L’organisation, du cœur, un physique au poil et un peu de réussite, cela fait des ravages. En 180 minutes à la maison, cette saison, la Vieille Dame n’avait pas encore pris de but. Il a suffi d’un centre et d’une remise, à la dernière seconde, pour ruiner tout un match presque parfait.
Ivo Vieira s’agace. On est bientôt à la pause et son Vitoria ne s’est pas créé une seule occasion dans le jeu, hormis sur deux ballons dégagés au poing par Sommer sur des centres lointains au deuxième poteau. Davidson, en pivot, a alors tiré au-dessus (12e) puis Rafa, d’un peu plus loin, visé à côté (24e). Amoah s’est aussi fait découper par la paire Steinbach-Duriatti (10e) mais puisque l’arbitre de la rencontre, le Suédois Bojan Pandzic, a jugé qu’il n’y a pas penalty, il faut se contenter d’une tête sur le poteau de Tapsoba (38e), sur corner.
Sommer n’aura eu que deux exploits à faire
On en est là de la soirée, à se dire que cette Jeunesse se défend astucieusement quand elle le peut, vigoureusement quand elle le doit, que les anticipations des défenseurs quand ils jouent en avançant, que la vivacité de Klica (qui oublie de frapper à la 45e, seul face à Miguel Silva), que les fulgurances techniques de Duriatti, pourraient même finir par devenir gênantes pour le Vitoria.
Bref, on est séduits et l’équipe portugaise embêtée. Elle va bientôt l’être encore plus quand, sur le point d’ouvrir le score à deux reprises juste avant de rentrer aux vestiaires, elle va lancer le match… de Kevin Sommer, auteur de deux parades réflexe sur sa ligne puis d’une sortie décisive dans les pieds de Davidson. Quand on ne parvient pas à faire plier une petite équipe, il est toujours mieux d’éviter de mettre le gardien adverse en confiance.
Rectification : au retour des vestiaires, c’est toute la Jeunesse qui l’est devenue. Todorovic sauve certes un ballon sur sa ligne après un centre en retrait et un tir de Joao Carlos (53e) mais c’est surtout Kouamé, le nouveau venu, qui se met à rayonner dans l’entrejeu, faisant admirer un sacré volume, une sécurité technique et une capacité à changer l’orientation du jeu assez appréciables. C’est sans doute pour cela que Nicolas Huysman a préféré faire ce petit mensonge, la veille, en affirmant qu’il débuterait sur le banc par respect pour ses coéquipiers qui se sont qualifiés sans lui. L’irrespect, au regard de son adaptation éclair aurait été de s’en passer.
Sommer, encore tout heureux de voir un tir croqué passer devant son but (66e), a commencé depuis longtemps à gagner du temps sur ses remises en jeu. L’exploit est de moins en moins loin, d’autant que le Vitoria perd lentement le fil et pas mal de ballons en phase de construction, devenant inoffensif dans les trente derniers mètres.
Et puis à la dernière seconde, un centre sans opposition, une remise de la poitrine, une reprise sans contrôle… et des regrets éternels. L’arbitre siffle sur le coup d’envoi, Nicolas Huysman explose le seau d’eau à côté de lui. Le rêve est passé ?
Julien Mollereau