Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le réseau du tram sera étendu, à l’horizon de 2035, vers Kirchberg-Nord, Hollerich, Luxembourg-Ouest et Belval. La Tram ASBL salue l’ambitieux projet et veut croire au timing fixé.
Des travaux d’Hercule s’annoncent dans les années à venir sur le réseau de tram, qui circule actuellement encore sur un tracé limité entre le Kirchberg (Luxexpo) et la gare centrale de Luxembourg. À partir de septembre, la ligne existante sera prolongée jusqu’à Bonnevoie, pour arriver début 2024 à l’aéroport de Luxembourg et fin 2024 à la Cloche d’or.
Il aura fallu des décennies pour achever, en décembre 2017, le tout premier tronçon entre Luxexpo et le pont rouge. «Nous avons commencé à promouvoir le tram en 1991. En 1999, un premier projet pour ramener le tram à Luxembourg a été enterré. Après la relance en 2004, il a encore fallu attendre plus de dix ans avant de voir enfin le tram rouler», se remémore René Birgen, secrétaire général de la Tram ASBL.
«L’inauguration fin 2017 a constitué un moment de joie, même si nous, en tant que petite association, n’y avons contribué que de manière limitée», poursuit-il. Aujourd’hui, le tram est un franc succès. «J’ai dû me battre pour enfin pouvoir lancer les travaux en 2013. Aujourd’hui, je suis submergé de demandes. Tout le monde veut avoir sa ligne de tram», souligne, de son côté, le ministre de la Mobilité, François Bausch.
«Le timing est réaliste»
Il y a deux semaines a été présenté le Plan national de mobilité (PNM), avec à la clé une extension substantielle du tram vers Kirchberg-Nord, Hollerich, Luxembourg-Ouest et Belval.
Le ministre Bausch se veut très clair : «Il est très ambitieux de réaliser en treize ans à peine ce projet extrêmement ambitieux, mais il est réalisable. Nous devons faire preuve de courage, sans quoi le pays risque la paralysie.»
Le PNM annonce la cadence à suivre : «Pour pouvoir mettre en service ces extensions à l’horizon 2035, il faudra accélérer le développement du réseau à 2 à 3 km par an par rapport aux 1,5 à 2 km par an réalisés pendant la période 2016 à 2021.»
Un timing réaliste ? «J’ai toujours dit qu’un tracé est plus rapidement construit que la décision politique prise. Si la volonté d’aller de l’avant est présente, je pense bien que le timing est réaliste», répond René Birgen.
Le PNM identifie le tram comme mode de transport performant pour relier les deux grands pôles urbains du Grand-Duché : la Ville de Luxembourg, avec sa ceinture suburbaine, et Esch/Belval. Quelque 49 % des déplacements se trouvent à l’origine ou vont à destination de l’agglomération Centre. Le Sud et Belval génèrent 28 % des déplacements.
De Cloche d’or à Belvaux en 2028
Pour répondre à ce besoin de mobilité, un rôle majeur sera occupé par le tram rapide qui doit circuler, au mieux à l’horizon 2028, entre la Cloche d’or et Belvaux, en passant par Leudelange, Esch-Nord et Belval.
Le tracé, long de 17,5 km, dont 10 km à une vitesse de 100 km/h, va desservir 13 arrêts et 5 nouveaux pôles d’échanges. Le temps de parcours sera de 14 minutes entre la Cloche d’or et le futur quartier sur les friches d’Esch-Schifflange et de 26 minutes jusqu’à Belval.
«Tout nouveau tracé est positif. Néanmoins, je reste d’avis qu’une connexion ferroviaire classique en direction du Sud aurait aussi pu être intéressante. Une décision politique a été prise. Il faut donc aimer ce que l’on a», fait remarquer René Birgen. Il plaide toutefois pour ajouter des arrêts à Leudelange-Centre et à Pontpierre, d’autant plus que «les atouts du tram sont la cadence, la circulation en site propre et le confort qu’il offre».
«L’automobiliste devra céder de l’espace»
À Luxembourg, un nouveau pôle d’échanges central, gare ferroviaire comprise, doit être aménagé à Hollerich (route d’Esch). Le tram arrivera depuis la gare centrale, passera par le futur quartier résidentiel avant de continuer vers la Cloche d’or. «La capitale va alors disposer de 4 gares performantes», souligne François Bausch.
Un autre tracé du tram va plonger depuis Hollerich vers le P&R Bouillon et le futur P&R Ouest, le long de l’A6.
La route d’Arlon (CHL) et le futur quartier Stade seront connectés depuis ce même P&R Ouest. «Il est positif de voir au Kirchberg et également route d’Arlon que l’infrastructure de mobilité est planifiée avant la réalisation de ces nouveaux quartiers résidentiels», souligne René Birgen. Néanmoins, cela risque de coincer un peu route d’Arlon. Je ne suis pas ingénieur, mais il me semble clair que si la demande existe pour avoir le tram, les automobilistes devront céder de l’espace.»
Le secrétaire général de la Tram ASBL propose d’envisager des tracés supplémentaires dans la Nordstad (Bissen-Diekirch-Gilsdorf), mais aussi à Dudelange. Actuellement, le PNM vise comme seule option d’extension supplémentaire celle vers Mamer.
LIGNE JAUNE Cette nouvelle ligne doit traverser – à l’horizon 2035 – les nouveaux quartiers d’envergure au Kirchberg et à Hollerich. Elle passera par Kirchberg-Nord avant de basculer sur le tracé déjà existant jusqu’à la gare centrale, pour ensuite plonger en direction de Hollerich, P&R Bouillon et P&R Ouest (A6). Elle desservira 5 PE.
LIGNE BLEUE Une autre ligne doit relier les futurs P&R Ouest, PE CHL et quartier Stade (route d’Arlon) au centre-ville (Hamilius) et au Kirchberg (Luxexpo). Après 2035, un axe Étoile-Mamer est à envisager.
LIGNE MAUVE Le tram rapide (100 km/h entre Leudelange et Foetz) doit relier, à l’horizon 2030, Belvaux, Belval, Esch-Nord, Esch-Schifflange et l’aéroport de Luxembourg (Findel), en passant par la Cloche d’or, le PE Hollerich (route d’Esch) et le tronçon Gare-Luxexpo. Après 2035, un nouvel axe direct Hollerich-Étoile est à envisager.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on écarte les villes frontalières d’Audun-le-Tiche et de Villerupt du réseau ferroviaire respectivement du réseau de tram rapide. Les habitants de ces villes sont-ils des citoyens de deuxième classe ?