Face aux migrants, les pays de l’UE sont partagés entre volonté d’accueillir et de réprimer. À l’occasion des élections européennes, Le Quotidien s’est penché sur ce que les candidats luxembourgeois proposent en matière d’immigration. Le sujet est moins «instrumentalisé» au Grand-Duché que dans d’autres pays où il sert de ferment à l’extrême droite.
Ils sont partis du port libyen de Zouara à la nuit tombée, le jeudi 9 mai. Ils étaient quelque 75 embarqués sur un bateau. À quelques encablures de la côte, les passeurs les ont transférés sur un canot pneumatique. Il était bien trop petit pour les contenir tous. Il a chaviré et «un à un ils ont lâché, ils sont partis sous l’eau, un à un», témoigne Ahmed, l’un des 16 survivants du dernier naufrage connu d’un bateau de migrants en Méditerranée. La plupart des passagers étaient originaires du Bangladesh, où le changement climatique aggrave les conditions de vie déjà misérables des habitants. Ils avaient parcouru des milliers de kilomètres, versé entre 15 000 et 20 000 dollars à des passeurs, subis des traitements inhumains en Libye. La plupart voulaient rejoindre le Royaume-Uni avant que les flots ne les engloutissent.
Ce drame n’a pas fait les gros titres des médias. Les naufrages de migrants en Méditerranée ne font plus les gros titres. Ils sont devenus d’une funeste banalité. «À l’avenir, il y a de bonnes chances qu’on n’ait plus connaissance du tout des naufrages puisque la mission européenne Sophia de lutte contre les trafics de migrants vient de stopper ses opérations de sauvetage en mer tandis que les ONG sont empêchées de travailler», prédit Christophe Hebting, en charge de la communication de MSF Luxembourg. «C’est en totale contradiction avec le droit international.»
Le bilan, pourtant, est déjà lourd : depuis 2014, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) comptabilise 18 826 candidats à l’exil ayant péri en tentant de traverser la Méditerranée, dont 508 depuis le début de cette année. Ces morts symbolisent l’échec de l’Union européenne à faire face à l’immigration africaine, moyen-orientale et asiatique, un défi pourtant majeur pour les Européens dans les décennies à venir, alors que conflits, désastres environnementaux et indigence économique se multiplient et s’aggravent. L’Union européenne porte sa part de responsabilité dans cette instabilité, ne serait-ce que par les échanges de libre commerce qui asphyxient les paysans du Sud.
«Une crise de l’accueil»
«Il n’y a jamais eu de crise des migrants en Europe, il y a une crise de l’accueil», tranche Sergio Ferreira, porte-parole de l’ASTI, signifiant ainsi la responsabilité européenne dans ce drame qui avait pris une acuité particulière en 2015, quand des centaines de milliers de Syriens fuyant la guerre ont voulu trouver refuge en Europe. La Grèce était alors en première ligne, tout comme ont pu l’être et le sont toujours l’Italie et l’Espagne.
Les accords de Dublin obligeant le pays d’entrée des réfugiés à traiter leur demande d’asile, Athènes s’était vite trouvée dépassée. À Bruxelles, Jean-Claude Juncker, à la tête de la Commission européenne, avait proposé avec l’appui du Luxembourg, qui assurait alors la présidence tournante de l’UE, de répartir le fardeau. L’idée était de relocaliser les réfugiés dans divers États membres en fonction de critères prenant en compte le PIB, la démographie ou le taux de chômage des pays.
Cette solution s’était immédiatement heurtée à l’hostilité de pays de l’Est, au premier rang desquels la Hongrie de Viktor Orban, refusant de jouer le jeu de la solidarité européenne en brandissant la menace d’une submersion islamique. C’est finalement l’Allemagne d’Angela Merkel qui avait accueilli à elle seule près d’un million de déplacés.
La question de la répartition des migrants reste aujourd’hui dominante dans le débat et divise toujours les pays de l’UE. Depuis 2015, les flux ont ralenti et l’an dernier, ils n’étaient plus que 150 000 migrants à gagner l’Europe, selon Frontex. Ce tarissement ne doit rien à une amélioration de la situation dans les pays d’origine mais avant tout aux accords passés par les Européens avec la Turquie et la Libye. En contrepartie d’aides financières, ces pays retiennent les migrants sur leur territoire, dans un contexte parfois très brutal comme en Libye où ils sont détenus dans d’atroces conditions, violés, réduits en esclavage. Au vu et au su des Européens.
«Urgence immédiate»
«Depuis que les combats ont repris à Tripoli, la situation est tragique car les migrants ne peuvent pas fuir les centres de détention qui se trouvent parfois sous le feu des combattants», constate Christophe Hebting. «Nous sommes des humanitaires et pour nous il y a une urgence immédiate à leur venir en aide tout comme il faudrait reprendre les opérations de sauvetage en mer car les gouvernements se dérobent totalement à leur responsabilité», s’alarme le représentant de MSF. Sous pression du gouvernement italien d’extrême droite notamment, MSF et d’autres organisations ont été contraints de suspendre les recherches en Méditerranée.
«Quand il y a quelques années on disait que l’Europe se transforme en forteresse, on nous riait au nez», se souvient Sergio Ferreira. «Les politiques sont dans un déni de réalité face aux migrants, l’Union européenne s’est déresponsabilisée», poursuit le porte-parole de l’ASTI qui plaide pour la création de voies légales de migrations ou en faveur d’un fonds européen destiné aux collectivités locales pour financer l’intégration des migrants.
Mais Sergio Ferreira est pessimiste et ne voit pas de changements à l’horizon des élections européennes de dimanche : «Le Parlement joue un rôle souvent positif, mais le problème se pose au niveau du Conseil européen. Les chefs d’État et de gouvernement sont en permanence dans des calculs tactiques par rapport à leurs électorats.»
Double discours des grands partis
Cette dichotomie entre l’humanisme affiché et la réalité de l’action se retrouve en partie dans les programmes électoraux des candidats luxembourgeois au Parlement européen (lire ci-dessous). C’est particulièrement vrai chez les grandes formations qui alternent propositions généreuses et promesses de plus grande fermeté, de renforcement, voire de militarisation, des frontières extérieures. Il s’agit de ménager la chèvre et le chou dans un contexte de percée des nationalismes en Europe. C’est ignorer que les adeptes de l’extrême droite s’en laissent rarement détourner.
Les programmes entretiennent aussi un certain flou, évoquant dans un même ensemble migrants économiques ou climatiques et demandeurs d’asile, des termes qui recouvrent des réalités pourtant juridiques bien définies.
En tout état de cause, «le propos sécuritaire et négatif domine dans un monde politique en permanence dans la justification. Les politiques présentent les migrants comme un problème alors que le problème est avant tout leur manque de courage», observe encore Sergio Ferreira. Il relève la répétition de mots tels que «appel d’air» ou «blocage» dans la rhétorique politique. «Il faut être lucide : l’immigration est une chance pour l’Europe en perte démographique, les bénéfices économiques sont réels.»
Au Luxembourg, des partis voient bien l’avantage à drainer vers l’Europe les personnes les mieux formées. Mais cette vision sélective contredit la volonté, unanimement exprimée, de développer économiquement les pays d’origine afin que leurs habitants ne soient pas tentés par l’exil. Cette vision est aussi l’héritière de réflexes colonialistes par lesquels les pays occidentaux perpétuent la mécanique du pillage des pays du Sud, fut-il celui des «cerveaux».
Selon l’ASTI, les programmes des partis luxembourgeois ne «présentent rien de neuf, mais au moins il n’y a pas d’instrumentalisation… le pays est bien plus préoccupé par la fiscalité européenne».
Pas d’indignation contre Salvini
Pour Sergio Ferreira tout comme pour Christophe Hebting, la question des migrations pose celle «des valeurs européennes». En 2015, les pays de l’UE s’étaient sans trop de mal coalisés contre la Grèce pour infliger à son peuple une aride cure d’austérité quand la dette du pays atteignait des sommets.
Rien de semblable ne s’est produit il y a quelques jours lorsque le ministre italien d’extrême droite Matteo Salvini a présenté une loi qui punira de 3 500 à 5 500 euros d’amende par migrant arrivé en Italie pour tout navire de secours. L’argent fait l’unanimité, pas l’humain.
Pour l’UE cabossée de toutes parts, les chantiers et défis sont énormes et nombreux. Le sujet migratoire est cependant central car il pose la question de la place de l’humain. La façon dont nous y répondrons dira beaucoup de ce que nous sommes, de ce que nous voulons être, de quel monde nous voulons construire.
Fabien Grasser
Dans le programme des partis
Liste 1. DP : les frontières d’abord
La partie consacrée aux migrations est en page 18 d’un programme qui en compte 20. Le DP constate d’abord les vues divergentes des Européens sur la question et dénonce nommément la Pologne et la Hongrie qui s’opposent à l’accueil des réfugiés et refusent le principe de la solidarité européenne dans leur accueil. Les libéraux observent également l’opposition des opinions publiques à l’accueil des réfugiés dans les pays dont les gouvernants appliquent les politiques les plus généreuses. Selon le DP, seule une approche commune permettra à l’UE d’apporter une réponse au phénomène des migrations. Ces observations faites, les candidats libéraux avancent deux propositions : des frontières extérieures mieux protégées, supposant un effort logistique et budgétaire de la part des États membres; l’application d’une «clé de répartition démographique» obligeant les États membres à accueillir des quotas de réfugiés.
L’adoption de ces deux mesures aurait, selon le DP, permis d’éviter la crise des réfugiés et la montée de l’extrême droite dans plusieurs pays européens. Le DP pense que le Luxembourg doit contribuer à convaincre ses partenaires européens de mettre leurs moyens en commun. Le programme ne parle que de réfugiés et non de migrants au sens plus large, économiques et climatiques, les deux premières causes des migrations. En matière de «développement», il n’avance pas de proposition précise, mais encourage les autres pays européens à faire comme le Luxembourg en consacrant au moins 0,7 % de son RNB à l’aide publique au développement (le Grand-Duché en consacre 1 %).
Liste 2. Piraten : faciliter l’accueil
L’asile est un droit, rappellent le Parti pirate dans son programme qui s’inscrit dans une logique d’ouverture et de générosité sur la question migratoire. Une bonne politique d’asile commence par une bonne politique étrangère, juge le parti qui invite l’UE à s’engager à la résolution des conflits mais aussi à garantir un développement économique, un renforcement de l’éducation et de la santé dans les pays d’émigration.
Plaidant au niveau national pour la création d’un ministère de l’Accueil, les pirates avancent de nombreuses propositions concrètes en direction des migrants : le droit au travail pour les demandeurs de protection, la décentralisation vers les communes de l’hébergement des réfugiés, une accélération de l’examen des demandes de protection et l’octroi automatique du statut de réfugié si la demande n’a pas a été traitée au bout d’un an ou encore la facilitation du regroupement familial. Ils se disent aussi en faveur de l’octroi du statut de réfugiés aux membres de la communauté LGTB et aux lanceurs d’alerte.
Liste 3. Déi Konservativ : a minima
La question migratoire est une priorité politique pour Déi Konservativ qui, sans surprise, militent pour un accueil a minima. Le parti estime qu’il faut être beaucoup plus restrictif dans l’attribution du droit d’asile qui, selon lui, se caractérise par des abus et des fraudes masquant une immigration illégale. Prônant une stricte application du règlement Dublin III, il juge que l’asile ne peut être accordé que pour un temps donné, qu’il ne doit pas permettre l’accès à des prestations sociales et qu’il est indissociable de mesures de reconduites. Préconisant un renforcement des frontières extérieures et une militarisation accrue de la Méditerranée pour lutter contre les flux, le parti plaide aussi pour des contrôles frontaliers au sein de l’espace Schengen. En matière de développement, Déi Konservativ exigent notamment la fin du «colonialisme financier» et plaident pour une aide qui préserve les intérêts du Luxembourg, qui selon eux consacre trop d’argent à cette question.
Liste 4. KPL : mauvais accords
Pour cette campagne électorale, le Parti communiste luxembourgeois (KPL) n’a pas publié de programme à proprement dit, mais un «Appel pour les élections européennes». La question des migrations et du développement y est longuement abordée. Le parti constate d’abord qu’en matière d’immigration, l’UE est incapable de faire face et ne fait que de se payer de bons mots lorsqu’elle prétend combattre les causes des migrations. Selon le KPL, le soutien politique de l’UE à des tentatives de renversement de régimes au Venezuela et en Syrie ainsi que son interventionnisme militaire en Afrique sont des causes d’émigration.
Les communistes plaident pour la fin de la «forteresse Europe» et la mise en place de règles communes à tous les États membres pour l’accueil des migrants. En matière de développement, le KPL demande la suppression de tous les accords qui permettent à l’UE d’imposer ses produits aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique tout en pillant leurs matières premières, des mécanismes qui maintiennent ces pays dans leur état de sous-développement.
Liste 5. Déi Lénk : dignité humaine
Déi Lenk lie la question des migrations à celui de la démilitarisation de l’Europe, exigeant notamment que soit mis fin aux ventes d’armes aux pays en guerre et aux dictateurs, les conflits et le non-respect des droits humains étant une des causes des migrations. En toute logique, le parti de gauche demande que soit mis fin à l’approche sécuritaire qui prévaut sur cette question et à la militarisation du contrôle des flux. Partisane d’une politique d’accueil orientée vers le respect de la dignité humaine, dei Lénk décline une série de propositions allant de la création de couloirs humanitaires pour les réfugiés qui veulent gagner l’Europe à la régularisation des sans-papiers après six mois de résidence, en passant par le droit au regroupement familial ou à la création de centres de réception pour les réfugiés en lieu et place des actuels centres de rétention. L’obligation de secourir les migrants en Méditerranée et de protéger les ONG qui assurent les sauvetages figurent au programme de déi Lénk qui préconise également la fermeture des dispositifs bloquant les migrants dans des situations parfois tragiques en Turquie et en Libye, deux pays à qui l’UE «sous-traite» la question migratoire. Comme la plupart des autres partis, la gauche veut une lutte plus efficace contre les passeurs et se prononce pour une réforme des accords de Dublin afin que l’effort de l’accueil ne repose pas sur les seules épaules de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne.
Déi Lénk établit une relation directe entre les migrations et les «accords d’échange inégal» entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dont il demande l’abolition pour les remplacer par un codéveloppement qui permettra aux populations des pays pauvres de travailler et demeurer dignement dans leurs pays.
Liste 6. Volt : solidarité obligatoire
Mouvement politique paneuropéen et résolument pro-européen né en 2017, Volt est favorable à une politique migratoire commune de l’UE, «seule solution envisageable et efficace». Outre la «Déclaration d’Amsterdam» qui sert de référence programmatique au parti, les candidats de Volt Luxembourg se sont exprimés sur la question migratoire en répondant à un questionnaire adressé par l’ASTI à tous les partis. Volt est pour une réforme du règlement Dublin III afin de permettre aux réfugiés d’effectuer leur demande d’asile dans le pays européen de leur choix et plaide pour une harmonisation des procédures. Pour autant, Volt est favorable à un système de répartition des demandeurs d’asile entre États membres en fonction de leurs capacités. Et pour les pays qui refuseraient de jouer le jeu de la solidarité, Volt est le seul parti à demander un système de sanctions.
Elle est également la seule formation à demander que l’UE reconnaisse dans son droit le statut de réfugiés aux victimes de la famine et aux réfugiés climatiques. L’intégration des migrants est un autre point sur lequel insiste Volt, préconisant la possibilité d’entrer sur le marché du travail dès le premier jour ou une reconnaissance facilitée des compétences. Autant de mesures qui bénéficieront aux économies européennes, avance le parti. Pour ce qui est des flux migratoires, Volt préconise de façon plutôt vague de les «gérer en dehors de l’UE». La «Déclaration d’Amsterdam», sur laquelle s’appuie Volt, ne comporte aucun point sur l’aide au développement.
Liste 7. Déi Gréng : responsabilité
Les migrations font partie de l’histoire de l’humanité et singulièrement de celle de l’Europe, constatent déi gréng dans leur programme qui s’avère particulièrement dense sur cette question. Les écolos se prononcent dès lors pour une UE «qui assume sa responsabilité humanitaire, assure le droit et l’accès à l’asile aux personnes en fuite». Hostiles à une Europe fermée qui contrôle les migrations en s’appuyant sur des dictatures, les verts plaident pour une voie légale permettant d’accueillir immigrés et demandeurs d’asile. L’UE a besoin d’immigrés, soutiennent déi gréng, qui estiment que l’Europe a tout à gagner à accueillir des migrants de toutes qualifications et pas exclusivement les plus diplômés. Toujours sur le terrain du travail, les écolos exigent une meilleure lutte contre l’exploitation des migrants en Europe, particulièrement dans les secteurs de l’agro-alimentaire et de la construction. Très concrètement, pour appuyer ce combat, ils demandent la mise en place de bureaux de plainte ouverts aux victimes d’exploitation.
Déi gréng militent pour la création de voie de migrations légales, pour un système de sauvetage des migrants en mer et contre les centres de masse fermés, tant sur le territoire européen qu’à l’extérieur. Comme les autres partis, les verts se prononcent pour davantage de solidarité entre États membres dans l’accueil des migrants, mais avance l’idée que les pays en faveur d’une approche humaine du problème puisse aller de l’avant sans les autres. Estimant qu’il faut combattre les causes de l’immigration et non les migrants, les verts préconisent une révision des accords commerciaux de l’UE avec les pays du Sud afin de rééquilibrer les échanges commerciaux et ne pas détruire l’agriculture de ces pays par les subventions versées à l’agriculture européenne. De même, ils appellent l’UE à mieux réguler ses multinationales afin qu’elles respectent les droits des travailleurs dans les pays du Sud où elles opèrent. La préservation de l’environnement est, selon déi gréng, une clé du développement.
Liste 8. LSAP : refonte de Dublin III
Dans le programme des socialistes, la question des migrations est abordée dans un chapitre consacré à la politique étrangère de l’UE, intitulé «l’Europe toujours pacifique». Le LSAP n’y développe pas de position de fond sur le sujet, il ne livre pas d’analyse sur les causes des migrations et n’expose pas sa sensibilité sur la façon dont il conviendrait ou non d’accueillir les candidats à l’immigration. Le programme, élaboré notamment sous l’égide de Nicolas Schmit, ministre de l’Immigration de 2009 à 2013, demande sans plus d’explication une «refonte du règlement de Dublin III», afin de garantir une meilleure répartition des migrants dans l’UE et réduire ainsi la pression pesant sur «certains États membres».
Tout aussi vague, le LSAP veut «une meilleure régulation européenne pour l’intégration des réfugiés». Pour ce qui est de l’aide au développement, le Parti socialiste préconise un plan européen reprenant l’Agenda 2030 adopté par les Nations unies en 2015 en faveur d’un développement durable. Il demande aussi que l’ensemble des États membres de l’UE consacrent au moins 7 % de leur RNB à l’aide publique au développement.
Liste 9. ADR : souveraineté
Pour l’ADR, il ne fait aucun doute que la défiance des citoyens vis-à-vis de l’UE trouve en grande partie son origine dans sa politique migratoire «incontrôlée» et il en veut grandement à Angela Merkel d’avoir, à l’été 2015, largement ouvert les frontières allemandes aux Syriens qui fuyaient la guerre. L’ADR attaque aussi la présidence luxembourgeoise de l’UE en 2015, qui a fait adopter, à la majorité et non à l’unanimité, le principe de répartition des demandeurs d’asile entre État membres, un système dont le parti souverainiste ne veut pas. Car pour lui, les politiques migratoires sont avant tout une question de souveraineté nationale et doit le demeurer. Tout en affirmant vouloir aider ceux qui sont persécutés, l’ADR est pour une application stricte des accords de Dublin auquel un État membre doit cependant pouvoir déroger dans le sens d’une plus grande fermeté.
Plaidant pour un renforcement des frontières extérieures par leur militarisation, le parti estime aussi qu’un retour aux contrôles au sein de l’espace Schengen doit être possible si un État l’estime nécessaire. Jugeant qu’il faut arrêter de présenter uniquement les aspects positifs de l’immigration, l’ADR rejette le Pacte mondial pour des migrations sûres adopté en décembre sous l’égide de l’ONU. Pour ce qui est de l’aide au développement, l’ADR reste évasif, estimant qu’une politique de coopération bien ciblée permettra de contenir les flux migratoires.
Liste 10. CSV : limité et ciblé
Le CSV rappelle tout d’abord que l’Europe est un continent d’immigration mais qu’il fut aussi un continent d’émigration quand les Européens fuyaient la pauvreté. Sans distinguer entre migrants économiques et demandeurs d’asile, le Parti chrétien-social prône un accueil ciblé et limité dans une «société européenne ouverte». Il demande des procédures légales permettant de limiter l’immigration aux étudiants, artisans et «travailleurs qualifiés» qui veulent «apporter une contribution positive à notre société». Pour le CSV, les migrants doivent s’intégrer en adhérant à «notre mode de vie, nos valeurs, nos principes et nos normes».
Le parti appelle à davantage de solidarité des États membres dans l’accueil des migrants, spécialement vis-à-vis des pays riverains de la Méditerranée qui en portent la plus lourde charge. Une allusion aux pays de l’Est qui ont refusé le mécanisme des quotas d’accueil, au premier rang desquels la Hongrie de Viktor Orban dont le parti Fidesz a été suspendu en mars du PPE, le groupe conservateur au sein duquel siège également le CSV au Parlement européen. Le CSV appelle à combattre les filières de passeurs et plaide en faveur du renforcement des frontières extérieures de l’UE. En matière d’aide au développement, il préconise une logique de «partenariat» et non de «dépendance» et se préoccupe surtout de la situation de l’Afrique confrontée à un développement démographique auquel l’économie ne peut pas faire face. Pour le CSV, la solution à ce problème passe avant tout par le développement du secteur bancaire…