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Explosion des demandes de logements abordables : plus de 5 500 familles en attente


Globalement, 39,1 % des candidats en 2023 préféreraient s’installer dans le centre ou le sud du pays.

Les listes d’attente pour obtenir un logement abordable ne cessent de grossir. Quel est le profil de ces familles qui attendent de pouvoir se loger ? L’Observatoire de l’habitat a livré son analyse.

L’offre actuelle de logements en location abordable au Luxembourg est largement insuffisante pour répondre à une demande toujours croissante. La faute au foncier, qui reste la source majeure de l’augmentation des prix des logements dans le pays. Un problème qui n’est pas nouveau, mais qui, à quelques mois des élections législatives, ressurgit, notamment à travers une note de l’Observatoire de l’habitat diffusée ce mardi.

Celle-ci dresse le profil type des «candidats-locataires» présents sur les listes d’attente des différents bailleurs sociaux du pays et établit un premier constat : le nombre de demandeurs ne cesse d’augmenter ces dernières années. À la fin du mois de mars 2023, 5 555 familles étaient inscrites sur la liste d’attente auprès du Fonds du logement, contre 3 883 au début de l’année 2021, soit une hausse de 43,1 %.

Une explosion de la demande qui peut s’expliquer notamment par l’augmentation des taux d’intérêt et les exigences plus strictes du secteur bancaire pour l’obtention d’un prêt hypothécaire. «L’arrivée continue d’un grand nombre de nouveaux résidents au Luxembourg crée aussi une forte demande dans le secteur locatif», pointe l’Observatoire de l’habitat. Par conséquent, la concurrence entre les personnes à la recherche d’un logement locatif a augmenté : «Cela peut aussi être vu comme un signe que l’exclusion des ménages les plus précaires du marché privé s’aggrave», ajoute l’Observatoire de l’habitat.

Trois types de ménages représentent en effet près de trois quarts des candidats-locataires : les personnes seules (35,1 %), les familles monoparentales (22,7 %) et les familles nombreuses (16,8 %). Ces dernières rencontrent d’ailleurs davantage de difficultés pour trouver un logement adapté à leur taille et tendent donc à rester plus longtemps sur la liste d’attente.

De plus en plus d’«enfants adultes»

Mais ce sont surtout les plus jeunes qui souffrent de ce manque de logements : la part des personnes âgées de 28 à 35 ans a augmenté de 9,7 % en seulement deux ans. Même chose pour les jeunes de 19 à 27 ans. Une tendance qui peut être liée au «désir de cohabiter» et au fait qu’ils rencontrent de plus en plus de difficultés pour trouver un logement sur le marché privé luxembourgeois.

Un phénomène qui pousse surtout de nombreux jeunes actifs à rester au domicile parental. «Près de 7 % des ménages qui demandent un logement en location abordable sont composés d’enfants déjà adultes, qui ne sont normalement plus à charge du ménage, car ils sont soit salariés, actifs sur le marché de l’emploi ou déjà entrés en vie professionnelle», souligne l’Observatoire de l’habitat, qui questionne : «Pourquoi ces « enfants-adultes » sont inclus dans une demande de logement abordable? Est-ce qu’ils souhaitent vivre ensemble? Est-ce qu’ils décident d’habiter ensemble pour partager plus facilement le coût du loyer?».

Nul doute que la flambée des prix de l’immobilier empêche bon nombre de jeunes de se lancer dans une location, surtout lorsqu’il faut consacrer au moins 30 % de son budget mensuel pour couvrir son loyer. Là aussi, l’Observatoire de l’habitat note que près de 20 % des candidats-locataires les moins aisés touchent moins de 1 400 euros par mois et 90 % d’entre eux, moins de 2 200 euros… Beaucoup tentent donc des alternatives, comme louer un logement à contrat à durée déterminée auprès d’une ASBL (ils sont actuellement 37,6 % à opter pour cette solution) ou encore rester dans un logement non adapté (ce qui est le cas de 44,5 % des profils) en attendant de trouver mieux à moindre prix.

Finies les préférences résidentielles

La détérioration de l’accès au logement entraîne progressivement l’abandon des préférences résidentielles. Si, en 2021, 28,3 % des familles en attente de logement abordable étaient prêtes à habiter un logement situé dans n’importe quelle région du pays, ce taux est monté à 36,8 % en 2023.

Une augmentation qui peut s’expliquer par la proportion plus importante de personnes sans emploi parmi les candidats-locataires ou encore par le nombre de bénéficiaires de protection internationale, qui «ne sont peut-être pas encore familiers avec le pays et n’ont donc pas de préférences spécifiques en matière de localisation», appuie l’Observatoire de l’habitat.

Globalement, 39,1 % des candidats en 2023 préféreraient s’installer dans le centre ou le sud du pays : des régions qui demeurent très attractives grâce à leur proximité avec les principaux bassins d’emploi, mais qui restent également les plus chères dans le milieu immobilier.

Bientôt 20 % de logements abordables?

Entre 2020 et 2022, cinq grands projets ont été votés à la Chambre des députés pour une enveloppe totale de près d’un milliard d’euros. Elle servira à la réalisation de 3 500 logements à terme. Cinq autres projets d’envergure sont projetés en 2023, ce qui portera à 1 000 le nombre de logements abordables supplémentaires.

«Mon objectif est de créer un stock d’au moins 20 % de logements abordables, publics et durables. Si autant de logements sont en main publique, cela aura un effet global positif sur les prix de tous les logements. La pression sur le marché sera relâchée et facilitera le droit au logement pour toutes les classes de revenu», a souligné, il y a quelques jours, le ministre du Logement, Henri Kox.

La mise en œuvre de la «Stratégie nationale du logement abordable» prévoit également la création d’un «registre national des logements abordables», qui doit permettre d’avoir une vue complète et systématique des besoins dans ce domaine et permettra de «réaliser des études dans le temps et de suivre ainsi son évolution».

Ce registre doit aussi permettre d’éviter les doublons dans les demandes des locataires, en proposant une inscription unique. Les critères d’attribution des logements abordables seront alors «uniformisés et basés sur des preuves objectives, comme la résiliation de bail».

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