Choisi «à l’unanimité» pour représenter le Luxembourg à la Biennale d’architecture de Venise, le projet Down to Earth se penche sur le «space mining».
Le futur a déjà commencé : une nouvelle course à l’espace est en cours, qui concerne l’extraction des minerais et matériaux hors des frontières de notre planète. Une conquête qui a un nom, le «space mining» – l’exploitation minière de l’espace –, et dans laquelle le Luxembourg veut montrer qu’il a, lui aussi, un rôle à jouer.
Mais entre spéculations et porte ouverte sur l’avenir, le «space mining» soulève bien des questions, bientôt au cœur du projet Down to Earth, choisi pour le Pavillon luxembourgeois à la 18e Mostra d’architecture à la Biennale de Venise, à partir du 20 mai prochain.
Porté par Francelle Cane et Marija Marić, deux architectes, chercheuses et curatrices intéressées par la question des ressources et l’écologie des sols, le projet propose une analyse critique du «space mining» à travers les différentes questions relatives aux ressources et à leur exploitation.
«Au cours du siècle dernier, nous sommes devenus toujours plus dépendants de l’extraction des ressources terrestres», jusqu’au point de crise, explique Marija Marić. «Le « space mining » est arrivé comme une réponse à cette crise des ressources», poursuit-elle, précisant qu’il s’agit là d’un «tourment planétaire que nous partageons tous».
Voyage sur la Lune
Pour Marija Marić, la pertinence du projet est en lien avec la place du Luxembourg «parmi les leaders de cet intérêt nouveau pour l’espace», mais le duo cherche surtout à souligner une urgence qui dépasse les frontières : celle de «l’impact que pourrait avoir un tel changement sur notre manière d’appréhender les notions de territoire, de ressources et de biens communs», à travers les thèmes de logique capitaliste, de privatisation de l’espace ou encore du travail.
Pour cela, le meilleur moyen est d’embarquer pour un voyage sur la Lune, ce que Francelle Cane et Marija Marić vont permettre en transformant le Pavillon luxembourgeois de la Biennale d’architecture en «Lunar Laboratory», du nom de ces «maquettes de la Lune» à échelle réelle où l’on teste les différentes technologies d’extraction minière.
«Notre laboratoire lunaire est construit selon les véritables normes et dimensions», rover compris, précise Francelle Cane. À ceci près que le public pourra déambuler dans l’espace et avoir ainsi accès aux différents éléments de l’exposition.
Un film documentaire
Les curatrices complètent le projet par un film documentaire, réalisé avec le photographe Armin Linke – «qui a déjà travaillé sur ces questions et qui connaît très bien le sujet», selon Francelle Cane –, un atelier sur l’histoire des matériaux et de leur exploitation, et un ouvrage de textes et de photographies.
Avec la question écologique en ligne de mire, Francelle Cane souligne que «ce projet devait être durable et sans impact sur l’empreinte carbone». «Nos matériaux proviennent à 90 % de la région Vénétie et, au démontage, la Biennale de Venise a mis en place un système de recyclage et de réutilisation des matériaux, vers lequel nous nous tournerons.»
Et conclut : «Bien sûr, cela dépendra aussi du futur de l’exposition.» De quoi laisser entendre que cette mission pourrait atterrir plus tard au Luxembourg?
Du 20 mai au 25 septembre.
Arsenale – Venise.
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