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Expogast et les vignerons : «Certains jouent le jeu, mais…»


Les vignerons regrettent la faible proportion des vins locaux sur certaines cartes, mais ils constatent aussi un regain d’intérêt depuis la pandémie. (Photo : erwan nonet)

Les vignerons Luc Duhr et Carole Bentz participeront tous deux à Expogast, qui débute ce samedi. Ils évoquent l’étroite relation entre le vin luxembourgeois et la gastronomie.

Les liens avec la gastronomie

Une bonne assiette va de pair avec un bon vin, cela va de soi. Les vignerons apprécient donc particulièrement d’être présents sur les cartes des vins de belles adresses. «Les restaurants sont des lieux parfaits pour découvrir nos vins : il y a une belle ambiance, un cadre chaleureux, on y passe des moments conviviaux et on les boit avec des mets qui les mettent en valeur», souligne la vigneronne Carole Bentz (Domaine Claude Bentz, à Remich). Ce temps de plaisir débouche parfois sur de belles surprises, «très récemment, deux personnes différentes qui ont découvert nos vins dans deux restaurants différents sont passées au domaine pour acheter les bouteilles qu’elles avaient bues lors d’un bon repas. Cela fait plaisir!», sourit-elle.

Luc Duhr (Clos Mon Vieux Moulin, à Ahn) souligne aussi l’importance de la restauration : «La gastronomie doit nous aider à faire connaître nos vins, je considère les restaurants comme des partenaires. Certains jouent le jeu et présentent une très belle carte de vins luxembourgeois, mais ce n’est malheureusement pas le cas partout. Il y a encore trop de restaurants qui proposent 80 % de vins étrangers. Il n’y a que chez nous que l’on voit ça! Si vous allez en Bourgogne, en Provence, en Toscane ou le long du Rhin, vous aurez la proportion inverse.»

Une bascule après la pandémie

Si les deux vignerons regrettent le peu d’intérêt que leur portent certaines tables, ils relèvent toutefois une nouvelle dynamique encourageante depuis que l’on est sorti de la période covid. «Je crois que les messages portés pour promouvoir la consommation de produits locaux ont eu un effet positif pour nous aussi, relève Luc Duhr. J’espère que ça va rester une habitude, que ce n’est pas juste une tendance.»

Si la pandémie a eu un côté positif, c’est bien celui-là

Luc Duhr et Carole Bentz ont reçu plus d’équipes de salles de restaurants que jamais ces derniers mois. «Deux belles maisons viennent de nous rendre visite pour découvrir nos vins, notre cave et nos vignes», apprécie Luc Duhr. Carole Bentz a aussi accueilli plusieurs chefs accompagnés de leurs sommeliers ces dernières semaines. «Nous prenons le temps de tout leur montrer avec grand plaisir parce qu’ils pourront ensuite expliquer notre travail à leurs propres clients, d’où vient le vin qu’ils vont boire. Ceux-là vont jouer parfaitement le rôle d’ambassadeurs, cette plus-value est essentielle. Jamais nous n’avons vu autant de chefs et de sommeliers chez nous depuis ces derniers mois. Si la pandémie a eu un côté positif pour nous, c’est bien celui-là.»

Les best-sellers dans l’Horeca

«Chez nous, le riesling et le pinot gris sont très demandés, assure Carole Bentz. Mais l’auxerrois commence aussi à intéresser. Nous sommes également très fiers du succès de notre crémant. Les premières bouteilles ne sont sorties qu’en 2021, mais il a déjà très apprécié. À tel point que nous n’en avons pas assez alors que nous avons augmenté la production… Ce qui fait plaisir, c’est que les restaurateurs n’en discutent pas le prix. Même s’il est plus cher que la moyenne, ils reconnaissent sa qualité et le travail qu’il y a derrière.»

Chez Luc Duhr aussi, les vins qui ont la cote dans les restaurants sont plutôt ceux situés dans la moyenne gamme et la haute gamme. «Classiquement, notre riesling Palmberg et notre pinot gris Göllebour sont les favoris de la gastronomie. Mais nous voyons aussi que notre chardonnay et notre pinot noir plaisent, bien qu’ils soient plus chers. Ce sont des vins de niche, il n’y en a pas beaucoup au Luxembourg mais il y a une clientèle prête à se les offrir. A contrario, nous avons aussi des petites brasseries qui prennent du pinot blanc ou notre rosé Molaris, meilleur marché, pour le servir au verre. Notre avons une large gamme avec des prix qui peuvent satisfaire beaucoup de demandes.»

Le prix, un frein?

Les restaurateurs disent parfois que leurs clients rechignent à choisir les vins luxembourgeois parce qu’ils connaissent le prix de la bouteille achetée au domaine et font un blocage devant la somme inscrite sur la carte des vins. Un argument que reçoit Luc Duhr, mais qui ne le convainc pas vraiment : «Les gens préfèrent parfois acheter 50 euros une bouteille d’un vin dont ils n’ont jamais entendu parler plutôt qu’une bouteille luxembourgeoise qu’ils apprécient parce qu’elle en coûte 40 et que c’est trop cher… J’ai tout de même remarqué lors de la Fête des Vins et Crémants (NDLR : le week-end dernier au Glacis) que plusieurs personnes ont trouvé que notre rapport qualité-prix était excellent. Tout est relatif.»

Expogast, un rendez-vous attendu

Le salon qui débute ce samedi et se prolonge jusqu’à mercredi a le mérite de rassembler les vignerons et les restaurateurs, ce qui est précieux. «C’est un rendez-vous que j’apprécie, il est toujours intéressant de retrouver les restaurateurs, estime Luc Duhr. En général, on ne conclut pas de grosses ventes mais on en profite pour se donner rendez-vous un peu plus tard, au calme.»

Le domaine Claude Bentz n’a jamais fait beaucoup de publicité, mais depuis que Carole a rejoint son père, il a beaucoup gagné en visibilité. Ce sera son premier Expogast : «Je me suis décidée en dernière minute, lors de la Fête des Vins et Crémants! J’espère rencontrer des restaurateurs qui ne nous connaissent pas encore et aussi fortifier les relations avec ceux qui connaissent mon père, mais pas moi. Je m’attends à une clientèle très différente de celle de la Fête des Vins et Crémants, et si je pouvais conclure quelques nouveaux partenariats, j’en serais très heureuse!»

Infos pratiques

Expogast à Luxexpo The Box, 10 circuit de la Foire internationale, Luxembourg-Kirchberg. Du samedi 26 au mercredi 30 novembre. Entrée gratuite entre 11 h et 13 h et payante de 13 h à 21 h. Ticket 1 journée : 12 euros (électronique, sur www.expogast.lu) ou 14 euros sur place. Formule 5 jours : 35 euros (électronique, sur www.expogast.lu) ou 45 euros sur place.