déséquilibré dans les disciplines scientifiques, dites «MINT» : mathématiques, informatiques, sciences naturelles et techniques, toujours largement dominées par les hommes.

Au niveau européen, avec à peine 28 % de femmes occupant des postes de scientifiques et d’ingénieures, le Luxembourg fait figure de mauvais élève : il est bien loin derrière la moyenne européenne établie à 41,1 %, selon les données Eurostat de 2019.

Interloqués par ces piètres résultats en matière de parité, déi gréng ont interpellé la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Taina Bofferding, dans une question parlementaire (n° 6010) afin de savoir quelles solutions étaient envisagées pour corriger ce problème.

Sensibiliser les filles aux professions scientifiques

Consciente du déséquilibre, la ministre a rappelé dans sa réponse un certain nombre de mesures mises en place pour augmenter le taux des femmes dans le domaine académique et la recherche, mais aussi pour sensibiliser davantage les jeunes filles aux professions scientifiques.

Il s’agit en effet de prendre le mal à la racine en luttant entre les stéréotypes de genre – «les choix pour une formation ou une profession [étant] souvent guidés par des stéréotypes sexués», a écrit la ministre – et en incitant les jeunes filles à se tourner vers des carrières scientifiques et la recherche.

«Il est évident que les stéréotypes peuvent influencer de façon négative les choix personnels et professionnels de chacune et de chacun. Le domaine scientifique n’y échappe pas : les statistiques montrent clairement qu’il existe de grandes différences entre les pourcentages de femmes et d’hommes dans les professions scientifiques. C’est pourquoi il est imminent de lutter contre ces préjugés et d’encourager surtout les filles, dès le plus jeune âge, à s’intéresser aux sciences. La science ne connaît pas de limites et c’est ce qui la rend si passionnante !», avait déclaré Taina Bofferding lors du lancement en février dernier de la campagne de sensibilisation intitulée «Women and Girls in Research» visant à encourager les femmes à s’engager dans la recherche.

Le ministère de l’Égalité (MEGA) met à cet égard en œuvre un plan national qui prévoit de promouvoir les activités et applications du domaine de la technologie et soutient des initiatives qui ont pour but d’inciter les filles à embrasser des carrières scientifiques, technologiques et informatiques, comme «Girls in Tech», «Girls exploring Math», ou encore «Women in Digital Empowerment».

«Préférence donnée à la candidate féminine»

Pour corriger le déséquilibre actuel à l’université et atteindre un taux d’au moins 30 % de professeures d’ici à 2025, un audit a par ailleurs été mené en 2020 afin de mieux identifier les défis à relever. Cet audit a ainsi révélé que pas moins de 87 % des participantes au sondage issues du corps académique avaient la perception qu’il est plus facile pour un homme d’accéder à un poste à responsabilité que pour une femme!

À la suite de cet audit, plusieurs mesures ont été lancées, en premier lieu desquelles l’adoption d’une procédure de recrutement stipulant que «des efforts actifs» doivent être déployés pour solliciter les candidatures de femmes qualifiées. Afin de garantir l’impartialité au moment de l’évaluation des candidatures, un équilibre entre le nombre d’hommes et de femmes doit être assuré pour composer le comité de recrutement (à défaut de parité…) et «le président des comités de recrutement doit accepter de suivre la formation nécessaire à l’activité d’évaluation, notamment sur la diversité, l’égalité des sexes et les préjugés inconscients».

Par ailleurs, au moins une candidate qualifiée doit être invitée aux entretiens. En l’absence de profil adéquat, un rapport d’évaluation devra justifier de manière détaillée pourquoi cela n’a pas été possible. Des mesures correctives pourront être décidées par le recteur, comme soumettre un nouveau poste de profil révisé par exemple.

Un mentorat pour soutenir l’avancement des femmes

Autre mesure phare : dans les départements où moins de 30 % des professeurs sont des femmes, «la préférence doit être donnée à la candidate féminine, en cas de qualifications égales des candidats».

L’université a en outre adopté en 2021 une politique d’égalité du genre et va mettre en place un plan quadriennal 2022-2025. Dans ce cadre, un programme de mentorat doit voir le jour afin de soutenir l’avancement des femmes dans les postes de professeures ainsi qu’«éventuellement» un programme de chaires d’excellence pour jeunes professeures.

«De plus, l’université prévoit de solliciter le soutien de plusieurs fonds européens ainsi que du Fonds national de la recherche afin de lever des fonds pour des postes supplémentaires et attirer d’excellentes professeures», a conclu la ministre Taina Bofferding.

2 plusieurs commentaires

  1. Isabelle Muller

    Des femmes compétentes travaillent à Uni. Ce sont les critères de promotion qui sont obscures.

  2. Toute mesure de discrimination positive est une sottise. Seule la compétence doit primer sur tout le reste (genre, couleur de peau ou autre).
    Les mathématiques ouvrent des voies royales et bien rémunérées. Si les jeunes filles préfèrent étudier la psychologie ou aautre voie sans issue et stagner dans des filières sans avenir, c’est leur choix. Qu’elles ne viennent pas se plaindre après!